Annelise Young veut « renforcer les liens économiques » entre l’Australie et la Nouvelle-Calédoni

La nouvelle consule générale d’Australie a pris ses fonctions le 20 juin. © Thorson Photography

Annelise Young revient en Nouvelle-Calédonie au poste de consule générale d’Australie. La diplomate, avocate de formation passée par l’Indonésie et plusieurs postes à Canberra, se réjouit de revenir travailler à Nouméa alors que son pays et la France relancent leurs relations.

DNC : Vous n’êtes pas totalement inconnue en Nouvelle-Calédonie. En 2012 et 2013 vous étiez consule adjointe. Comment appréhendez-vous votre retour avec un nouveau poste ?

Annelise Young : Je reviens dix ans plus tard, à une période intéressante, puisque nous avons en Australie un nouveau gouvernement depuis six semaines. Les priorités annoncées trouvent un vrai écho dans le Pacifique, et les liens avec la France sont en train d’être renoués, donc c’est un bon moment pour travailler à Nouméa.

Est-ce un choix de revenir ?

J’avais envie de revenir ici parce que je parle français et j’ai travaillé dans le secteur minier. Je comprends l’importance de ce secteur dans l’économie locale et les liens créés avec des entreprises australiennes. Enfin mon mari m’a incitée à postuler : il était venu me rendre visite il y a dix ans et s’était rendu compte de la qualité de vie à Nouméa. J’ai hâte de faire découvrir à mes enfants les endroits et les activités que j’avais aimés.

Le renouveau de la relation entre l’Australie et la France a bien sûr un impact direct sur mon travail

Lors de leur rencontre, Emmanuel Macron et Anthony Albanese ont insisté sur leur volonté de renouer une relation de confiance. De quelle manière ces discussions influenceront-t-elles votre rôle de consule ?

En tant que consule générale, je représente le gouvernement australien. Le renouveau de la relation entre l’Australie et la France a bien sûr un impact direct sur mon travail, d’autant que l’État est un partenaire clé pour nous ici.

Plus précisément, MM. Macron et Albanese ont publié un communiqué conjoint qui définit trois piliers pour notre programme de coopération : défense et sécurité ; changement climatique ; éducation et culture. J’ai l’opportunité, en tant que fonctionnaire, de faire des propositions. Par exemple, j’ai insisté pour que la promotion de la section internationale australienne, lancée ici en Nouvelle-Calédonie, soit intégrée dans le programme de coopération.

Quelle est la place de la Nouvelle-Calédonie dans ce nouveau départ ?

Notre gouvernement se concentre sur trois priorités qui intéressent la Nouvelle- Calédonie.

Premièrement, le Pacifique : notre ministre des Affaires étrangères, Penny Wong, a déjà fait plusieurs déplacements dans la région, et notre Premier ministre se rendra au Forum des îles du Pacifique la semaine prochaine. La première chose que nous voulons faire, c’est écouter nos voisins.

Ensuite, il y a l’action climatique, notamment les nouveaux objectifs de réduction de nos émissions de 43 % d’ici 2030 et la proposition d’accueillir une COP (Conférence des parties des Nations unies, NDLR) avec les îles du Pacifique. Nous augmentons aussi notre financement de l’initiative Kiwa, menée par la France, pour des solutions basées sur la nature.

Et enfin, il y a la place de nos peuples autochtones. La mise en œuvre de la « Déclaration du cœur d’Uluru » demande que notre constitution intègre une voix de ces peuples auprès du parlement. Nous regardons d’ailleurs comment fonctionne le Sénat coutumier ici.

Il y a des complémentarités naturelles

Quelle est aujourd’hui la priorité de la politique australienne en Nouvelle-Calédonie ?

Il y en a beaucoup. Je pense à la coopération en matière de défense qui marche déjà très bien, par exemple lors du déploiement conjoint à Tonga après l’éruption et le tsunami en janvier. J’aimerais insister sur la nécessité de renforcer des liens économiques avec l’Australie. Avant la pandémie, il y avait 1 700 entreprises australiennes qui travaillaient avec le Caillou.

Il y a des complémentarités naturelles dans le secteur minier et de vraies opportunités pour les entreprises australiennes dans le secteur, y compris pour la fabrication de batteries de véhicules électriques. Mais j’ai conscience que la Nouvelle-Calédonie doit continuer à diversifier son économie, notamment grâce au tourisme et aux croisières. Avant le Covid, 370 000 Australiens passaient en Nouvelle-Calédonie tous les ans. Les bateaux de croisière devraient revenir dans les mois qui viennent.

 

Propos recueillis par Brice Bacquet

 

Photo : © Thorson Photography

 

Emmanuel Macron et Anthony Albanese repartent du bon pied
Canberra et Paris veulent une relation « de confiance et de respect mutuel – Photo : Daniel Pier / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rencontré le président français Emmanuel Macron à Paris, la semaine dernière. Les deux dirigeants ont renoué le dialogue mis à mal en 2021 avec l’annulation par Canberra de l’achat de 12 sous-marins français. « Nous allons parler de l’avenir, pas du passé », a souligné Emmanuel Macron en recevant son homologue du Pacifique.

« Confiance et respect »

La rencontre était une manière de restaurer « la confiance » pour « un nouveau départ dans les relations » entre les deux États. Anthony Albanese a insisté sur rôle de la France dans la région, confortant la « stratégie indopacifique » du président français. « Son engagement en Indo- Pacifique sera essentiel pour faire face aux défis auxquels notre région est confrontée », a-t-il précisé.