Simon Mery, expert de la division santé et protection sociale de l’Agence française de développement (AFD), était en mission sur le territoire la semaine dernière. Objectif : aider la Nouvelle-Calédonie à répondre aux nombreux défis qu’elle doit relever dans le secteur de la santé.
- POURQUOI CE DÉPLACEMENT ?
La visite de Simon Mery, responsable d’équipe projet au sein de la division santé et protection sociale à l’AFD, avait trois objectifs : tout d’abord, prendre la température avec les différents acteurs de la santé. « Ça fait plusieurs années qu’une mission n’avait pas eu lieu sur le territoire. Il semblait nécessaire d’en renouveler une de ce type. » Notamment pour recréer du dialogue, du lien, mais aussi pour identifier les besoins et les perspectives. « Il s’agissait de travailler sur l’identification des besoins de financement et de projets que l’on pourrait accompagner. »
Enfin, ce déplacement consistait à suivre l’accompagnement financé par l’AFD auprès du gouvernement sur la réforme structurelle du système de santé. « Notre rôle était de voir si l’appui qui a été porté aux autorités pour réaliser les réformes qu’elles souhaitent a été rempli et de bonne qualité », précise l’expert.
- QUEL EST LE CONSTAT ?
Les acteurs de la santé partagent des préoccupations communes : un besoin réel dans les ressources humaines, qu’il s’agisse des professionnels médicaux, paramédicaux ou le secteur du social. « On a des initiatives, portées par les collectivités ou les établissements, assez innovantes pour essayer de trouver des solutions. Par exemple, le développement de la télémédecine, de la téléconsultation. »
Des besoins en termes d’investissement, de renouvellement de matériel… Les professionnels de la santé ont également la volonté de travailler sur une meilleure coordination. Objectif : dégager de nouvelles capacités pour investir et répondre au mieux aux besoins des Calédoniens. Leur état de santé, et en particulier le « fardeau des addictions », fait également partie des enjeux identifiés. « On nous a beaucoup parlé de l’alcoolisme, de l’obésité qui va, sur le long terme, nécessiter des actions qu’elles soient sanitaires, curatives et en termes de prévention. »
Dans le cadre de la restitution de l’étude Bien vieillir, Simon Mery a discuté avec les acteurs du médico-social. Il en ressort des besoins importants. « La population qui vieillit a tendance à basculer dans la dépendance. Il y a la nécessité d’envisager de construire des nouveaux modes de prise en charge qui ne doivent probablement pas être calqués sur ceux de la Métropole qui sont aujourd’hui aussi remis en question. » Il s’agit plutôt de trouver des solutions et des moyens pour permettre aux personnes de rester à domicile.
- COMMENT L’AFD PEUT INTERVENIR ?
Dans les territoires d’outre-mer, l’institution intervient majoritairement sous la forme de prêts. « Pour les acteurs privés et publics non lucratifs, l’AFD a la possibilité d’intervenir sous la forme de prêts bonifiés, c’est-à-dire en utilisant des leviers qui permettent de réduire le taux d’intérêt pour les partenaires », explique l’expert. Ces dernières années, l’AFD a participé à la reconstruction de l’ensemble des opérateurs sanitaires. « On est très attentifs sur le renouvellement de ces outils de production de soins : si les établissements sont neufs, ils commencent à avoir des besoins. Ne serait-ce que sur l’entretien des bâtiments, le renouvellement du matériel… », expose Simon Mery.
Les tensions qui existent sur les dépenses de santé engendrent des difficultés à changer ces équipements. « L’AFD pourra être aux côtés des établissements. Néanmoins, il y a un véritable enjeu pour nous d’assainir leur situation financière au cours du temps afin de pouvoir renouveler leurs équipements et se projeter. »
- QUELLE EST SA CONTRIBUTION DANS LA RÉFORME DU SYSTÈME DE SANTÉ ?
L’AFD n’est pas seulement une banque. Elle possède une activité de prêt mais aussi d’appui-conseil. Grâce au fonds Outre-mer, elle a participé au financement d’une mission sur deux ans afin d’accompagner le lancement de la réforme structurelle du système de santé calédonien.
Celle-ci, qui découle du plan Do Kamo, doit contribuer à assurer la soutenabilité du système de protection sociale. « C’est un accompagnement sur la gouvernance et la mise en place d’outils de pilotage des dépenses d’assurance maladie et de prévention. » Pour l’instant, l’appui a permis de répondre au cahier des charges qui avait été fourni selon Simon Mery.
- QUELS PROJETS A-T-ELLE ACCOMPAGNÉ ?
Ces dix dernières années, l’AFD a participé au financement de l’ensemble des investissements hospitaliers : construction du Médipôle et du Logipôle, du Centre hospitalier du Nord, du Centre hospitalier spécialisé ainsi que du Pôle hospitalier privé. Son activité s’est élargie au secteur médico-social avec plusieurs accompagnements tel que l’Ehpad de Tina.
Edwige Blanchon