Caledonia +687 : La fête des Pères des accords

Le festival Caledonia +687 aura lieu la semaine prochaine, place de la Marne, à Nouméa. Cette 5e édition sera particulière : il s’agira de célébrer le 30e anniversaire de la poignée de main entre Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur, un héritage dans lequel s’inscrivent totalement les organisateurs de cet événement qui prônent la paix et le partage intercommunautaire à travers la culture.

Si pour vous le destin commun se trouve « dans la réalité plus que dans les beaux discours », venez y contribuer en allant au festival organisé samedi 16 et dimanche 17 juin, place de la Marne. C’est en substance l’appel lancé par Tim Sameke, artiste que l’on ne présente plus et président de la Sacenc depuis 2006. C’est lui qui, en 2014, avait lancé le tout premier festival Caledonia +687 dans le souci de rassembler les communautés calédoniennes autour d’un événement culturel fédérateur dans la continuité de Melanesia 2000, mais avec un message différent et un spectacle assuré par tous.

L’événement s’est immédiatement inscrit dans la dynamique de la poignée de main entre Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur qui a symbolisé « l’importance de se soucier des autres ». Et trente ans plus tard, « c’est toujours le défi des Calédoniens », estime Tim Sameke, pour qui Jean-Marie Tjibaou reste un « guide spirituel ».

« Il disait que la culture donnait une saveur à l’existence, il disait aussi que la culture devait accompagner l’évolution politique. C’est ce que nous essayons de faire depuis cinq ans, d’apporter nous aussi notre pierre à l’édifice parce qu’à mon sens, la paix n’est jamais acquise. » Cette dynamique positive et altruiste, a perduré : malgré les diverses tentatives de récupération au fil des années, l’évènement se veut toujours « ouvert vers l’extérieur » et « apolitique », un festival « fait par le peuple et pour le peuple ». Il repose de fait sur le travail, très important, d’une trentaine d’associations culturelles.

Avec ce festival, Tim Sameke entend contribuer au projet de destin commun en reliant les communautés culturelles du territoire.

Marquer la paix avant le référendum

La place de la Marne, ce « point zéro » où l’on trouve quotidiennement « toute la Calédonie », « où le destin commun se fait naturellement », deviendra pour la quatrième année consécutive, le temps d’un week-end, une grande fête commune, un lieu d’échange et d’expression. 40 groupes de musique et de danse de tous horizons se succéderont sur les deux scènes, tandis que des associations présenteront, au gré des stands, leurs savoir- faire, leurs plats, leurs produits. Les communes de La Foa, Païta et Hienghène seront en particulier mises à l’honneur.

Et forcément, nous le disions, l’événement va prendre une dimension particulière en cette année anniversaire de la poignée de main. L’organisation a notamment prévu un grand « festin commun » le dimanche midi, un lâcher de ballons « de toutes les couleurs » et un pilou géant en clôture avec des percussionnistes de toutes les communautés et, espérons-le, un public nombreux. Encore une fois, dit Tim Sameke, l’idée est de « casser les cloisons » et « de ne pas cultiver le communautarisme » même si quelque part, concède-t-il, « la culture véhicule aussi ce communautarisme ».

En cette année particulière la Ligue des droits de l’homme a été invitée tout comme les politiques. Ces derniers pour qu’ils « voient la réalité », « l’envie des uns et des autres de vivre ensemble dans ce pays ». Les groupes de musique et de danse participants s’inscrivent aussi totalement dans cet objectif, souligne le président de la Sacenc. « Ils sont là pour essayer de créer des émotions, de faire passer de beaux messages, convaincre avant les échéances que le destin commun est possible, et rassurer les gens, sur cette aspiration à vivre ensemble quel que soit l’avenir institutionnel. »

Le festival est un espace d’expression et de promotion des richesses et de la diversité culturelle de Nouvelle-Calédonie. Caledonia + 687 réunit cette année 25 troupes de danse, 15 groupes de musique, 20 associations partenaires, 40 bénévoles pour deux jours de festivités. Il acceuille généralement autour de 3000 personnes.

C. M.


Un single

Pour commémorer le 30e anniversaire de la poignée de main, en préparation du festival et à l’instar de ce qui avait été fait lors de la première édition, 17 artistes locaux ont collaboré à un single intitulé Calédonie Pacifik dont la sortie officielle est prévue ce vendredi 8 juin avec également un clip. Cette fois, autour de Tim Sameke (auteur et compositeur), Gulaan, Hyarison, Tyssia, Teva, Ingrid Aucher, Julia Paul, Fernand Siwene, Fedyz, Rémy Villemain-Goyetche…

Cette chanson résolument « Pacifique » s’appuie sur de belles voix et des instruments comme la guitare traditionnelle (Jules Canehmez), le ukulélé ou le toeré (Teva)… La programmation réalisée localement et aux îles Salomon est signée Alain Leconte et David Le Roy (Mangrove Productions). Le titre prône la paix, le partage de ce qui nous rassemble… Un beau travail.


Peu de soutien des décideurs

Le collectif et les associations ont bénéficié de relativement peu de soutien, juge Tim Sameke, au regard du message porté par le monde culturel et de son investissement. « À mon sens nous sommes le seul festival dans cette dynamique fédératrice et, si nous le voulions nous pourrions devenir LE festival du pays. Pourtant je rame et je m’interroge sur ce que l’on veut vraiment pour la Calédonie »… Le budget global de l’événement s’élève à 5 millions de francs. L’OPT est l’un des plus importants contibuteurs.