Alimentation, le retour à l’essentiel

Bien manger, c’est se soigner. Mais au-delà de la santé, les Calédoniens aiment bien manger tout court. Les nombreux nouveaux marchés et événements autour de la bonne cuisine marquent la volonté d’un retour à l’essentiel, aux bons petits plats et à la convivialité.

On dépense d’importantes sommes d’argent public en campagnes de communication pour pousser les Calédoniens à mieux s’alimenter. « Mange mieux, bouge plus » de l’Agence sanitaire et sociale est la dernière en date. Une campagne qui se décline désormais sous forme de fiches donnant des astuces pratiques et concrètes pour améliorer son hygiène de vie. Il faut dire que les chiffres du surpoids et de l’obésité ont de quoi inquiéter. Plus de 54 % de la population est concernée par le surpoids. Les conséquences sont multiples et en particulier sur le plan comptable. Chaque année, l’obésité coûte plusieurs milliards de francs à la société et la tendance est plutôt à la hausse. Un constat qui impose une remise en question de nos habitudes alimentaires. Mais s’alimenter correctement est-il à la portée de tous les Calédoniens ? Et au-delà de la question des prix, peut-on facilement manger diversifié ? Quand on se pose la question des prix, on s’en pose en réalité plusieurs car le prix est intimement lié à la qualité des produits. Si l’on se concentre sur le prix à proprement parler, plusieurs études peuvent nous renseigner. Il existe les enquêtes annuelles de l’association UFC-Que choisir qui mettent chaque fois en lumière l’écart très important entre les prix métropolitains et calédoniens. Si le panier composé d’une trentaine de produits n’est pas totalement représentatif de la consommation type des Calédoniens, l’enquête donne tout de même une idée du pouvoir d’achat en tenant compte du niveau des revenus.

Forte augmentation du prix des fruits et légumes

L’enquête budget consommation des ménages de l’Isee nous donne également quelques pistes. Reste que cette étude remonte maintenant à 2008. À l’époque, l’alimentation représentait le poste de dépense le plus important dans le Nord et les Îles. En province Sud, il arrivait en seconde position derrière l’habitat. Dans le détail, les légumes ne représentaient en moyenne que 1,5 % de la dépense totale des dépenses des ménages, le pain, le poulet et le riz étaient le trio de tête des dépenses.

Les personnes percevant le SMG avaient déjà connu un bouleversement entre 2001 et 2007. Le salaire minimum avait été passé de 82 000 francs à 120 000 francs. Une deuxième augmentation importante s’est ensuite échelonnée jusqu’au premier janvier 2012 où le SMG a atteint les 150 000 francs, un salaire relativement modeste au regard du coût de la vie, mais l’évolution a néanmoins radicalement amélioré le pouvoir d’achat d’une grande partie de la population. En 2008, la moitié des Calédoniens vivaient avec au plus 144 000 francs. En 2013, ce salaire médian était de 243 000 francs.

Il faut tout de même voir que l’inflation a connu une croissance soutenue au cours de cette période de surchauffe économique. Rien que sur la partie alimentation, les prix ont bondi de 9,4 % entre la fin 2010 et 2015. Pire, ces augmentations ont tout particulièrement concerné les fruits et légumes dont les prix ont augmenté de 36,7 % et de 9,2 % sur la même période. Si la viande reste relativement peu chère, ce n’est pas du tout le cas des fruits et des légumes dont les prix sont parfois prohibitifs. Il existe toutefois de nouvelles voies d’approvisionnement, moins formelles et plus rentables que le supermarché. Le circuit court, en plein développement, en est une. Qu’il s’agisse du marché broussard comme des paniers, ces façons de commercialiser remporte un très vif succès.

Dimanche, le marché broussard réunissait les producteurs et transformateurs de produits locaux à Dumbéa. Ce rendez-vous hebdomadaire à la halle de Ducos, créé en 2011, qui est régulièrement décentralisé hors des murs de Nouméa, vise à favoriser le circuit court. Ce contact avec les producteurs a rapidement séduit les consommateurs par la diversité des produits proposés mais aussi et surtout par le rapport qualité-prix. L’agriculture raisonnée y est de plus en plus présente et les prix y restent abordables.

