Bras de fer : Tomasi et Mika défient les meilleurs français

Tomasi Iloai et Mika Fisiipeau ont décollé mardi matin pour Bordeaux où ils participeront, le 26 février, à leurs premiers championnats de France de bras de fer sportif. La discipline se développe en Nouvelle-Calédonie.

Parfois, l’ennui est source de créativité. Et cela a été le cas pour Tomasi Iloai. C’est lors du premier confinement, en mars 2020, qu’il a commencé à s’intéresser au bras de fer sportif. Le Calédonien de 31 ans découvre ce sport grâce des vidéos sur YouTube, et notamment à travers les performances du célèbre ferriste russe Denis Cyplenkov, qui a remporté à sept reprises le Zloty Sur World Cup, tournoi le plus prestigieux de la discipline. Une fois le règlement assimilé, il se lance dans la construction d’une table normée, afin de pouvoir pratiquer le bras de fer sportif dans les règles de l’art.

Tomasi Iloai décide alors de se déplacer dans différents quartiers avec son matériel pour partager cette passion naissante. À Païta, Ducos, Koutio ou encore Robinson, de plus en plus d’adeptes se réunissent autour du gaillard de plus de 110 kg. « On se retrouve tous les samedis devant le parking du Fitness Park, à Ducos », précise-t-il. Dans son sillage, Tomasi fédère beaucoup de jeunes, à l’image des neveux de Christine Matetau : « On allait regarder de temps en temps les tournois. Ils voulaient y participer, mais comme j’avais peur qu’ils se blessent, je me suis dis que c’était une bonne idée de monter un club afin qu’ils soient assurés. »

New Génération Armwrestling

Il y a un mois, Christine Matetau a créé avec ses cousines le New Génération Armwrestling, première association sportive de bras de fer du territoire, affiliée à la Ligue calédonienne de force athlétique. « Pour le moment, il n’y a que 19 licenciés. Mais les habitués devraient rapidement intégrer le club. Je pense que l’on sera vite une cinquantaine. » Parmi eux, Tomasi Iloai et Mika Fisiipeau, reconnus dans le milieu comme les deux meilleurs ferristes du Caillou.

Une licence qui leur permet enfin de prendre part aux compétitions officielles et qui décide les deux amis à tenter leur chance lors des championnats de France qui se dérouleront à Mérignac, dans la banlieue bordelaise, le 26 février.
Inscrits chez les plus de 110 kg, ils combattront dans les catégories droitiers et gauchers. « On y va pour rencontrer d’autres athlètes et voir un peu comment cela se passe, raconte Tomasi qui, comme Mika, foulera pour la première fois le sol métropolitain. On veut avant tout gagner en expérience, mais en même temps, on espère évidemment monter sur le podium. »

« Structurer la discipline »

Tomasi profitera de ce déplacement pour faire un petit tour de France des clubs de l’Hexagone et rencontrer d’autres pratiquants, dont Aymeric Pradines, qui figure actuellement dans le top 20 mondial et qui occupe la fonction de vice-président de la Fédération française de force chargé du bras de fer sportif.

« Il doit faire un déplacement à Tahiti cette année (ou un club existe également et regroupe près de 40 licenciés, NDLR), alors on va essayer de le faire passer par la Calédonie afin qu’il puisse former des arbitres et des coachs, explique Wendy Wendt, présidente de la Ligue calédonienne de force athlétique. Il y a un vrai potentiel, on va essayer de vraiment structurer la discipline pour pouvoir fédérer un maximum de monde. » Sur le territoire, le bras de fer sportif a toutes les chances d’avoir de beaux jours devant lui.


 

Un sport récent

Activité millénaire, le bras de fer n’est devenu une discipline sportive que très récemment. Si des compétitions étaient organisées aux États-Unis dès les années 1960, il s’est réellement codifié à la création de la fédération mondiale (la World Armwestling Federation), en 1977. La WAF compte aujourd’hui plus de 85 pays membres, sur tous les continents.

En France, la discipline a reçu l’agrément du Ministère chargé des sports il y a trois ans seulement avec l’intégration du bras de fer sportif au sein de la Fédération française de force athlétique. Sur la saison 2019-2020, il n’y avait que 126 licenciés comptabilisés sur l’ensemble du territoire français. Mais son développement est exponentiel.


 

En compétition

Le bras de fer sportif se pratique sur une table de 102 cm de hauteur. On y trouve deux coussins pour les coudes et deux poignées. La position de départ des ferristes est la suivante : poignet droit, articulation du pouce visible, épaules parallèles à la table. Le gagnant est celui qui amène la main de l’autre au contact du coussin posé sur la table, appelé « winpad ». Le ferriste qui commet deux fautes successives dans le match (lever le coude du pad, en sortir, ou lâcher la poignée de maintien) est déclaré perdant. Les tournois sont divisés en catégorie de poids, ainsi qu’en catégorie gauchers et droitiers.

 

Titouan Moal (© Ligue Force NC)