Voile : « C’est un projet humain, on est amies dans la vraie vie »

Sur les vingt-et-un bateaux qui prendront le départ de la Groupama Race le dimanche 19 juin, un seul possède un équipage 100 % féminin. Sponsorisé par la marque Dove, Défi des filles embarque avant tout à son bord une belle bande de copines.

Si la voile est un sport à prédominance masculine, les choses bougent petit à petit sur le Caillou. Parmi les 160 marins qui vogueront autour de la Grande Terre à l’occasion de la Groupama Race (lire ci-dessous), on compte 28 femmes, soit environ 17 % des participants. C’est mieux que lors de la dernière édition, en 2018, où elles représentaient 10 % des navigateurs, et de la première, dix ans plus tôt, où elles n’étaient qu’une poignée.

Cette évolution des mentalités, on la doit en partie à Christine Gaillard et Sandrine Gravier, cofondatrices de l’association Défi des filles en 2010, qui organise chaque année la No Woman No Sail, une compétition réservée aux femmes. C’est toujours dans cette volonté de « développer la pratique féminine de la voile sportive » qu’elles ont participé, en 2018, à leur première Groupama Race ensemble, avec un équipage entièrement composé de filles. Elles avaient notamment fait équipe avec la skippeuse australienne professionnelle Lisa Blair, qui a une solide expérience en solitaire.

Trois novices

Quatre ans plus tard, si l’équipe a été quelque peu remodelée, la volonté de naviguer entre femmes est restée intacte. « C’est un projet humain. On est amies dans la vraie vie et on partage des choses en dehors de la voile », explique Sophie Barbier qui, comme Laura Maire et Alizée Angibaud, prendra part à son premier tour de la Nouvelle-Calédonie à la voile.

Les quatre autres ont, quant à elle, déjà une ou plusieurs Groupama Race (GR) à leur actif. Céline Kaltenmark et Shirley Gervolino ‒ la plus expérimentée du groupe, elle a participé à une Sydney-Hobart et à presque toutes les éditions de la Groupama ‒ étaient notamment ensemble sur Eye Candy en 2018.

« On aimerait bien faire un podium »

Une bande de copines, certes, mais aussi des régatières : « Notre but, c’est de performer. On aimerait bien faire un podium en temps compensé », confie Christine Gaillard, qui réalisera sa cinquième GR. Un résultat qu’a déjà connu leur bateau, Boulègue.

Ce Young 9.9 de 10,3 m de long, alors skippé par son propriétaire Vincent Trinquet, était parvenu à se hisser à la deuxième place de sa catégorie en 2016. Une embarcation qu’elles apprivoisent depuis février à raison d’une sortie en mer par semaine minimum, notamment lors des traditionnelles régates du mercredi, qui se courent entre la baie de la Moselle et l’île aux Canards.

Autre objectif pour les ambassadrices de Dove, passer la ligne d’arrivée avant leurs concurrentes de Snatch n’ Furious, qui vogueront sous le pavillon de la marque U by Kotex. À son bord, cinq filles et deux gars, seul autre équipage à majorité féminine de la flotte. « Il y a une petite rivalité, mais ça reste bon enfant », sourit Sophie Barbier. Un duel qui promet à coup sûr quelques rebondissements.

 


La Groupama Race en quelques chiffres

En 2018, l’équipage franco-néo-zélandais de Miss Scarlet, mené par Franck Cammas, était arrivé le premier.

 

21 équipages participeront à cette 7e édition du tour de la Nouvelle-Calédonie à la voile. Parmi ces bateaux, quatre viennent d’Australie et de Nouvelle-Zélande, dont Antipodes, le plus grand monocoque de la flotte avec ses 22 m de long. C’est bien moins que lors de la dernière édition, en 2018, où la moitié des participants étaient étrangers. Et, c’est une nouveauté, quatre bateaux embarqueront seulement deux marins à leur bord.

 

19 juin, à 10 heures. La ligne de départ sera située devant la baie des Citrons. Les bateaux partiront en direction du phare Amédée avant de s’élancer vers la côte Est. Le parcours passe ensuite au nord de Bélep pour redescendre la côte Ouest jusqu’à l’entrée de la baie de la Moselle, qui symbolise la ligne d’arrivée. Soit environ 1 500 km à vol d’oiseau.

 

2 jours, 33 minutes et 12 secondes. C’est le record établi en 2016 par le trimaran de 18 m Vodafone, skippé par le Kiwi Simon Hull. Un record qui sera difficile à battre tellement les conditions météorologiques lui avaient été favorables, permettant à l’Orma 60 — avec lequel Michel Desjoyeaux avait remporté la Route du rhum — de ne jamais avoir à subir un vent de face. Sur la côte Ouest, il avait même bénéficié de 25 nœuds de vent de moyenne, ce qui lui avait permis de faire une pointe de vitesse à 32 nœuds (60 km/h).

 

Titouan Moal (© Kreatica/Boris Colas)