Dimanche matin, aux Jardins calédoniens de Dumbéa, on pouvait mesurer le succès de l’opération en mesurant les files de voitures garées sur des dizaines de mètres. L’importante participation de la population à chaque foire agricole où l’on peut trouver des produits moins chers que dans la majorité des commerces montre la volonté des Calédoniens d’avoir accès à des produits sains.

Réapprendre à cuisiner

Mais peut-être plus économique encore, les paniers, livrés à la maison ou non, se sont développés en moins de cinq ans. Ils font désormais partie du quotidien de nombreux habitants de l’agglomération qui ont ainsi leur ration hebdomadaire de vitamines. Les paniers permettent d’avoir accès à des légumes frais, de saison et à moindre coût. Il faut compter dans les 3 000 francs pour un panier correspondant aux besoins de deux personnes (en fonction des saisons), soit près de 12 000 par mois, un budget plutôt raisonnable. Et on en trouve désormais pléthore sur internet, du fruit d’importation à la production locale bio, il y en a pour tous les goûts. La seule difficulté sera d’en trouver un directement sans passer par une liste d’attente qui peut parfois être longue…Et contrairement à ce que certains peuvent penser, la production agricole locale rime bien souvent avec qualité. C’est le cas avec la grande majorité des fruits et légumes locaux et plus généralement de la viande rouge, du porc et du poulet. La différence le poulet est particulièrement flagrante. Une pétition a été lancée pour interdire l’importation des volailles premier prix que l’on trouve actuellement et qui sont importées d’Amérique. Interdites en Europe, elles sont traitées au chlore et élevées dans des conditions épouvantables. Mais ce n’est pas tout d’avoir accès à des produits de bonne qualité et diversifié. Encore faut-il les cuisiner. Et c’est peut- être en fin de compte là où le bât blesse car cuisiner demande du temps. Ce temps, il faut le prendre plutôt que de céder à la facilité des plats trop gras, trop salés et trop sucrés qui font partie du quotidien. Tous ces produits qui ne posent pas de problèmes consommés à dose homéopathique mais ont des effets désastreux absorbés en grande quantité. C’est malheureusement trop souvent le cas et leur composition hautement addictive n’y est pas étrangère.

M.Derel


Des toqués du caillou pas si fous

Nous vous en avions fait la présentation lors du lancement du site. Le principe de l’association Les toqués du caillou est relativement simple : promouvoir la gastronomie et les produits locaux via la présentation de recettes, de produits locaux et de saison et l’organisation d’événements. C’est donc la bonne adresse si vous cherchez une bonne manière d’accommoder les chouchoutes par exemple. Reste que ce site au fonctionnement participatif démarre tout juste. Il attend donc des volontaires pour envoyer quelques recettes et autres conseils culinaires. Rendez-vous sur le site http://www.lestoquesducaillou.nc/.


Des nitrites dans toutes les charcuteries !

Enfin presque. Les nitrites, ce sont ces additifs aux noms obscurs que l’on retrouve écrits en tout petit dans la composition des aliments. Le dernier magazine télévisé de France 2, Cash investigation, s’est penché sur la question de cet additif autrement connu sous le nom de E250 et classé comme cancérogène probable depuis 2006 par l’OMS. Les nitrites qui ont un effet potentiellement nocif sur la santé sont pourtant présents dans l’immense majorité des charcuteries, à commencer par le jambon et la Calédonie ne fait pas exception. Il suffit de prendre n’importe quel paquet et de vérifier qu’il contient le E25O (sont aussi concernés les E249, E251 et E252). Même dans le bio, il est conseillé de bien vérifier la liste des ingrédients. Une fois encore, si vous voulez éviter ce type de produit, favorisez le circuit court. Sur les marchés, on trouve de la charcuterie qui n’en contient pas. Le dernier numéro de Cash investigation sur l’industrie agroalimentaire est consultable sur le site www.francetvinfo.fr ou sur youtube.


Le bio en pleine croissance

Les liens entre santé et alimentation sont au cœur des préoccupations un peu partout dans le monde. C’est notamment le cas en France où les consommateurs plébiscitent les produits bio. C’est désormais 90 % de la population qui consomme régulièrement du bio et 10 % tous les jours. Le nombre d’exploitations est littéralement en train d’exploser, la France compte en 2016 pas moins de 31 880 fermes bio. Le nouveau code des aides à l’agriculture de la province Sud devrait permettre d’aller un peu dans ce sens. Il prévoit des aides spécifiques pour la reconversion des exploitations.