3 Questions à Jean Rambaud

L’Union des hôteliers de Nouvelle-Calédonie interpelle de nouveau le gouvernement sur la concurrence faite aux établissements par la location de meublés entre particuliers de type Airbnb. Le préjudice est énorme, estime Jean Rambaud, le président de l’Union qui réclame que l’on contrôle et taxe ces locations.

Pourquoi revenir à la charge sur ce sujet ?

Jean Rambaud : Si nous revenons sur ce problème grave qu’est le phénomène Airbnb, c’est pour une raison très simple : il y a un an, il y avait 30 offres sur la Nouvelle- Calédonie et aujourd’hui il y en a 277. Le phénomène prend des proportions très importantes et concerne désormais 25 % de la clientèle australienne et une très forte part de la clientèle métropolitaine. C’est une concurrence tellement déloyale qu’on ne peut pas laisser faire. Nous, hôteliers, créons des emplois, payons des salaires et on ne peut pas se permettre dans un tourisme aussi fragile qu’en Nouvelle-Calédonie d’avoir une concurrence qui ne paye ni taxes, ni impôts, ni charges et n’a ni règles de sécurité ou autres et qui profite en plus de la promotion que nous nous payons à travers les GIE pour la Nouvelle-Calédonie.

Aujourd’hui c’est clair, il y a une progression du tourisme de plus de six points et dans les hôtels la progression est de 0,6. Sur 194 000 touristes, il y a donc environ 6,15 % qui s’en vont sûrement sur Airbnb. Après, si la fréquentation hôtelière n’augmente pas et qu’elle diminue, que va t-on faire ? Nous avons une masse salariale qui représente 45 à 50 % du chiffre d’affaires. Nous avons 5 500 emplois dans le tourisme… Eh bien, on va être obligé de licencier. Vous allez voir ce que les 5 500 familles vont dire… Et pour l’instant, nous n’avons pas eu de réponse du gouvernement.

Le gouvernement précise que les personnes qui pratiquent Airbnb sont taxées au titre de l’impôt sur le revenu, sont tenues de déclarer ces revenus, d’avoir une patente et d’assumer les contributions qui vont avec…

J.R : Ils ne font rien de tout ça ! On sait très bien que les gens qui louent par Airbnb ne sont pas patentés et ne déclarent rien. Il suffit de vérifier s’il y a bien 277 patentes en plus. C’est un phénomène mondial ! Berlin a interdit Airbnb ; à Paris, les hôteliers ont fait savoir qu’ils ne verseraient pas la taxe de nuitée pour protester, à Barcelone, ils font les choses sur dénonciation… Ces choses-là n’arrivent pas par hasard. Nous demandons que le gouvernement prenne enfin des mesures comme dans certains pays. Sinon, on fera peut-être comme à Paris et les hôtels ne paieront plus de nuitées.

Pour ceux qui disent que l’hôtellerie est trop chère ?

J.R : Mais l’hôtellerie, c’est du service, il faut payer les employés, les prestations, de la sécurité, etc. Sachez que l’on est moins cher que Fidji, le Vanuatu, on est trois fois moins cher au Hilton que celui de Sydney ! C’est une plaisanterie.

C.M.