Bakou : « Un soutien logistique et de communication »

Mickaël Forrest, membre du gouvernement, est également secrétaire permanent pour les relations extérieures du FLNKS. (© A.-C.P.)

Lors de la séance de questions au gouvernement par les élus du Congrès, lundi 26 août, Naïa Wateou a interrogé Mickaël Forrest sur son déplacement en Azerbaïdjan les 17 et 18 juillet. Le membre du gouvernement affirme qu’il s’est fait au nom du FLNKS. Interview.

DNC : Dans quel cadre vous êtes-vous rendu en Azerbaïdjan ?

Mickaël Forrest : Le FLNKS est membre observateur du mouvement des non-alignés depuis septembre 1986. C’est notamment grâce à cela que la Nouvelle-Calédonie a obtenu la réinscription sur la liste des territoires non-autonomes de l’ONU cette année-là. Depuis, nous participons régulièrement aux rencontres et sommets qu’il organise.

Pour autant, Bakou n’en a plus la présidence depuis le début de l’année…

Un des principes des non-alignés est de soutenir le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il s’agit de regarder comment ils peuvent nous accompagner au niveau juridique. À partir de 2023, ils ont souhaité élargir leur soutien, d’abord à la Polynésie, puis à l’ensemble des outre-mer français. Cette plateforme doit nous permettre de trouver une perspective politique pour faire respecter notre droit inné et actif à la souveraineté.

Vous avez créé un Front international de mouvement de libération, quelle est la suite ?

La rédaction de la charte et du statut, avec sûrement une prochaine réunion fin septembre-mi-octobre.

Quel soutien vous fournit le Groupe d’initiative de Bakou ?

L’ONG nous apporte un appui plutôt en termes logistique et de communication.

Qui a payé votre déplacement ?

C’est le bureau des non-alignés qui a participé avec le Groupe initiative de Bakou.

Connaissant le régime azerbaïdjanais, ne pensez-vous pas que vos liens avec le pays puissent vous desservir ?

Ce n’est pas nous qui l’avons décidé, c’est le mouvement des non-alignés et Bakou. Et puis, la COP 29 va s’y dérouler, avec le soutien de la puissance administrante. Nous devons faire attention, mais nous saisissons les différentes opportunités.

Ne craignez-vous pas que le pays utilise le mouvement indépendantiste
dans son entreprise de déstabilisation  de l’État français ?

Je reste sur le cadre politique, sur le mandat qui m’est confié de développer, consolider les liens de solidarité que nous avons avec les mouvements politiques, les groupes institutionnels dans le Pacifique et dans le monde, Groupe Fer de lance, Forum des Îles du Pacifique, mouvement des non-alignés. Aujourd’hui, c’est l’Ouganda, dans deux ans ce sera l’Ouzbékistan. Ce sont des pays qui n’ont pas trop de résonnance ici, mais ils nous ont aidés par le passé et continuent à le faire.

De quelle façon vous aident-ils ?

Par exemple le 20 juin, nous avons organisé une conférence au siège des Nations Unies pour évaluer l’impact des programmes engagés par le Comité spécial de décolonisation, établir des recommandations. Il y a encore des difficultés dans le Pacifique, les Caraïbes, en Afrique.

Était-ce le bon moment pour ce séjour, alors que la Nouvelle-Calédonie traverse une crise sans précédent ?

L’organisation s’est trompée, je ne me suis pas exprimé en tant que membre du gouvernement. J’ai fait changer mon titre et celui des autres élus. J’ai assisté aux réunions du gouvernement par visioconférence et ici, des actions ont été mises en œuvre, mon cabinet est allé dans les squats et auprès des personnes dans le besoin pour apporter des denrées alimentaires, du soutien moral, j’ai pu faire mon travail du mieux que j’ai pu, même si je n’étais pas forcément présent physiquement.

Lors du Congrès des colonies françaises, vous avez déclaré : « depuis le 13 mai, on a fait ce qu’il fallait faire ». Quel en est le sens ?

L’objet de l’atelier était d’expliquer comment nous en étions arrivés là. Nous avons rappelé les différentes séquences, le document martyr, la volonté de passage en force de l’ancien gouvernement. Le corps électoral, c’est la mère des batailles. Lorsque les deux Chambres françaises sont passées outre le consensus qui doit régir les parties de l’accord de Nouméa, il y a eu ce qu’il y a eu. Quand il n’y a plus de dialogue, on arrive à ce genre de situation. Il aurait fallu prendre plus de temps pour continuer à échanger sincèrement. Nous avons notre histoire ici avec les particularités d’un peuple mélanésien qui a su s’ouvrir aux autres communautés. Il y a eu des difficultés mais aussi des réussites. Au bout de 30 ans d’accord, nous avons la responsabilité de sortir par la souveraineté. Mais aujourd’hui, aucun pays n’est souverain plein et entier, donc nous devons construire des liens d’interdépendance avec les pays mélanésiens, du Pacifique et du monde, notamment la France.

Quand vous dites « on », vous avez été partie prenante ?

La CCAT est une création de l’UC, plusieurs responsables politiques étaient investis dans les manifestations.

Est-ce que la CCAT échappe à l’UC ?

Nous l’avons dit aux médias, c’est normal qu’il y ait un besoin de clarification parce qu’il y a eu beaucoup d’étapes. À notre dernier comité directeur, nous avons réaffirmé les choses et, à partir de là, charge à chaque responsable de travailler à mettre en œuvre les motions validées au dernier congrès. Ce week-end, laissons les débats se faire au sein du FLNKS [Si le congrès prévu à lieu, NDLR] et les conclusions seront présentées.

Qu’en est-il de votre demande de médiation internationale ?

Il y avait la mission d’observation décidée par le Forum, mais il y a eu un couac, j’espère qu’elle aura lieu. Le Forum des Îles du Pacifique est la seule instance internationale qui a fait un rapport pour dire que la troisième consultation n’avait pas lieu d’être. Nous avons développé plusieurs initiatives pour avoir un appui en termes de médiation, dont une déposée sur la table des Nations Unies en 2016 par le FLNKS, ce sont déjà des dossiers sur la table.

Propos recueillis par Anne-Claire Pophillat