« C’est dommage pour les entreprises locales, mais on comprend »

Les syndicats auraient aimé davantage de « transparence » et ne pas apprendre « par la presse » l’arrivée de 300 travailleurs indiens. Ils regrettent également cette perte pour l’emploi local, mais dans leur majorité, assurent « comprendre » la décision de la direction.

Si le projet Lucy n’est pas bouclé avant fin 2023, prévient la direction, l’usine devra s’arrêter faute de pouvoir stocker ses boues résiduelles. Ce risque est pris très au sérieux par les syndicats.

Pour Léonard Wahmetu (USTKE) (photo), « l’urgence, c’est KO2, car la production monte en puissance ». « Le bassin se remplit à vue d’œil », confirme Otis Mao. Chez Solidarité NC, « on comprend que la direction fasse appel à la main-d’œuvre étrangère, car on sait qu’ils vont travailler du lundi au samedi, comme les Philippins à l’époque ». Les salariés de la société indienne SFE travailleront 60 heures par semaine, le maximum légal, via une dérogation accordée par l’administration. « On n’a pas trop le choix, on est pris par le temps, insiste Otis Mao. On pense évidemment aux entreprises locales, mais si leurs dossiers ne donnent pas satisfaction… »

« Les jeunes d’ici cherchent du travail »

Sur ce point, Grégoire Ouary (SGTINC) est dubitatif. « Ont-ils laissé le temps aux entreprises de répondre à l’appel d’offres dans un délai convenable ? De rectifier le tir si nécessaire ? » Puisque les emplois ne sont pas présentés comme hautement techniques, le SGTINC regrette le recours aux salariés étrangers. « Les jeunes d’ici cherchent du travail. Si on ne les prend pas en compte, on ne va pas s’en sortir. Et il ne faut pas oublier que beaucoup d’entreprises du BTP ont été contraintes de licencier ces dernières années. »

Grégoire Ouary, délégué syndical SGTINC.

 

« On est alertés par nos salariés du bâtiment, qui s’inquiètent pour leur sort », insiste Léonard Wahmetu (USTKE), pour qui l’arrivée des travailleurs indiens, au-delà des questions de délai, est « forcément liée à une histoire de coût de la main-d’œuvre ».

Locaux-étrangers : une répartition « correcte »

Alexis Falematagia, délégué syndical du Soenc nickel, en a eu confirmation lors de sa rencontre avec la direction, vendredi 22 avril. « Ce n’était en aucun cas un problème de compétences non disponibles localement. Donc c’est dommage pour les entreprises calédoniennes, mais nous, on ne va pas bloquer ces Indiens, on comprend le choix de la direction. »

Alexis Falematagia, délégué syndical Usoenc à Prony Resources.

 

Le « manque de transparence » avait hérissé le Soenc nickel dans un premier temps, les informations complémentaires l’ont apaisé. La répartition des quelque 900 postes du projet Lucy – 70 % locaux et 30 % étrangers – est jugée « correcte », alors même qu’il était question de 80-20 au début du projet. « Ça nous rassure, c’est beaucoup mieux que le 50-50 que l’on craignait ces derniers temps. »

 

Gilles Caprais (© Archives G.C.)