L’Autorité de la concurrence vient de rendre son avis sur le fonctionnement de l’aérien. L’instruction, commencée fin 2019, a été interrompue en raison de la crise Covid. Elle a repris cette année, en même temps que le trafic. L’ACNC préconise la refonte du secteur afin de faire baisser les prix et de proposer de nouvelles destinations.
CONSTAT
Trop de subventions
Le secteur, « très complexe », est géré par de nombreux partenaires (État, Nouvelle- Calédonie, provinces, compagnies aériennes, agences de voyages…), ce qui ne facilite pas un « pilotage commun », note l’Autorité de la concurrence. Il repose « essentiellement sur le subventionnement » et les compagnies locales sont « quasi-exclusivement à capitaux publics ». Parallèlement, les aides aux passagers (continuité territoriale, continuité pays…) ne sont pas assez contrôlées.
Manque d’efficacité et concurrence des îles du Pacifique
L’Autorité relève l’inadaptation des 11 aéro- dromes domestiques, dont les pistes sont inférieures à 1 500 mètres, « ce qui empêche l’exploitation à pleine capacité des ATR72-600 d’Air Calédonie ». Et Magenta et La Tontouta sont distants de 45 kilomètres, « ce qui restreint les possibilités de correspondances entre l’extérieur et les îles ».
À l’international, le territoire subit « une forte concurrence régionale » de la part des îles Cook, Fidji, Polynésie, Vanuatu…
Pas de low-cost et des coûts élevés
Par ailleurs, il n’existe pas d’offre low-cost, le coût des long-courriers desservant l’île est élevé, Aircalin a davantage de frais fixes en raison « de sa taille modeste et de la faible utilisation de ses avions », et l’utilisation de l’aéroport de La Tontouta revient cher étant donné le « faible nombre de rotations quotidiennes ».
Enfin, au départ de Nouméa, la position « très largement dominante » d’Air-calin ne permet pas de faire jouer les prix.
RECOMMANDATIONS
Fusionner en une seule compagnie
Mais, le ciel peut s’éclaircir, affirme l’Autorité de la concurrence, qui formule, pour y parvenir, plusieurs recommandations, la priorité étant une profonde refonte du système et la mise en œuvre d’une « stratégie aérienne globale ».
Parmi les chantiers suggérés : à court terme, la fusion d’Air Calédonie et d’Air Loyauté pour la desserte intérieure et, à plus long terme, la création d’un groupe unique avec Aircalin afin « d’unifier la gouvernance, réaliser des économies d’échelle et faire baisser » la valeur des billets.
Il pourrait être adossé à une « major » internationale afin de bénéficier de synergie, d’élargir les dessertes, la gamme de prix et les destinations.
Proposer des tarifs attractifs
L’Autorité conseille aux compagnies de proposer des tarifs de base attractifs avec des suppléments optionnels tarifés (bagages, repas…), de participer à un accord de « ciel ouvert », ce qui permettrait d’ouvrir à de nouveaux opérateurs, et de faire partie d’une alliance type Skyteam.
Et pour rendre un « meilleur service aux passagers », créer un code-share entre Aircalin et Air Calédonie (c’est désormais chose faite, lire par ailleurs), prévoir des compensations en cas de vols annulés ou retardés, et des indemnisations pour perte de bagages.
Contrôler et conditionner les aides
Enfin, l’institution insiste sur deux points : rationaliser les infrastructures et assurer les correspondances entre vols internationaux et domestiques (l’ACNC suggère de réaliser une étude sur le regroupement des activités aériennes de Magenta vers La Tontouta).
Selon elle, il faudrait aussi contrôler l’attribution des aides publiques aux entreprises, « veiller à l’existence d’une saine concurrence », et instaurer un régime unique d’aide aux passagers conditionné « à un niveau de revenus ».
Anne-Claire Pophillat
© Archive Kurt Ams et Aircalin