La directrice du Pôle export de la musique et des arts salue l’initiative du Mouv’ pour valoriser le kaneka, notamment auprès de la jeunesse. La diffusion locale est un axe essentiel de développement pour espérer briller plus largement.
DNC : Le kaneka a-t-il toujours une audience dans la région Pacifique ?
Alexandre Gardner : : il suffit de se rendre au Vanuatu, à Fidji ou encore à Tahiti pour l’entendre sur les ondes radiophoniques. Les liens culturels et naturels entres les artistes de la région permettent de maintenir des projets, mais nous notons quand même que la demande des diffuseurs de concerts dans ces pays s’oriente ces dernières années vers les musiques actuelles, telles que le rap ou l’électro, ou reste très imprégnée des couleurs reggae.
Comment faire pour que le genre puisse percer en Métropole ou à l’international ? Y a-t-il un besoin pour les artistes de se renouveler ?
La musique est une affaire de goût, et nous ne pouvons que constater que les goûts du Pacifique ne sont pas les mêmes que les goûts européens ou asiatiques. Pour exemple, la musique chinoise est très populaire en Chine : de nombreux artistes chinois ont une réelle notoriété dans leur pays mais, pour autant, cette musique ne perce pas en Europe. Elle peut susciter de la curiosité culturelle sans pour autant développer une vraie économie.
Il appartient donc aux artistes calédoniens de faire des choix artistiques s’ils souhaitent trouver un public à l’international. »
Il appartient donc aux artistes calédoniens de faire des choix artistiques s’ils souhaitent trouver un public à l’international. Et il y a encore tant de belles choses à valoriser dans la musique kanak, je pense notamment aux polyphonies. Il y a aussi d’autres formes d’instrumentation qui peuvent aussi être explorées telles que les cordes ou les cuivres pour sortir du format « guitare clavier basse batterie » qui est très américain.
Le circuit local des concerts ou les médias ont-ils un rôle à jouer ?
Oui, plus on donnera les moyens aux artistes d’être diffusés localement, plus ils auront l’occasion de confronter leurs créations auprès de différents publics et de se distinguer dans l’originalité.
Propos recueillis Chloé Maingourd
Photo : Archives DNC / A.-C.P