Le père a remporté son deuxième championnat de Nouvelle-Calédonie de rallye fin novembre, au côté d’Isabelle Verrier, sa compagne. Le fils a gagné plusieurs étapes du circuit de drift. Les victoires se préparent dans leur atelier du 4e kilomètre, berceau de la religion familiale du sport automobile.
Chez les Barbou, la pause déjeuner, c’est le nez dans le moteur. Le matin, le soir, le week-end, les jours fériés : c’est pareil ! Le père et le fils vivent pratiquement dans leur atelier du 4e kilomètre.
Pour une simple et bonne raison : les coupes ne se remportent ni sur l’asphalte de l’Arène de Païta, ni sur les pistes de Kouaoua. « C’est ici que ça se gagne », énonce Alexis, le père. Un jeu dans les transmissions, une vilaine fissure se repèrent à l’ombre de la voiture, sous le pont. Et elles se règlent.
Alexis Junior a appris la méthode du paternel. « Avec lui, c’est simple : ça tient ou ça ne tient pas. Si t’as un doute, tu démontes tout, même si ça prend une demi-journée. »
Dans l’atelier exigu, entre deux voitures et mille outils, il n’y a de place que pour la rigueur. « La compétition, ça coûte trop cher, et ça représente trop de sacrifices sur la vie privée pour bâcler les derniers réglages. C’est tout ou rien », résume Alexis.
Pour la vie de famille, il a trouvé une solution. Sa copilote, Isabelle Verrier, est aussi sa compagne. Junior applique la même méthode. « Je suis en train d’apprendre à conduire à ma copine, et je lui prépare une voiture de drift. » Et pour limiter les sacrifices financiers, les Barbou fabriquent eux-mêmes les pièces les plus coûteuses.
Investissements
En compétition, ils peuvent compter l’un sur l’autre : Alexis assure l’assistance de son fils en drift, Junior assiste son père sur les rallyes, et les copains complètent l’équipe.
Malgré tout, une saison représente quelques millions de francs, au minimum. Alors, hors de question de gaspiller. « Si tu penses d’abord à dépenser dans les casquettes, les t-shirts personnalisés… Ah t’es beau, tu brilles… Mais tu ne vas pas durer. »
Alexis, lui, ne saurait même plus dire en quelle année il a commencé la compétition. Il y a 30 ans, plus ou moins, du temps des rallyes-raids en Range Rover. Il en a les yeux qui brillent. « C’était gros, lourd… mais il y avait beaucoup, beaucoup de plaisir. C’était une autre époque. »
Les temps ont changé, et le pilote aussi. « J’aime toujours gagner, mais je n’ai plus cette soif de victoire. Maintenant, je roule pour le plaisir de la vitesse et de la glisse. »
Junior, lui, a très soif. Depuis son baptême du feu en 2017 à Moindou, il vit pour le championnat de drift. « Ce qui me motive, c’est d’essayer d’être le meilleur au volant quand les meilleurs sont tous présents. Et perdre, c’est valable aussi… J’ai encore plus hâte d’y retourner la fois d’après. »
En rallye, il y a deux écoles. « Jean-Louis Leyraud, c’est la perfection, la bagnole ne part jamais trop en travers », décrit Steeve Rothery, responsable des commissaires de course au sein de l’Association sportive automobile de Nouvelle-Calédonie (Asanc).
Et puis il y a Alexis Barbou. « Il fait des temps, et il a une conduite spectaculaire. Parfois, on se demande s’il cherche à casser la voiture… Dans un virage où tu peux passer en travers, il va mettre la voiture en travers et il va balancer des cailloux aux spectateurs, c’est sûr ! Et c’est pour ça qu’il a autant de fans. Les Calédoniens veulent du spectacle, ils aiment la glisse. Si tous les pilotes allaient droit, je ne sais pas si les gens iraient voir les courses… »
La personnalité du pilote fait aussi sa popularité. « Toujours sympa, toujours serviable avec les gens. Alexis, c’est la joie de vivre. »
Texte et photo : Gilles Caprais