Unité autour du FLNKS avant l’arrivée du ministre

Lors de son 41e congrès, le FLNKS a obtenu la confiance de toute la mouvance indépendantiste pour entamer les discussions avec l’État vendredi. Avec un seul objectif : l’accession du pays à la pleine souveraineté.

Une image d’unité avant de passer aux choses sérieuses. Et un soutien entier à la structure FLNKS pour mener la barque. Voilà le message envoyé au terme du congrès organisé durant deux jours, le week-end dernier, à la salle omnisports de l’Anse-Vata à Nouméa.

Les partis historiques du Front (Union calédonienne, Palika, RDO, UPM) et plus largement les organisations nationalistes, progressistes, coutumières, religieuses et ONG (Parti travailliste, USTKE, DUS, MOI, Instance coutumière de discussion Inaatr Ne Kanaky, comité Rhéébù Nùù, EPKNC, Insoumis, etc.) ont émis une déclaration pour valider « la trajectoire commune fixant le cadre des bilatérales » avant l’arrivée ce vendredi 3 mars du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin. Seul le MNIS n’était pas représenté, mais a affirmé son soutien au FLNKS par communiqué.

DÉCLARATION COMMUNE

La bonne nouvelle est que les indépendantistes sont désormais ouverts aux discussions, 15 mois tout de même après la troisième consultation qu’ils considèrent toujours comme un « affront » au peuple de Nouvelle-Calédonie. Ces discussions, disent-ils, ne peuvent se tenir qu’en « bilatérales de décolonisation », dans l’objectif de « poser ensemble le cadre de l’accession à la pleine souveraineté et l’indépendance ».

Une unité « claire et solidaire » doit être consolidée derrière le FLNKS à tous les niveaux, « sur le terrain, dans les institutions, le plan régional, national et international » pour parvenir à l’objectif ultime et « faire bloc » contre les projets des non-indépendantistes. Pour une meilleure coordination, les organisations politiques, religieuses et coutumières sont associées au CSI, comité stratégique indépendantiste.

« MATURITÉ »

« On peut considérer que ce congrès est historique, a commenté Pascal Sawa, premier secrétaire général adjoint de l’UC à l’animation du bureau politique du FLNKS. Nous avons souvent eu des combats qui sont différents sur des sujets annexes. Là, le mouvement se resserre autour du front et de l’essentiel. » Même avis pour André Forrest de l’USTKE : « C’est un jour de fierté. Ça fait longtemps qu’on attendait ce moment-là. »
« Il ne faut plus dévier de la trajectoire, a prévenu Christian Tein, commissaire général de l’Union calédonienne lors de la coutume d’au revoir. Il faut faire taire ce qui nous divise. L’État colonial sait diviser. Il ne faut pas reproduire ce qu’il s’est passé à Wadrilla, a-t-il exhorté en référence à l’assassinat de Tjibaou et Yeiwéné en 1989. On sait que les choses ne seront pas faciles parce que celui qui est en face de nous ne nous fera pas de cadeau. »

 

RÉACTIVATION DE LA CELLULE FLNKS
AU FER DE LANCE

Le directeur général du Groupe du fer de lance mélanésien (GFLM), qui assistait au congrès, a annoncé le rétablissement de la cellule du FLNKS au sein du secrétariat avec le budget nécessaire.
Le FLNKS doit nommer un représentant. Le GFLM restera aussi très vigilant à l’éventuelle désinscription de la Nouvelle-Calédonie de la liste onusienne des territoires non autonomes, a-t-il assuré. Ces territoires sont considérés par les Nations unies comme non décolonisés.

 

Au nom des grands chefs, Luc Wema, ancien président du Sénat, a aussi estimé qu’il était important « d’aller jusqu’au bout de notre combat. C’est un combat qui est digne. Il est important de faire la démonstration à l’État que nous sommes toujours là et qu’une seule parole soit dite au nom du peuple kanak. C’est un signe de maturité. »

NE PAS TROP EN DIRE

Les journalistes n’ont pas pu assister aux discussions générales. Et pour l’heure, on ignore quelle est précisément la stratégie des indépendantistes, le calendrier visé. On sait que les avis divergeaient jusqu’ici, notamment entre l’UC et le Palika. Selon les dires de Pascal Sawa, le congrès n’a pas donné lieu à des débats sur le fond.

Ces éléments devaient être discutés mardi 28 février « en mode resserré » en bureau politique, puis avec tous les membres du CSI. Pareil pour les nominations des personnalités habilitées à négocier. « Notre stratégie est de ne pas trop donner d’infos », résume très bien Pierre Wong de l’UPM à la tribune. « Les choses seront posées avec le ministre », complète Pascal Sawa. Les Calédoniens devront attendre.

Chloé Maingourd

Photos : 400 à 500 personnes ont assisté au 41e congrès du FLNKS, samedi 25 et dimanche 26 février, à Nouméa. / © C.M.

UNE VISITE DE TROIS JOURS POUR LE MINISTRE
Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, était attendu dans la nuit de jeudi 2 à vendredi 3 mars en Nouvelle-Calédonie, pour repartir dimanche soir. Il passera la matinée de vendredi en province Nord avec le président Paul Néaoutyine.
L’après-midi, il rencontrera le président du Congrès, Roch Wamytan, avant la réunion bilatérale avec la délégation du FLNKS. Samedi matin, rendez-vous est donné à Port-Vila au Vanuatu. Il doit y rencontrer l’ambassadeur de France, le Premier ministre, et plusieurs autres membres du gouvernement avant un échange avec la communauté française.
Il reviendra dans l’après-midi pour des entretiens avec les policiers, puis avec Sonia Backes en tant que présidente de la province Sud, l’inauguration du bureau consulaire du Japon, et enfin une réunion bilatérale avec les responsables non-indépendantistes.
Le programme de dimanche n’était pas encore connu à l’heure où nous écrivions ces lignes. Le ministre délégué à l’Outre-mer, Jean-François Carenco, devait l’accompagner et se rendre à Wallis.