Calédonie ensemble dans la tourmente judiciaire

Cinq semaines avant les élections provinciales, plusieurs élus et collaborateurs de la province Sud et de Calédonie ensemble ont été entendus par la justice dans le cadre de l’enquête sur des soupçons d’emplois fictifs liés à la campagne des législatives de 2017. Philippe Michel, lui-même auditionné, invoque la « dénonciation calomnieuse » et la « bidouille politico-judiciaire ».

Quand la justice se mêle à la politique… Plusieurs élus et collaborateurs de la province Sud et de Calédonie ensemble ont été auditionnés fin mars par la justice dans le cadre d’une garde à vue et non des moindres puisque Philippe Michel, président de la province Sud et secrétaire général de Calédonie ensemble, était concerné, de même que Roger Kerjouan, secrétaire général de la province Sud, et au moins trois autres personnes dont l’identité n’a pas été dévoilée.

D’autres personnes ont également été interrogés par la justice, mais cette fois encore sans être mises en garde à vue, toutes proches de Calédonie ensemble.

Toutes ces personnes ont dû se plier aux interrogations dans le cadre d’une instruction judiciaire qui porte sur des soupçons d’emplois fictifs liés à la campagne des législatives de 2017 et qui fait suite, notamment, à une perquisition, en décembre dernier, des locaux de Calédonie ensemble au Congrès.

Philippe Michel se justifie

Lors d’une conférence de presse, lundi, Philippe Michel dit avoir été entendu par les gendarmes dans le cadre d’une simple instruction, avouant une sérénité absolue sur l’issue de la procédure en cours. Il parle de « bidouille politico-judicaire » en invoquant une ordonnance de non-lieu rendue en juillet 2014 par deux juges d’instruction sur une autre a aire d’emplois fictifs présumés qui précisait que « si la rémunération de collaborateurs politiques de partis sur les fonds publics devait être considérée comme un détournement de fonds, il conviendrait de retenir la responsabilité pénale de l’ensemble des responsables politiques et des collaborateurs […], mais également des membres du Congrès et des assemblées de province qui ont voté les délibérations en cause ». Pour Philippe Michel, le dossier de l’emploi des collaborateurs politiques dans les institutions a donc déjà été tranché, même s’il s’agit bien ici d’une autre affaire.

Instrumentalisation

Même si le président de la province Sud semble serein compte tenu des soupçons, pour lui, il s’agit d’instrumentalisation politique. Il trouve « regrettable et malvenu que ce type d’investigation ait lieu en pleine campagne des provinciales ». Selon lui, il s’agit d’une « bidouille » et il accuse Sonia Backes d’être à l’origine de cette « dénonciation calomnieuse. » Pour Philippe Michel, c’est une une instrumentalisation politique de la justice ».

Des propos qui ont fait réagir Sonia Backes et L’avenir en confiance qui appelle, par voie de communiqué, le président de la province Sud a davantage de discernement et de sérénité dans un tel contexte et lui demande de prendre gare « aux dérapages verbaux de ce genre. (…) Notre liste rappelle que la justice, compétence régalienne qui doit le rester, fonctionne ici comme sur l’ensemble du territoire national en toute impartialité, dans le respect du droit et de la présomption d’innocence ! » Et prétendre le contraire serait, « porter atteinte aux magistrats instructeurs comme à la séparation des pouvoirs, l’un des piliers de la Constitution de la République française (…) Nous comprenons désormais mieux les velléités de certains à vouloir « calédoniser » la justice. »

Cette affaire n’est pas sans conséquence immédiate pour Calédonie ensemble qui a préféré reporter sa présentation du programme pour les provinciales, initialement prévue lundi, à jeudi.

C.S