Aircalin choisit Airbus

Aircalin, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et Airbus ont signé mardi un protocole d’accord pour l’achat de quatre nouveaux avions, attendus entre 2019 et 2021. De quoi asseoir la stratégie de développement de la compagnie.

 « Un événement majeur pour une compagnie de cette taille. » C’est en ces termes que Bernard Deladrière, président du conseil d’administration de la compagnie calédonienne, a salué le contrat passé avec le constructeur européen Airbus pour le renouvellement total de notre flotte aérienne à l’horizon 2021. Au terme d’une mise en concurrence de trois années entre Airbus et Boeing, c’est le premier qui a finalement remporté la compétition, avec un engagement sur la vente de deux A330neo et de deux A3320neo (new engine option).

Ce sont évidemment des « raisons économiques » qui ont pesé dans ce choix, a souligné Didier Tappero, directeur général d’Aircalin. Sachant que trois principaux éléments sont pris en compte : la consommation de carburant, le coût de maintenance et le prix de la coque pour parvenir au final au coût d’exploitation au siège le plus intéressant.

En restant avec Airbus et grâce à « la similarité unique des nouveaux A320 et A 330 avec les anciens », Aircalin s’assure par ailleurs « une transition sans heurts ». Les représentants calédoniens évoquent une « bonne opération » mais rien ne filtre, sans surprise, sur le prix de vente final. La base des négociations reposant à titre indicatif sur un prix « catalogue » de 287 millions de dollars US pour un A330neo et 107 millions de dollars pour un A320neo.En restant avec Airbus et grâce à « la similarité unique des nouveaux A320 et A330 avec les anciens», Aircalin s’assure par ailleurs « une transition sans heurts ».

Les représentants calédoniens évoquent une « bonne opération » mais rien ne filtre, sans surprise, sur le prix de vente final. La base des négociations reposant, à titre indicatif, sur un prix « catalogue » de 287 millions de dollars US pour un A330neo et 107 millions pour un A320neo.

Économies et confort

L’ambition était connue. Avec des avions arrivés à maturité (14 ans en moyenne), face à des coûts de maintenance exponentiels, un plus grand risque d’irrégularités sur les programmes de vols, et pour rester « attractif » également, il fallait « préparer l’avenir ».

L’arrivée des nouveaux avions aura un impact sur les finances de l’entreprise d’abord avec des économies générées « dès la mise en service de la nouvelle flotte ». Ces économies seront de l’ordre d’un milliard de francs de charge de maintenance en moins par an (qui dit avions modernes dit aussi programmes de maintenance allégés) et de 800 millions de carburant en moins (soit une économie de 14 % sur les 30 à 35 % que représente le carburant sur les charges totales). Airbus parle ici des « appareils les plus économes en carburant du monde ».

La capacité a par ailleurs été augmentée avec 300 sièges contre 266 aujourd’hui sur l’ A330 et 170 pour les A320 contre 146 et 158 à l’heure actuelle. Il y aura aussi un impact sur l’environnement : ces avions modernes consomment moins pour une capacité plus importante. Enfin, évidemment, le confort se verra drastiquement amélioré pour les passagers, les appareils flambant neufs présentant des cabines « spacieuses, aérées, lumineuses » et les technologies « next generation » qui permettent notamment d’avoir une connexion internet en plein vol. Un confort non négligeable pour les Calédoniens mais également pour nos touristes.

Perspectives de développement

Dès l’origine du projet, Aircalin souhaitait inscrire le renouvellement de sa flotte dans une démarche globale, liée à la fois à l’évolution des marchés, à sa stratégie d’entreprise et à celle de la Nouvelle- Calédonie en matière de continuité territoriale et de développement touristique. Une stratégie de développement arrêtée par le gouvernement et le Congrès (la Nouvelle-Calédonie étant actionnaire à 99 % via l’agence pour la desserte aérienne) et dénommée « Aircalin 2021 ».

Malgré des résultats équilibrés et « légèrement positifs » pour la troisième année consécutive, Aircalin doit veiller à améliorer encore son modèle économique. La nouvelle flotte va permettre d’augmenter les capacités pour répondre aux évolutions du trafic, d’assurer une « image » et d’assurer le renforcement des liaisons et l’ouverture éventuelle de nouvelles lignes. Dans le choix de sa flotte, Aircalin a effetivement pris en compte l’opportunité d’ouvrir de nouvelles destinations long courrier. À ce sujet, une étude menée par IATA Consulting a démontré que Hong Kong et surtout Shanghai, en Chine, étaient les plus à même de générer des touristes pour la Nouvelle-Calédonie, en considérant évidemment que d’importants investissements de promotion soient réalisés sur ces nouveaux marchés…

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Christopher Buckley, vice-président exécutif des ventes à Airbus, Bernard Deladrière, président d’Aircalin, et Didier Tappero, directeur de la compagnie.


