Caledoclean, une décennie de « combat » au service de la nature

Cela fait dix ans que l’association ramasse les déchets et plante des arbres. Dix ans que la structure demande la mise en place d’amendes pour lutter contre le dépôt sauvage d’ordures, sans succès. Et bataille pour poursuivre son activité.

♦ Des débuts difficiles : « On dérangeait »

« Cela représente beaucoup pour nous », témoigne Thibaut Bizien. Le cofondateur de Caledoclean regarde le chemin parcouru depuis les débuts, « un petit mouvement de jeunes citoyens », avec une certaine fierté au vu du travail réalisé et une « grande reconnaissance » envers les « milliers de bénévoles, les partenaires et les mécènes qui nous ont permis d’arriver là où on en est ».

Cela n’avait pourtant pas si bien commencé, l’association ne bénéficiant pas du soutien des institutions. « La mairie de Nouméa nous envoyait la police pour empêcher nos opérations. » Le problème ? « On dérangeait, on dénonçait le fait qu’il y avait un réel problème dans la gestion des déchets, notamment parce que les pouvoirs publics n’affectaient pas les moyens suffisants. »  Ce n’est plus le cas, la situation – et les relations – se sont améliorées. « On œuvre ensemble avec la mairie, le gouvernement et la province Sud. »

Leur action repose sur trois axes : sensibiliser, ramasser les déchets et reboiser, notamment avec des arbres de forêt sèche, « afin de restaurer les espaces dégradés, enrichir la biodiversité » et conserver des espèces endémiques menacées.

♦ Un regret : l’absence « de politique de répression »

Il n’existe pas de politique de répression contre le dépôt sauvage d’ordures. L’idée consiste à habiliter des agents afin qu’ils puissent verbaliser et mettre une amende directement en cas d’infraction. « C’est la demande qu’on a le plus formulée et on ne l’a pas, il y a toujours autant d’ordures qui se baladent dans la nature. On est très amers parce qu’aucun politique n’a eu le courage de la mettre en place », déplore Thibaut Bizien. Un outil pourtant indispensable au changement de comportement, selon lui. « Cela veut dire qu’on va continuer à ramasser pendant que d’autres sont libres de jeter, on le prend un peu comme une forme de mépris. »

♦ Et maintenant : « pérenniser notre projet »

La décennie n’a pas été un long fleuve tranquille. « C’est une passion et une sacrée aventure, assure Thibaut Bizien, mais ça a été très dur, très intense. » Le fonctionnement du milieu associatif « demande beaucoup d’efforts. On combat constamment parce qu’on n’a pas d’outil pour pérenniser notre projet. »

Le responsable plaide pour la création d’une convention pluriannuelle d’objectifs, plus sécurisante qu’une subvention, dont le montant peut varier, voire qui peut ne pas être versée. C’est ce qu’il s’est passé avec le gouvernement pendant trois ans. « Notre dossier avait été égaré, on a failli cesser d’exister l’an dernier. » Caledoclean s’en est sorti grâce aux partenaires privés, qui « apportent la moitié du budget ».

Autre objectif, réorganiser l’association, qui compte désormais trois salariés contre un depuis 2017. « Il faut que nous ayons des ressources humaines, logistiques et financières nécessaires pour assurer notre activité et avoir plus de sécurité dans l’emploi. » La solution ? Que les institutions participent davantage. « Quand on voit le coût d’un rond-point, par exemple, je pense qu’on peut débloquer certains moyens. Avec les bons outils, on peut aller plus loin. »

 


750 tonnes

de déchets ont été ramassés depuis les débuts de l’association, dont 450 ont été recyclés.

 

80 000 arbres

de forêt sèche ont été plantés, dont 60 000 ces deux dernières années.

 

3 000 bénévoles

par an, environ, participent aux actions de nettoyage et de plantation.

 


Le 14 mai sur la colline

C’est à la FOL, dont Caledoclean est membre, que l’association fêtera ses dix ans le samedi 14 mai. Au programme, une journée d’animations avec une matinée de plantation de 2 000 arbres endémiques sur la colline, de 8 heures à midi, suivie par un repas partagé et des activités culturelles de 13 heures à 20 heures (ateliers sculpture, tressage, do in, fabrication de produits cosmétiques, lecture, spectacle de hip hop, goûter, film, etc.). Un événement coorganisé avec la FOL, la province Sud et la ville de Nouméa.

 

Anne-Claire Pophillat (© Sophie Béchu)