Ce qu’il faut savoir sur le confinement adapté

Alors qu’il est en place depuis lundi, le fonctionnement du confinement adapté n’en est pas pour autant tellement plus clair et renferme quelques subtilités. Il va de pair avec la mise en place du pass sanitaire, le principal changement. Explications.

 

Ce n’est pas un déconfinement

Yannick Slamet, porte-parole, et Christopher Gygès, membre du gouvernement, n’ont eu de cesse de le répéter lors des points presse successifs depuis la semaine dernière. Les mesures d’adaptation du confinement ne signifient pas déconfinement.

Il est à nouveau possible de se rendre dans l’ensemble des commerces, les marchés et les transports (Raï, Tanéo et transports scolaires). Les loisirs nautiques individuels (paddle, planche à voile, etc.) peuvent reprendre, ainsi que les activités collectives en milieu ouvert et les rassemblements (amicaux, pour les cultes ou les cérémonies coutumières), qui sont limités à 10 personnes. La chasse et la pêche de subsistance sont également autorisées.

C’en est aussi fini des attestations de déplacement, qui reste cependant limité à trois heures dans un rayon de 10 km (au lieu de une heure dans un rayon d’un kilomètre).

Le port du masque est obligatoire, le couvre- feu est décalé de 21 heures à 22 heures et jusqu’à 5 heures, les gestes barrière doivent être respectés et le télétravail privilégié.

 

Ce qui reste interdit

Les nakamals, les bars et discothèques, les grands rassemblements, les cinémas, les salles de jeux, les salles de spectacle, la navigation de plaisance et les clubs sportifs ou activités sportives en milieu fermé.

 

Mise en place du pass sanitaire

Le pass sanitaire, qui peut être demandé en mairie (avec pièce d’identité et carnet de vaccination) ou sur le site masante.gouv.nc, permet à ceux qui ont un schéma vaccinal complet (il faut attendre sept jours après la deuxième dose pour un vaccin ARN de type Pfizer et Moderna et 28 jours avec le Janssen), présentent un test négatif datant de moins de 72 heures (les autotests sont valides) ou un certificat de rétablissement du Covid, d’accéder à certains lieux : restaurants, salles de sports commerciales et installations sportives dont l’accès est contrôlé (clubs de tennis et de golf, Boucles de Tina, etc.), musées et établissements culturels, prestations de services à la personne et transports domestiques aériens et maritimes. Il concerne les plus de 18 ans.

 

Pourquoi ?

Le pass permet un début de retour à une vie quasi normale en autorisant l’accès de certains lieux aux personnes vaccinées comme les restaurants et les musées. Il a pour objectif de les interdire aux personnes qui ne le sont pas, et donc de les inciter à se faire vacciner.

 

Pour qui ?

Dans un premier temps, si le pass sanitaire s’impose aux clients, ce n’est pas encore le cas des salariés des établissements qui rouvrent au public, afin de leur laisser du temps pour se faire vacciner.

 

Des sanctions

Des contrôles sont assurés et les sanctions encourues peuvent être lourdes. Pour les établissements, une mise en demeure au premier manquement et une fermeture administrative de sept jours au deuxième sont prévues et, pour les usagers, des amendes allant de 16 000 à 450 000 francs en cas de récidive.

 

Les bizarreries du pass

La baignade est interdite mais le paddle autorisé ? L’idée est d’éviter les regroupements sur la plage et dans l’eau. Gilbert Tyuienon l’a précisé lors du point presse de lundi, « la baignade reste interdite, les plages ne sont donc pas autorisées ». Les activités nautiques, comme la plongée ne peuvent d’ailleurs pas reprendre. Idem pour la pêche. Celle de subsistance est possible, mais pas celle de loisir. Concernant le sport, les salles sont à nouveau accessibles mais pas les salles omnisports. « Car aucun contrôle n’y est effectué à l’entrée », a indiqué Christophe Gygès.

