Alexandre Gané, impatient de retrouver des rivalités

Le nageur de Dumbéa a fait le choix, peu commun parmi les pépites calédoniennes, de rester jusqu’au bac. Pour l’an prochain, il réfléchit à rejoindre un centre d’entraînement de Métropole, promesse de meilleures conditions d’entraînement et de l’adversité qu’il recherche.

John-William Dabin, Malou Douillard, Ethan Dumesnil, Lillie Freulon… La relève de la natation est partie à la chasse aux records dans les centres de formation de Métropole. Toute ? Non. Alexandre Gané résiste encore et toujours à la tentation du départ. Certainement pas par manque d’ambition, plutôt par volonté de ne pas brûler les étapes. « On en a régulièrement discuté avec mes parents et mon entraîneur, ces dernières années. C’est moi qui ai pris la décision de rester. Pour avoir l’esprit libre, je veux d’abord passer le bac », explique le champion de France juniors 2021 du 200 mètres 4 nages, qui compte devenir kinésithérapeute dans quelques années. Si le plan se déroule comme prévu, il sera bachelier en décembre. La fameuse question – partir ou ne pas partir – se reposera. Et la réponse sera certainement différente.

« IL AIME LE DÉFI »

En l’absence de ses rivaux – John- William Dabin sur sa distance favorite, en particulier – Alexandre Gané règne sans partage sur les compétitions locales. Aux championnats territoriaux, au mois de juin, il a réalisé une moisson : sept titres en individuel, trois de plus en relais. Le retour en Nouvelle-Calédonie de Thibaut Mary lui a apporté une forte opposition sur le sprint court, en crawl et en papillon, mais cela ne suffit plus. Alexandre trépigne.

« Normalement, je ne devrais pas avoir besoin de ça pour donner le meilleur de moi-même… Mais je crois que je recherche cette opposition. Elle m’aide à me surpasser. » « Il aime le défi, le jeu, il a besoin de côtoyer des nageurs plus forts que lui », confirme son entraîneur, Anthony Guillamin, qui l’envoie aussi souvent que possible se frotter aux meilleurs Australiens. À Adélaïde, en avril, le sportif a établi son record (2 minutes 8 secondes et 35 centièmes), terminant à la troisième place des championnats nationaux. Mais les escapades ne suffisent plus.

Gilles Caprais

Les horaires aménagés, encore jugés insuffisants

« Il est un exemple pour les autres nageurs de Dumbéa, mais il n’est pas le plus à l’aise dans ce rôle de moteur, estime Anthony Guillamin. Il a besoin de trouver un groupe d’entraînement homogène, d’être au milieu de nageurs qui ont les mêmes objectifs que lui. Et surtout, d’avoir plus de temps pour s’entraîner. » Le dispositif calédonien des classes à horaires aménagés, jugé insuffisant par des entraîneurs venus de différentes disciplines (athlétisme, handball, cyclisme…), reçoit ici un nouveau coup de griffe. « En Métropole, les nageurs de son âge peuvent s’entraîner 30 % de plus. La différence est énorme. » Les séances y sont plus nombreuses, plus longues, plus intenses. « Alexandre est parti avec une longueur d’avance physiquement. S’il répond bien à cette charge d’entraînement, ça peut faire des étincelles », assure son entraîneur.

Soutiens

Avant un éventuel départ en Métropole, Alexandre Gané s’est fixé quatre objectifs : se qualifier aux championnats de France élite, aux Europe juniors, briller aux Jeux du Pacifique, et obtenir son bac. « Ma mère est enseignante, elle m’aide beaucoup sur la partie scolaire », dit celui qui espère intégrer une école de kiné ou, à défaut, une fac de droit. « Et pour le côté sportif, je peux compter sur le soutien de mon père », Laurent Gané, champion olympique de vitesse par équipes (cyclisme sur piste) en 2000, à Sydney.

La rencontre avec Manaudou, un déclencheur

Alexandre Gané a pratiqué le VTT, le karaté, le judo avant de se concentrer sur sa discipline actuelle. « Si j’aime la natation, c’est grâce à Nicolas Manaudou », ancien nageur, entraîneur, frère de Laure et Florent Manaudou, passé par Dumbéa il y a cinq ans. « Je l’ai tout de suite apprécié, et il m’a aidé à franchir un cap. »