Le récap de l’actualité du Pacifique

Polynésie, Australie, Japon… Que s’est-il passé chez nos voisins cette semaine ? Tour des informations marquantes des sept derniers jours dans le Pacifique.

Polynésie : victoire historique des indépendantistes

Le Tavini huiraatira a remporté les élections territoriales dimanche 30 avril. La liste, portée par le leader et ancien président Oscar Temaru, est arrivée en tête avec 44,2 % des voix contre 38,5 % pour Édouard Fritch, président sortant. Les indépendantistes obtiennent ainsi une majorité absolue de 38 sièges sur les 57 que compte l’Assemblée territoriale, leur donnant les coudées franches pour diriger le pays pendant cinq ans. Une première. Moetai Brotherson, gendre d’Oscar Temaru, est pressenti pour devenir le président du futur gouvernement. Le scrutin doit se tenir le 10 mai. L’actuel député est réputé plus modéré et, surtout, fédère au-delà du camp indépendantiste traditionnel. Pendant la campagne, il a axé son discours sur le pouvoir d’achat, reléguant la question d’un référendum d’autodétermination dans dix ou quinze ans, selon une déclaration à l’AFP, même si les vainqueurs ont réaffirmé leur volonté de s’affranchir de la France dès la proclamation des résultats. Il a également bénéficié du rejet d’Édouard Fritch.

Au pouvoir depuis neuf ans, la tête de liste du Tapura huiraatira a pâti de sa gestion de la crise Covid et de l’inflation subie par la Polynésie l’an dernier, notamment parce qu’il a instauré une nouvelle TVA pour préserver la sécurité sociale. Ce résultat fait suite à celui des législatives de juin 2022, où le Tavini avait raflé les trois sièges de députés. Le ministre de l’Intérieur a réagi à ce résultat sur Twitter. Gérald Darmanin estime que « les Polynésiens ont voté pour le changement. Le gouvernement prend acte de ce choix démocratique. Nous travaillerons avec la majorité nouvellement élue avec engagement et rigueur, pour continuer d’améliorer le quotidien de nos concitoyens polynésiens ». En marge de son déplacement à Paris, Louis Mapou a estimé que la forte mobilisation des Polynésiens « démontre une réelle volonté de s’affirmer dans le cadre des enjeux électoraux et des perspectives sur la situation de la Polynésie française ».

Après les législatives l’an dernier, cette nouvelle victoire donne du poids au Tavini face à l’État pour négocier un référendum d’autodétermination. © Suliane FAVENNEC / AFP

En Nouvelle-Zélande, la population de kiwis augmente à nouveau

C’est un petit miracle pour l’emblème de Aotearoa, cet oiseau de nuit endémique menacé d’extinction. Il en resterait 70 000 contre des millions avant l’arrivée des colons européens. Incapable de voler, cet animal est la proie des chats, chiens, hermines, furets, etc. Un vaste programme de conservation, lancé en 2016 par Capital Kiwi Project, un organisme alimenté par des subventions gouvernementales et des dons privés, commence à porter ses fruits. Grâce à des projets de sauvegarde, la population de kiwis croît à nouveau. Les propriétaires de chien ont été formés pour leur apprendre à se tenir à l’écart des oiseaux. Et une campagne d’élimination d’hermines a été menée en novembre 2022. Un premier groupe de spécimens a été relâché à Wellington. « Deux mois après, nous avons été ravis de constater qu’ils avaient pris du poids, se réjouit Paul Ward, président de Capital Kiwi Project. Il y a beaucoup de nourriture pour eux sur ces collines. » Dans les cinq ans à venir, 250 devraient être réintroduits dans la région. Ce qu’aimerait Paul Ward ? Que le cri strident si caractéristique du kiwi fasse partie du quotidien des habitants. « Nous devons veiller sur l’animal qui nous a donné son nom. »

Ātārangi, un kiwi mâle, fait partie des oiseaux qui, pour la première fois depuis un siècle, gambadent à nouveau sur les collines verdoyantes de Wellington. © Ryland JAMES

La pilule abortive autorisée au Japon

La pilule abortive du laboratoire britannique Linepharma, qui permet de mettre fin à une grossesse jusqu’à neuf semaines, a été autorisée par le ministre de la Santé japonais, vendredi 28 avril. Cette méthode est légalisée dans de nombreux pays, dont la France depuis 1988. Le coût de cette pilule devrait s’élever, selon la télévision publique NHK, à 80 000 francs environ, non remboursés par l’assurance maladie. Un mouvement de militants lutte également pour un meilleur accès à la pilule du lendemain, qui ne peut être achetée sans l’accord d’un médecin et n’est pas prise en charge. L’avortement, légal au Japon depuis 1948 jusqu’à 22 semaines de grossesse, nécessite le consentement du conjoint et une intervention chirurgicale.

L’Australie veut limiter le vapotage

Le ministre de la Santé australien a annoncé, mardi 2 mai, la mise en place de mesures strictes contre le vapotage : interdiction des cigarettes électroniques à usage unique, arrêt des importations des versions délivrables sans ordonnance et restriction de la quantité de nicotine. Mark Butler accuse l’industrie du tabac de vouloir rendre les adolescents « accros à la nicotine ». « Le vapotage est devenu le problème comportemental numéro un dans les lycées et il se répand dans les écoles primaires », a-t-il déclaré. Les cigarettes électroniques seront toujours autorisées, mais uniquement sur ordonnance, comme aide pour arrêter de fumer.

Joe Biden en Papouasie-Nouvelle-Guinée

Il s’agit d’un déplacement inédit pour un président des États-Unis. Particulièrement bref, trois heures dans la matinée du lundi 22 mai, mais symbolique. Joe Biden doit rencontrer les membres du Forum des îles du Pacifique à Port Moresby avec Narendra Modi, Premier ministre indien. Il devrait être question d’économie, de sécurité et de changement climatique. Washington essaye ainsi de contrebalancer l’influence chinoise dans la région. Le chef de l’État doit également assister à un sommet du G7 à Hiroshima et à un autre à Sydney, avec l’alliance informelle Quad (Japon, Australie et Inde).