Bloqués jusqu’en juillet 2021

Vu l’évolution – ou plutôt la non-évolution – de la pandémie de coronavirus, le gouvernement a décidé de prolonger la limitation des vols internationaux au départ et à destination de la Nouvelle-Calédonie jusqu’au 31 juillet, « sauf évolution favorable de la situation mondiale d’ici là ».

Notre espace aérien est quasiment fermé depuis le 21 mars dernier, depuis huit mois. Et il le sera encore huit mois supplémentaires. Le gouvernement avait décidé, en septembre dernier, de reconduire le dispositif de protection sanitaire contre la Covid-19 jusqu’au 31 mars 2021 et il vient d’annoncer une nouvelle prolongation, jusqu’au 31 juillet. Selon le porte-parole du gouvernement, Christopher Gyges, il s’agit surtout de permettre à Aircalin de ne pas prendre des réservations pour des vols qui n’auront probablement pas lieu…

En cause, bien sûr, la situation sanitaire en Europe. La Métropole, entre autres, connaît un nouveau pic épidémique et il y a fort à parier que la situation ne sera pas réglée de sitôt. Les pays voisins restent pour leur part encore fermés, même si la situation s’améliore. Il semble de plus en plus évident qu’il faudra attendre la commercialisation d’un vaccin pour espérer un retour à la normale.

Opportunité d’une quatorzaine payante

Les liaisons hebdomadaires vers la Métropole via Tokyo et Wallis-et-Futuna demeurent telles qu’elles, ainsi que les évacuations sanitaires vers Sydney. Des rotations ponctuelles sont organisées pour le Vanuatu (11 au 12 novembre) et la Polynésie française (2 au 3 décembre). La gestion de ces vols est toujours assurée par le centre opérationnel du gouvernement (PCO) et la planification est contrainte par la capacité d’accueil en quatorzaine hôtelière, obligatoire à l’arrivée. Le gouvernement incite les Calédoniens à rester sur le territoire, à l’exception de voyages à Wallis-et-Futuna. On reste ici sur un système donnant la priorité aux personnes ayant des besoins « impérieux » (étudiants en fin de cursus, particuliers et professionnels) qui sont invitées à remplir un formulaire de recensement sur le site du gouvernement (gouv.nc). En sont exemptés uniquement les passagers en provenance de Wallis, les pilotes, les membres d’équipage de cabine et les professionnels de santé accompagnant les évacuations sanitaires.

Le gouvernement observe néanmoins que certains voyageurs échappent au système et peuvent prendre la place de personnes dans le besoin, pour les retours en particulier, tout en pesant sur les deniers publics sachant que la quatorzaine coûte un milliard de francs par mois à la Nouvelle-Calédonie. Pour ces personnes, qui souhaitent absolument partir et revenir elles aussi de manière prioritaire, l’exécutif a pris la décision d’étendre aux particuliers le dispositif de quatorzaine payante destinée au monde de l’entreprise à l’hôtel Beaurivage. Il faudra avoir les moyens de débourser plus de 500 000 francs. Si cette solution permet, effectivement, de laisser les places en quatorzaine générale aux gens confrontés à des situations d’urgence, on peut comprendre que certains s’interrogent sur la rupture d’égalité qui permet aux plus riches de sortir du territoire et de revenir comme bon leur semble… Les modalités d’accès à cette prestation seront précisées prochainement.

Fret supplémentaire

En ce qui concerne le fret, six vols supplémentaires en provenance de Tokyo une fois par semaine sont programmés jusqu’à Noël selon le schéma de priorisation du gouvernement. Ils sont principalement destinés aux médicaments, aux fournitures pour les établissements de soins, matériel et outillage nécessaires au dépannage des chaînes de production, fret postal, denrées alimentaires périssables… Ces rotations, qui représentent une dépense de 138 millions de francs, visent à rattraper le retard (60 m3 de fret est en attente à Roissy) et à soutenir le commerce local.

La situation restera donc intacte jusqu’au 31 juillet 2021, sauf si un vaccin était élaboré, commercialisé et diffusé dans nos zones d’intérêt. Dans le cas contraire, « une prolongation de l’organisation des vols pourrait être étudiée », a fait savoir le gouvernement. À noter que les billets non utilisés en 2020 doivent être remboursables en 2021, à l’issue du délai de 12 mois (Aircalin) à 18 mois (agences) prévu pour les avoirs. Reste que le texte du gouvernement qui encadre ces conditions n’a toujours pas été adopté par le Congrès.


Assouplissement en vue dans la région

Alors que nos élus ont opté pour une solution radicale pour la Nouvelle- Calédonie, ce qui nous permet effectivement de passer la crise quasiment normalement, l’horizon semble s’ouvrir peu à peu dans la région. La Nouvelle-Zélande et l’Australie ont presque éradiqué le virus (un cas positif en quarantaine à Auckland, 42 cas dans le New South Wales, quatre cas dans le Victoria). Ces deux pays ont établi un premier lien en sens unique, sans quatorzaine, entre Auckland et Sydney (New South Wales) et le Territoire du Nord. Les frontières entre les États australiens s’ouvrent peu à peu. L’Australie travaille à la réouverture des liens avec les pays présentant peu de risques, particulièrement en Asie (Taïwan, Chine, Singapour, Japon), mais restera fermée sur les pays à haut risque d’Europe ou d’Amérique. Le gouvernement calédonien a confirmé que les discussions se poursuivaient avec la Nouvelle-Zélande et l’Australie, un discours tenu depuis de nombreux mois. Des tractations sont aussi en cours avec le Vanuatu (un premier cas récent en quatorzaine), mais l’exécutif considère que le nombre de tests effectués dans l’archipel n’est pas suffisant pour s’assurer que la destination est « Covid free ». En revanche, la destination de Fidji serait mieux placée avec une double quarantaine (hôtel et domicile) et un taux de circulation quasi inexistant.

C.M.

©M.D.