Calédonie ensemble en quête d’hégémonie

Quelques semaines après l’installation de Philippe Germain à la présidence du gouvernement, à quelques jours d’un Comité des signataires extraordinaire convoqué à Paris par le Premier ministre et en pleine polémique liée à l’affaire des collaborateurs, Calédonie ensemble a organisé le week-end dernier un conseil politique avec deux objectifs : resserrer les boulons en interne et afficher une image d’unité et de détermination vis-à-vis de ses adversaires.

Objectivement le moment a plutôt été bien choisi et a permis à Philippe Gomès et à ses commensaux de défendre bec et ongles les positionnements du parti sur tous les sujets qui fâchent. Que l’on ne s’y trompe pas, le député de la seconde circonscription n’a pas épargné ses efforts pour justifier ses alliances (évidement sans contrepartie) et pour clouer au pilori ses opposants du Front pour l’unité et de l’Union pour la Calédonie dans la France.

Les arguments sont les mêmes depuis des mois, mais il convenait sans doute de les répéter avec force devant des militants certes convaincus mais ébranlés, pour certains d’entre eux, par la proximité affichée notamment avec le Palika mais aussi à la suite des déclarations récentes d’un Daniel Goa qui ne dément plus désormais sa grande et forte proximité avec Philippe Gomès sur le dossier nickel.

Un message aussi à destination des électeurs de Calédonie ensemble qui sont dans leur très grande majorité partisans d’un maintien sans concession de la Nouvelle-Calédonie dans la République et ont d’ailleurs été séduits depuis 2012 par les assurances viriles du parti en la matière, assurances qui reposent pourtant plus sur des mots que sur des actes.

Un pêle-mêle

de sujets

Au sujet de la situation du gouvernement,  Philippe Gomès n’a guère fait preuve d’originalité. Rien ne va plus à la tête du pays depuis sa cuisante éviction du gouvernement en 2011.

Si les finances sont en berne, ce n’est pas en raison d’une diminution des recettes fiscales ni d’un accroissement du coût des politiques de solidarité. Non, c’est l’héritage laissé par des aventuriers et de poursuivre, plus populiste que jamais, sur le dossier des collaborateurs sans jamais avouer que pendant trois ans (2011-2014), les trois membres Calédonie ensemble ont bénéficié de collaborateurs alors qu’ils refusaient, eux, d’assumer leurs responsabilités dans les secteurs qui leur étaient dévolus. Globalement d’ailleurs, sur la situation du pays et en dehors de la création de nouvelles recettes fiscales, les engagements sur la relance et la confiance sont des vœux pieux que rien n’étayent sérieusement.

Avant le déplacement à Paris pour le Comité des signataires du 5 juin, ce congrès aura aussi été l’occasion d’évoquer la question du corps électoral.

Celui du référendum de sortie de l’Accord de Nouméa ne pose pas de difficulté puisque c’est sans doute la seule question qui fasse l’unanimité chez les partisans du maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France. Comme le FPU et l’UCF, Calédonie ensemble se dit favorable à l’inscription automatique de tous les natifs. Seulement, amnésie ou affabulation, Philippe Gomès semble prêt à endosser la paternité de cette « victoire », oubliant au passage que seule une forte mobilisation des loyalistes a permis de l’envisager, mobilisation dont il ne fut ni l’initiateur, ni l’organisateur. Mais, il y a plus fort encore.

« Plus grosse est la ficelle, plus la machine fonctionne », disait Jacques Chirac, et c’est sans doute ce que se sont dit les ténors de Calédonie ensemble avant d’aborder la question du corps électoral pour les élections provinciales.

Farouches partisans hier du gel de ce corps électoral, les voici désormais beaucoup plus mesurés, favorables aujourd’hui non seulement à ce que le sujet soit évoqué au cours du prochain Comité des signataires, mais aussi à ce qu’il puisse évoluer si un compromis peut être trouvé avec les indépendantistes et l’état.

Nickel :

un bel exemple

de virage à 180°

Sur le dossier nickel enfin, celui qui suscite incontestablement le plus d’interrogations au sein du parti comme en dehors, la ligne ne bouge pas. Calédonie ensemble est plus que jamais sur la même longueur d’onde que les indépendantistes et se conforme à la stratégie souhaitée par André Dang et soutenue par le Gouvernement socialiste.

Tout concourt donc à ce que soit lancées les grandes manœuvres, à marche forcée, pour aboutir d’ici 2017 à la prise de participation majoritaire de la Nouvelle-Calédonie dans le capital de la SLN.

Idée séduisante en apparence pour beaucoup, mais finalement d’un autre âge, désastreuse à terme tant pour les activités de traitement local des minerais que pour la valorisation des massifs miniers dans l’intérêt des générations futures.

Au final, le bon timing de ce congrès n’a finalement rassuré que ceux qui l’étaient déjà et a confirmé aux yeux de tous les autres l’inquiétante et dangereuse volonté hégémonique et sans partage de Calédonie ensemble.