La CCI, Chambre de commerce et d’industrie, a présenté cette semaine son PSD, plan stratégique de développement, pour la mandature 2015-2019. Dans un contexte économique tendu, la nouvelle équipe consulaire entend redonner confiance aux entrepreneurs, développer son propre champ d’action et favoriser la diversification de l’économie.
Photo (de g. à dr.) Guillaume La Selve, Jennifer Seagoe et Pierre Kolb.
Les axes de développement de la CCI ont été évoqués lors de la campagne des élections de 2014, affinés ensuite par le biais d’une enquête auprès de ses ressortissants et d’un séminaire. « L’idée générale est de retrouver l’esprit pionnier qui a fait de la Nouvelle-Calédonie une terre d’entrepreneurs et qui est aujourd’hui freiné par un contexte économique difficile et une réglementation complexe, a résumé la présidente, Jennifer Seagoe. C’est de travailler au plus près des entreprises et d’innover. »
Faciliter le travail
Pour donner un nouvel élan à cet esprit pionner, l’une des priorités est de libérer les entreprises de la « lourdeur administrative qui les étouffe » en facilitant les démarches. Cela pourrait notamment se faire par la mise en place d’un guichet unique, pour pouvoir effectuer ses formalités en un seul lieu, ainsi que par la dématérialisation administrative sur Internet. En termes de financement, l’idée serait de favoriser les modes participatifs et solidaires via le réseau Business Angels ou encore le crowdfunding.
La CCI entend par ailleurs lutter contre un autre problème : l’isolement des chefs d’entreprise. Il s’agirait en particulier de miser sur des groupements comme les clusters, ou grappes d’entreprises, afin de mutualiser les moyens, favoriser les opportunités économiques, la compétitivité et l’innovation.
Autre constat, « les entreprises se créent mais beaucoup périclitent dans les trois ou cinq ans après leur création ». Pour une plus grande stabilité dans le temps, il est prévu de renforcer l’accompagnement personnalisé et itinérant (visites des entreprises). Selon la CCI, le développement des sociétés doit aussi passer par le renforcement des échanges dans la zone Pacifique et donc la facilitation de l’export.
Diversifier l’économie
Plus globalement, la Chambre entend se mobiliser pour que l’on sorte du « tout- nickel » en insistant sur le tourisme. « C’est une vraie opportunité, il faut réussir à attirer et à fidéliser nos touristes », avance Guillaume La Selve, vice-président. La CCI, qui accompagne 200 structures, entend œuvrer pour dynamiser et valoriser en particulier le tourisme de croisière. Logique, le territoire pourrait accueillir près d’un million de croisiéristes en 2020, avec des retombées économiques de 13,6 milliards de francs. Parmi les idées avancées, l’amélioration de l’accueil et des services disponibles (banques, guides, tours, …), la relance de l’investissement public pour l’aménagement de structures et faire de Nouméa – deuxième port français pour les croisières – un véritable port d’attache et de départ en imaginant, par exemple, des programmes plus courts en bateau vers les îlots, les Loyauté et même le Vanuatu.
Et puis avec une zone de 1 346 000 km2 de ZEE, il est indispensable, selon la CCI, d’identifier des filières innovantes autour de la mer : biotechnologies bleues, énergies marines renouvelables, gisements possibles de pétrole et de gaz, tourisme littoral…
Les différents axes du plan stratégique de développement ont été priorisés et chaque projet fera l’objet d’un suivi annuel, fait savoir la Chambre, qui tient à préciser que « chaque projet est fiable et faisable ».
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Cap sur l’aérien et la gare maritime
La Chambre souhaite élargir son champ d’expertise dans la gestion des plates-formes aéroportuaires de Lifou et de Koné en plus de celles de Tontouta, Magenta et l’île des Pins. Il s’agirait d’uniformiser la réglementation, le service rendu au public, le pilotage économique dans une volonté d’apporter « une gestion saine de l’ensemble des aéroports du pays ». Elle vise également la reprise de la gestion et de l’exploitation de la gare maritime de Nouméa, après avoir été sollicitée par la province et le port autonome. Ce projet permettrait, dit-elle, « de poser la première pierre d’un circuit structuré d’accueil pour les croisiéristes » et peut-être d’imaginer, dans le futur, l’ouverture d’autres ports en Nouvelle- Calédonie où les touristes pourraient s’arrêter. Ces projets aériens et maritimes sont à l’étude mais la gare maritime pourrait changer de main début 2016.
Faire entendre la voix des ressortissants
Soutenir les chefs d’entreprise, c’est aussi porter leur voix auprès des décideurs, une voix qui « arrive souvent trop tard » selon la Chambre qui vise à devenir un « pôle d’expertise économique influent ». Elle entend faire venir des experts sur des sujets phare, proposer davantage d’éclairages, assurer le dialogue entre les entrepreneurs et les institutions.
Attention à la formation
Pour contribuer au développement de la Nouvelle-Calédonie, et anticiper son évolution, la CCI prône la qualification d’un plus grand nombre de jeunes et des qualifications mieux adaptées à l’évolution des métiers. Mais elle s’inquiète des coupes budgétaires régulièrement effectuées sur la formation. « La formation ne peut pâtir des enjeux budgétaires », regrette Jennifer Seagoe, qui demande le soutien des institutions.
C.M.