Bassa Mawem : « Ce confinement est plus simple que celui de 2020 »

À quatre mois des Jeux olympiques (du 23 juillet au 8 août), le grimpeur de Nouméa a vu sa préparation perturbée par le confinement. Pour l’athlète de 36 ans, l’adaptation a donc été obligatoire, même s’il a pu continuer à s’entraîner.

DNC : Comment est-ce que vous vivez ce deuxième confinement ?

Bassa Mawem : Pour le coup, ce confinement est bien plus simple cette année qu’en 2020. J’ai eu l’autorisation du gouvernement de pouvoir continuer à m’entraîner sur un créneau de 14 heures à 17 heures, tous les jours (lire par ailleurs). En plus de ça, j’ai le droit d’avoir avec moi un encadrant à chaque fois, histoire de ne pas être seul. Et surtout de me booster. Il s’agit de deux jeunes en dernière année juniors, Tommy Papin et Sacha Lehmann.

Quelles différences avec l’an dernier ?

L’année dernière, c’était nouveau, le confinement. Personne ne savait vraiment où on allait et il y avait plus de peur. Le mur de Magenta était complètement fermé. Je m’en étais malgré tout sorti, parce que c’est mon lieu de travail, donc je pouvais y aller et rester connecté avec ma discipline. Mais je ne pouvais pas réellement m’entraîner comme c’est le cas aujourd’hui. En fait, je bossais toute la journée et je prenais une petite heure avant de rentrer pour grimper un peu.

Pour autant, vous entraînez-vous comme s’il n’y avait pas de confinement ?

Non. J’ai modifié mon entraînement. Trois heures pas jour, cela reste court pour une préparation olympique. Donc je grimpe moins, mais de façon bien plus intense. Je fais en sorte de faire un gros entraînement tous les trois jours, comme si j’étais en compétition. Donc cela me demande beaucoup d’énergie et j’ai besoin ensuite de deux jours plus calmes, où je fais de la mobilité articulaire, des exercices chez le kiné ou du travail technique.

Vous ne vous entraînez que sur le mur ?

À part chez le kiné, oui. Tout mon entraînement, même le physique se fait sur le mur. Je ne veux pas m’éparpiller. C’est ma méthode. Avant de venir ici, j’étais au pôle France et on faisait moitié salle, moitié mur. Mais j’ai décidé de tout faire sur la structure de Magenta, car je trouvais que je n’arrivais pas à retranscrire tout le gain de la salle sur le mur.

Vous avez toujours dit que c’est le fait d’être ici qui vous a permis de vous qualifier pour les Jeux. Votre vision de l’éloignement est-elle toujours la même, alors que vous êtes complètement coupé de la compétition ?

Oui, je pense toujours la même chose. C’est pour ça que je ne suis pas parti. J’aurais pu le faire l’année dernière quand l’épidémie s’est installée. Ici, je peux m’entraîner comme je veux, il n’y a jamais eu de problème d’accès au mur. Et puis le fait de ne plus faire de compétition n’est pas toujours un désavantage. Je vois très bien comment cela se passe pour mon frère en Métropole (Mickaël est également qualifié pour les JO, NDLR). En ce moment, les grimpeurs se préparent pour des échéances qui sont, la plupart du temps, annulées. Je n’ai pas envie de travailler comme ça.

Qu’est-ce qui est prévu pour la suite de votre préparation ?

Je reste ici jusqu’au 11 mai. À cette date, je pars pour la Métropole pour déjà revoir un peu ma famille en région parisienne, puis pour participer à plusieurs compétitions de préparation avant de partir à Tokyo à la mi- juillet pour un camp d’entraînement, avant les Jeux, début août. Normalement, je vais participer à une manche de Coupe du monde de vitesse à Salt Lake City (États-Unis) fin mai, puis une en Suisse à la fin du mois de juin. Je vais aussi refaire des compétitions de difficulté pour me remettre dans le bain.

Quel sera votre objectif à Tokyo ?

Ce que je veux, c’est bien grimper, le résultat, on verra. Le but, c’est d’arriver prêt et ne rien regretter. Je sais que ça va être compliqué, parce que je suis un spécialiste de la vitesse et que je ne suis pas avantagé sur le format combiné qui a été retenu. Mais j’espère réussir au mieux dans ma spécialité. Et puis pour être franc, j’ai déjà l’esprit tourné vers les Jeux de Paris en 2024. Là, il devrait y avoir une médaille pour la vitesse et je viserai la victoire. Et je terminerai ma carrière ensuite !


L’escalade aux Jeux de Tokyo

Pour la première fois de l’histoire des Jeux, l’escalade sera au programme olympique (du 3 au 6 août). Mais malgré la pluralité de la discipline, le Comité international olympique et le Comité d’organisation de Tokyo-2020 ont décidé de n’octroyer que deux médailles, une pour les femmes, l’autre pour les hommes. Ainsi, c’est le combiné qui a été retenu avec une phase de qualification en trois jours avec vitesse, bloc, puis difficulté. Les meilleurs seront qualifiés pour les finales qui se dérouleront sur un jour seulement, le 6 août. Là encore, les trois genres seront obligatoires pour obtenir le premier titre olympique de l’histoire de l’escalade. En 2024, le format devrait très être différent puisque la vitesse aura une médaille pour elle, alors qu’un combiné bloc/difficulté sera également organisé.

A.B.

©A.B./DNC