Une « bonne affaire » aussi pour Airbus

Alors qu’Airbus négocie avec des « monstres » tels qu’Emirates ou Air France, que pas moins de 300 A330neo ont déjà été vendus dans le monde, le deal avec la compagnie locale portant sur quatre avions n’est pas pour autant insignifiant, a fait valoir Christopher Buckley, vice-président des ventes pour l’Europe, l’Afrique et l’Asie-Pacifique. « Nous sommes très heureux qu’Aircalin ait opté pour nos appareils. Les fondations d’Airbus reposent également sur une base de clients fidèles comme Aircalin, qui, depuis 14 ans, est un symbole de la marque », a-t-il souligné, ajoutant qu’il s’agirait peut être des premiers avions neo dans la région. De fait, Airbus reste vigilant sur les « opportunités » dans la zone Australie, en Nouvelle-Zélande et dans les îles du Pacifique.


Le schéma de financement

Le financement de ces nouveaux avions sera réparti a priori comme suit : 25 % pour Aircalin, 25 % au titre de la défiscalisation outre-mer (le dossier a été déposé à Bercy), et 50 % au titre d’emprunts aux banques. Aircalin récupérera la somme des ventes des anciens avions, assurée par Airbus.


Le marché chinois en ligne de mire

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Alors qu’Aircalin lorgne sur la Chine, il en va de même pour les hôteliers. Jean Rambaud vice président et porte-parole de l’Union des hôtels de Nouvelle-Calédonie a récemment démarché le marché touristique chinois afin de « prendre les devant ».

À Shanghai et à Pékin, Jean Rambaud a présenté la Nouvelle-Calédonie à 70 Tour-Opérateurs et agents de voyages. Suite à cette visite, deux Tour- Opérateurs ont été invités à découvrir la destination et cinq autres professionnels sont attendus au mois de décembre. Globalement la destination séduit : À la fois balnéaire et urbaine, sécurisée et bénéficiant d’infrastructures modernes, la Nouvelle-Calédonie a beaucoup de potentiel, et l’avantage de présenter peu de décalage horaire.

Se pose maintenant la question du trajet : une nuitée est imposée actuellement sur les trajets, à Tokyo et Osaka. Sydney demeure l’escale la plus simple et l’on pourrait même envisager une ligne directe estimée à 9 ou 10 heures. Cette question est entre les mains d’Aircalin et du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.

Mais il y a surtout le problème, connu, des difficultés liées à l’obtention des visas : le territoire n’étant pas une destination accréditée par la Chine (contrairement à Tahiti ou à Fidji par exemple). Ces difficultés, évoquées depuis plusieurs années reviennent à l’ordre du jour à mesure que le démarchage de ces touristes se fait pressant. Et leur résolution dépend toujours d’une volonté politique, en particulier des gouvernements de la Nouvelle-Calédonie et de France.

Fruit du hasard ou non, une nouvelle occasion s’est présentée cette semaine pour les Calédoniens de se faire rappeler au bon souvenir des Chinois avec la venue concomitante d’une délégation de l’Association du peuple chinois pour l’amitié avec l’étranger (APCAE), une association qui joue un rôle majeur dans la diplomatie chinoise, invitée par l’association d’amitié sino-calédonienne. Conduite par le vice président de l’association Xie Yuan, vice-ministre d’État en République populaire de Chine, la délégation a rencontré les institutions locales ainsi que les forces vives du territoire. L’occasion de promouvoir les échanges culturels, sociaux, économiques, les investissements des entreprises chinoises et… le tourisme.

La thématique chinoise va rester à l’ordre du jour ces prochaines semaines : les hôteliers attendent la restitution d’une étude relative au marché Chinois par le GIE NCTPS. Une étude « qui ne pourra être que positive » selon Jean Rambaud si l’on considère que « les touristes chinois ne demandent qu’à voyager, vers de nouvelles destinations, et que la Nouvelle-Calédonie a besoin de touristes ». Le sujet pourrait aussi être abordé lors de la restitution officielle des Ateliers du tourisme (2015 !) en présence de la ministre des Outre-mer le 9 décembre. Il faudra au final, une « osmose » entre les politiques, les hôteliers, l’aérien, et le service de promotion du territoire pour réussir le pari chinois.

Le marché représente 70 millions de touristes « haut de gamme », 128 millions de voyageurs (chiffres 2 015) à la recherche de nouvelles destinations. Les hôtels Calédoniens ont eux besoin d’oxygène, de protéger leurs emplois (5 500 familles vivent du tourisme) voire d’en créer d’autres. Sachant qu’un touriste rapporte environ 230 000 francs à la Calédonie… L’équation est assez simple.

C.Maingourd