Un sursis au blanchissement ?

L’association Pala Dalik surveille l’état de santé des récifs sentinelles. En ce début d’année, elle termine son programme de plongée. Point d’étape suite à l’important épisode de blanchissement du corail que l’on a connu en 2016.

Plutôt préservés, les récifs coralliens du lagon ont subi un important phénomène de blanchissement en 2016. L’épisode massif avait concerné près de 90 % des récifs, estimait l’année dernière les chercheurs de l’Institut de recherche pour le développement. La météo était principale raison identifiée par l’IRD et plus précisément une anomalie qui avait provoqué la surchauffe de l’eau de mer de deux degrés pendant un mois par rapport à la moyenne, conjuguée à l’absence d’alizé. Il faut remonter à l’été 1995- 1996 pour trouver la trace d’un phénomène d’une telle sévérité.

L’absence du vent dominant a eu pour effet de ne pas pousser des grands courants qui viennent
normalement refroidir les eaux calédoniennes. Les explications scientifiques ne sont toutefois pas encore
validées, faute de recul. Il existe, en effet, peu d’études scientifiques permettant de définir avec certitude les raisons du blanchissement du corail et, en particulier, un suivi rigoureux de la qualité des eaux. Si l’on en sait encore peu, des réseaux se sont constitués afin d’observer les phénomènes et établir des bases de données. Pala Dalik, l’écho du récif, est une association de plongeurs à vocation environnementale. En partenariat avec l’Œil et le Comité consultatif coutumier environnemental, ils suivent 57 stations réparties sur l’ensemble du territoire qui permettent d’avoir un aperçu de l’état de santé du corail. Les observations de l’association ont notamment permis de voir que si le blanchissement de l’année dernière était extrêmement important, il était loin d’être homogène sur l’ensemble des 1 600 kilomètres de la barrière.

Un bilan plutôt positif

Les zones les plus impactées ont été relevées à Nouméa et dans le Grand Nouméa, ainsi qu’au nord-est et toutes les espèces de corail ne sont pas non plus touchées de la même manière. On observe notamment des coraux qui blanchissent ici, alors qu’ils ne blanchissent pas ailleurs. Des différences qui peuvent s’expliquer par d’autres facteurs que la température et en particulier la salinité de l’eau, qui peut être réduite aux embouchures de rivières en cas de fortes pluies. L’apport terrigène, conséquence de l’érosion des sols, a également des effets délétères sur les polypes. Plus généralement, le phénomène de blanchissement est très probablement le résultat d’une combinaison de multiples facteurs.

Mais si le blanchissement traduit un stress important, il ne signifie pas systématiquement la mort du corail. « Il peut se régénérer ou mourir, explique Amandine Winckler, la présidente de Pala Dalik. Après nos premières plongées, nous avons pu observer que les coraux qui avaient blanchi l’année dernière sont en pleine santé. Nous en avons quand même vu certains qui étaient un peu pâles et d’autres qui ne se sont pas régénérés. » C’est le cas du récif de Poindimié et celui du Kuendu Beach où les plongeurs ont également trouvé une grande quantité de fil de pêche au beau milieu de la réserve.

D’une manière générale, l’association Pala Dalik estime que le corail a bien récupéré et que les chiffres du blanchissement de l’année dernière ont été largement surestimés même s’il ne faut pas non plus les minimiser. Une exagération qui peut notamment tenir au fait que les récifs les plus impactés étaient les plus accessibles. Ce sont aussi les coraux qui souffrent du stress lié aux activités humaines. D’où l’intérêt de mettre davantage de moyens dans les études et le suivi de cet écosystème particulièrement riche en biodiversité afin de mieux le protéger.


Corail blanc, corail mort ?

Le blanchissement du corail est le signe d’un stress. Les micro- algues, qui donnent la coloration au corail, quittent les polypes. Le blanchissement n’est toutefois pas une fatalité. Le corail peut se régénérer en récupérant des algues. Ce ne sont d’ailleurs pas les mêmes qui colonisent les polypes. En Australie, des études ont notamment montré que l’installation d’une nouvelle algue pouvait rendre le corail plus résistant.