Améliorer le suivi des cours d’eau

L’Œil, en partenariat avec le gouvernement, organisait, le vendredi 29 mars, une restitution de deux études apportant des nouveautés dans le suivi de l’état des cours d’eau. Les scientifiques ont établi un nouvel indicateur et rédigé un guide permettant de standardiser les techniques de suivi.

Le suivi des cours d’eau est un enjeu majeur. En Nouvelle-Calédonie, ce sont les eaux superficielles qui servent en très grande majorité à alimenter les réseaux d’eau potable. Mais le cadre du travail de l’Œil s’inscrit également dans une volonté de préserver la biodiversité qui fait l’objet de plan d’action depuis le début des années 2000. En 2010, à l’issue d’atelier thématique « eau douce », la décision avait été prise de travailler à la définition d’un nouvel indice de suivi s’appuyant sur les diatomées benthiques. Pour les profanes, les diatomées sont des microalgues présentes dans tous les milieux aquatiques et constituent une grande partie du biofilm que l’on retrouve notamment sur les cailloux des rivières.

Une étude relativement importante a été engagée avec un budget de 41 millions de francs de manière à pouvoir définir un indice de suivi de la qualité des eaux en fonction des pressions subies par le milieu et notamment des pressions urbaines et agricoles, d’une part, et minière, de l’autre. L’autre étude, qui est complémentaire, a consisté à standardiser les techniques de pêche électrique qui permettent de mesurer l’état biologique d’une rivière grâce à l’observation des spécimens. L’absence de réseaux de suivi institutionnels fait que les scientifiques disposent, la plupart du temps, de relevés issus de suivi dans le cadre de l’exploitation minière. Afin de pouvoir compiler toutes les données, l’idée est de pouvoir disposer de données homogènes et donc de standardiser les techniques de pêche et d’observations des espèces.

Un indice qui s’améliore avec le temps

L’indice diatomique a nécessité de longues années de travail puisque le projet a commencé en 2012. Mais après six ans et le recueil de données de 74 stations sur 43 cours d’eau, l’indice est désormais au point. Les travaux ont permis de découvrir 466 diatomées différentes dont 40 % d’espèces endémiques. Les observations ont permis de retenir une vingtaine de diatomées d’alerte. Pour faire simple, certaines diatomées ont été identifiées sans ambiguïté lors d’altération. Plusieurs types de diatomées permettent de définir des troubles tels que des pollutions liées aux stations d’épuration, aux activités d’élevage, mais aussi minières. Concrètement, il s’agit de prélever des échantillons et d’observer au microscope les diatomées présentes.

Cet indice est complémentaire à deux autres indices, l’indice biotique de la Nouvelle- Calédonie ainsi que l’indice biosédimentaire. Son objectif est de répondre aux besoins des gestionnaires, et en particulier les provinces compétentes en matière d’environnement, pour évaluer les pressions de l’homme et définir d’éventuelles actions à entreprendre.

Au final, l’indice agrège les différentes évaluations en fonction des pressions pour retenir le résultat le plus sévère. En sortie, on obtient un indice compris entre 0 et 1 avec des marches de 0,2 allant de mauvais à très bon en passant par médiocre, passable et bon. L’indice est valable pour l’ensemble de la Grande Terre et devrait s’affiner avec l’ajout de nouvelles données et donc de contribuer à l’amélioration ou la préservation de l’état de santé de nos rivières.

M.D.