Christopher Gygès : « On est fiers du bilan du Président »

Emmanuel Macron a officialisé sa candidature la semaine dernière à une quarantaine de jours de l’élection présidentielle. Dans le contexte particulier de la guerre en Ukraine, il devra trouver les moyens d’être également un candidat en campagne. Le rôle de ses équipes s’en verra amplifié, explique Christopher Gygès, coordonnateur de son comité de soutien en Nouvelle-Calédonie, qui revient de Paris.

DNC : Les comités de soutien sont-ils satisfaits de pouvoir enfin débuter cette campagne ? Saviez-vous précisément quand elle pourrait commencer ?

Christopher Gygès : Le Président avait de très grosses crises à gérer, entre la pandémie et la guerre en Ukraine. Il est allé au bout de ce qu’il pouvait faire en tant que Président à plein temps en déposant sa candidature dans les derniers jours. Il avait simplement indiqué qu’il avait encore des urgences à gérer. On sait qu’une déclaration à la présidence de la République relève d’un agenda très personnel et nous attendions donc que ce soit lui qui décide. Après, c’était effectivement très attendu. On est évidemment très contents de cette déclaration de candidature, cela nous permet de lancer réellement la campagne et, en ce qui nous concerne, de faire ce qu’il faut pour qu’il obtienne le meilleur résultat possible localement.

Est-ce une difficulté particulière de faire une campagne si courte ou plutôt un avantage ?

Ni l’un, ni l’autre. On s’était vraiment bien préparés à mettre en place les différents outils, à la fois pour défendre son projet pour la France et pour la Nouvelle-Calédonie. Ce timing ne change absolument rien et on va commencer nos meetings.

Et sur fond de guerre, de pandémie ?

La pandémie un peu moins parce qu’on en sort, même en Nouvelle-Calédonie, donc on va pouvoir faire une campagne à peu près normale. La guerre, en revanche, change beaucoup de choses. Emmanuel Macron l’a dit : « Je serai Président autant que je le dois et je serai candidat autant que je le peux. » Cela résume la problématique. Quand on gère une situation de guerre, c’est la priorité, et la responsabilité des comités locaux et des équipes de campagne sera d’autant plus importante que lui est mobilisé sur autre chose. À nous de nous bouger, à nous aussi de lui rendre ce qu’il nous a donné.

 

Il a fait bouger la France. »

 

Justement, il est accusé d’en profiter pour « enjamber » la campagne, éviter le bilan, le débat avec ses adversaires avant le premier tour. Qu’en pensez-vous ?

Je crois qu’il a été très clair. Il a dit qu’il ferait le bilan de son quinquennat. Il a déjà reconnu qu’il n’avait pas tout réussi, qu’il referait certaines choses différemment. Il a dit qu’il souhaitait associer davantage les Français dans sa politique en cas de réélection. Il a aussi été particulièrement clair sur le fait qu’il ne craignait pas le débat, il a d’ailleurs commencé à Poissy, avec une rencontre de type grand débat pendant que d’autres font des meetings en se faisant applaudir par des gens acquis à leur cause. Lui, il va à la rencontre des Français. En revanche, il ne souhaite pas, effectivement, avoir de débat avec ses concurrents avant le premier tour. Aucun de ses prédécesseurs ne l’a fait. Il y a 12 candidats, 11 contre lui, et ce serait la foire d’empoigne. On voit bien d’ailleurs qu’ils basent toute leur campagne sur cette opposition. Peut-on, en revanche, citer une proposition d’un de ces candidats ? Je n’ai pas réussi à en retenir… Dans les dernières campagnes, on avait quand même des propositions. Là, c’est simplement « faire partir Macron ». Ce n’est pas très sérieux.

La question lui a été posée : est-ce que le match est plié dans ce contexte de guerre où les gens peuvent craindre le changement, où il y a moins de place pour la campagne ? On voit pour l’instant que cette situation lui sert plutôt…

Personne n’avait prédit l’arrivée au deuxième tour de Jean-Marie Le Pen en 2002. En Nouvelle-Calédonie, on nous avait prédit 70-30 au référendum donc non, le match n’est jamais plié d’avance. Et on a eu l’occasion de voir les équipes de campagne en Métropole, elles sont mobilisées comme jamais. Et notamment pour aller porter le bilan. Parce qu’on est fiers du bilan du président de la République, en Métropole et en Nouvelle- Calédonie. Moi qui l’ai soutenu depuis 2017, je suis fier de mon vote parce qu’il a fait bouger la France avec des ordonnances sur le travail, la loi Pacte, etc. Mais je pense qu’il lui faut encore un quinquennat parce qu’il a quand même eu les Gilets jaunes, la crise sanitaire et maintenant la guerre.