Le couac dans la communication autour de l’âge à partir duquel le pass est obligatoire – Gilbert Tyuienon évoquait 12 ans lundi alors que c’est 18 ans, en lien avec l’âge de l’obligation vaccinale – est assez révélateur de ce flou qui entoure les limites de son application.

 

Pour combien de temps ?

La situation est réévaluée en permanence par les pouvoirs publics, qui doivent ailleurs annoncer en cette fin de semaine la prolongation du confinement adapté actuel, son assouplissement ou bien son durcissement. Et ce, en fonction de trois indicateurs : la saturation des structures hospitalières, le taux d’incidence et le taux de vaccination. Si les deux derniers évoluent positivement, le service de réanimation du CHT est toujours à la limite de la saturation et le taux d’incidence reste trop élevé dans la zone du Grand Nouméa.

 

En Métropole et ailleurs

Le fonctionnement du pass calédonien s’inspire amplement de ce qu’il se fait en Métropole, où il est exigé depuis le mois d’août à l’entrée des bars, des restaurants, de certains centres commerciaux, des hôpitaux, des maisons de retraite ou pour effectuer des voyages en train ou en avion. En Europe, d’autres pays s’y sont essayés. Le Danemark a été le premier à expérimenter le « coronapass » en avril pour se rendre au musée, aller à un concert ou dans une salle de sports. En Italie, le « green pass » a suscité davantage de résistance. Il doit être présenté, depuis le mois d’août, pour s’attabler aux bars et restaurants ou pour aller au cinéma. Au Royaume-Uni, le gouvernement de Boris Johnson a finalement renoncé à son projet d’introduire un passeport vaccinal pour accéder aux discothèques et aux endroits très fréquentés, estimant qu’il n’était plus nécessaire en raison du succès de la campagne de vaccination.

 


 

L’opposition contre l’obligation vaccinale mobilise

Les manifestations contre l’obligation vaccinale se multiplient ces derniers temps. Près de 300 personnes ont défilé à Tadine à Maré vendredi dernier. Une marche organisée quelques jours après l’annonce par le grand chef du district de Guahma, Henri Dokucas Naisseline, de sa décision de stopper la campagne de vaccination dans son district qui, selon lui, prive « des droits fondamentaux », préférant laisser libre choix à chacun de se faire vacciner ou non. À Ouvéa, une centaine de manifestants se sont mobilisés entre Banutr et Fayaoué contre le même sujet mardi.

Crainte de licenciements

Le MOI, Mouvement des Océaniens indépendantistes, s’est exprimé contre, affirmant « la liberté vaccinale pour chaque Calédonien » et demandant le retrait du texte.

Les syndicats de salariés sont aussi très impliqués. À l’image du SGTINC, à la SLN, qui a manifesté plusieurs fois devant l’entreprise avec des slogans du type « libre de choisir », sachant que les employés de l’entreprise minière doivent se faire vacciner avant la fin du mois.

Ce que craignent les syndicats ? Des attaques envers les travailleurs qui, selon eux, subissent des pressions depuis plusieurs semaines. « On le répète, on n’est pas contre le vaccin mais contre l’obligation vaccinale, rappelle le secrétaire général en charge du commerce de Solidarité NC. Cette mesure, dont on demande le retrait, joue contre les travailleurs, les reclassements sont difficiles, donc on craint les licenciements. » Solidarité NC organise des débrayages depuis plusieurs jours pour se faire entendre comme ce mercredi matin, les adhérents de la section maritime de Prony Ressources ont débrayé pendant 55 minutes, obligeant le bateau à rester à quai. D’autres sont prévus cette fin de semaine, notamment devant les mairies de La Foa et de Nouméa.

De son côté, la manifestation envisagée par CSTC-FO lundi dans le cadre de son appel à la grève illimitée ayant été interdite par le haut-commissariat est reportée au lundi 18 octobre.

 

Anne-Claire Pophillat (© C.M. et A.-C.P.)