Emmanuel Macron à Poissy, lundi, pour sa première sortie de campagne.

 

La France, l’Europe n’ont pas vu venir cette guerre et n’ont pas réussi à la prévenir. Il est aussi compliqué de peser sans intervenir sur le terrain. Comment analysez- vous cette gestion par le Président ?

Je crois que sa position est extrêmement équilibrée. Dans son intervention face aux Français, il a bien dit que la France n’est pas en guerre. Qu’il faut imposer des sanctions fortes à la Russie et il distingue bien Vladimir Poutine du peuple russe. Et puis Vladimir Poutine a réussi une chose extraordinaire, c’est de faire marcher l’Europe, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. Là, l’Europe fonctionne de manière très forte et unie, la coopération internationale également. On voit que la Chine rentre peu à peu dans le jeu. Il y a un travail quotidien du président de la République pour avoir une réponse coordonnée. Je crois que le job est fait. Après il faut comprendre une chose : le Président gère les affaires internationales et il est aussi le chef des armées. Je crois qu’il faut que chacun s’interroge pour savoir qui il souhaite voir discuter avec Vladimir Poutine. Quand on regarde juste cela, le choix peut être vite fait.

 

Je crois qu’il faut que chacun s’interroge pour savoir qui il souhaite voir discuter avec Vladimir Poutine. »

 

Sur quelles thématiques sa campagne sera-t-elle axée ?

Il lui tient à cœur de projeter la France pour son prochain quinquennat. Une élection à la présidence de la République n’est pas une liste de propositions, c’est une ambition et je crois que les quatre pactes qu’il a pu distinguer : le pacte européen, le pacte républicain, le pacte générationnel et le pacte productif permettront au cours de la campagne de détailler les projets qu’il a pour la France dont la Nouvelle-Calédonie fait partie. Il y aura un projet pour la Nouvelle-Calédonie, les Calédoniens recevront très prochainement une lettre qui le détaille.

Comment va s’articuler la campagne localement ?

Nous ferons campagne sur ce projet global et sur le bilan pour la France et pour la Nouvelle-Calédonie. Jamais un gouvernement n’a fait autant pour la Nouvelle-Calédonie et je crois qu’il faut juste être reconnaissant, au-delà de tout aspect national. Tout le monde, même ceux qui n’étaient pas forcément macronistes à la base, reconnaissent que le travail qui a été fait est remarquable. Mais il y a aussi un travail réussi au niveau national. Le taux de chômage est en baisse, la France est devenue le pays le plus attractif d’Europe en termes d’investissements, on a vu des renforcements de l’apprentissage, tout cela mérite d’être défendu aussi localement.

 

Propos recueillis par Chloé Maingourd (© C.M. et Ludovic Marin/AFP)

Une première réunion publique est organisée mercredi 16 mars au centre socioculturel de La Foa.

 


En tête des parrainages

Emmanuel Macron a obtenu le plus grand nombre de parrainages d’élus calédoniens. Il totalise 23 présentations de représentants des Républicains calédoniens, Générations NC et Calédonie ensemble.

Valérie Pécresse le suit avec 14 parrainages du Rassemblement-Tous Calédoniens.

Jean-Luc Mélenchon totalise 11 soutiens de l’Union calédonienne, de l’Union nationale pour l’indépendance (Jean-Pierre Djaïwé, Louis Mapou) et de l’Éveil océanien (Milakulo Tukumuli, Veylma Falaeo).

Yannick Jadot est soutenu par l’élue FLNKS du Sud Amandine Darras, Marine Le Pen par Guy-Olivier Cuénot (Rassemblement national) et Éric Zemmour par Brieuc Frogier (Avenir en confiance).

Philippe Poutou a reçu le soutien de trois élus dont Roch Wamytan.

Un total de 54 parrainages contre 52 en 2017. Les élus non indépendantistes avaient à l’époque soutenu François Fillon (20), hormis Sonia Lagarde qui avait parrainé Alain Juppé. Et 28 indépendantistes avaient apporté leur signature au leader indépendantiste Oscar Temaru qui n’avait pas pu se présenter. Ils avaient ensuite suivi le Parti socialiste.

 


Douze candidats

 

Le Conseil constitutionnel a validé 12 candidatures pour le premier tour de l’élection présidentielle, le 10 avril. Comme en 2017. On trouvera Emmanuel Macron (La République en marche), Valérie Pécresse (Les Républicains), Marine Le Pen (Rassemblement national), Éric Zemmour (Reconquête !), Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), Anne Hidalgo (Parti socialiste), Yannick Jadot (Europe écologie-Les Verts), Fabien Roussel (Parti communiste français), Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), Jean Lassalle (Résistons !), Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste) et Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France).

 

C.M. (© JoÎl SAGET and Eric Feferberg/AFP)