24 septembre : Une fête qui reste à inventer

La Fête de la citoyenneté a été célébrée par le biais de plusieurs manifestations, mardi, toutes n’ayant pas la même symbolique. Comment parvenir à rassembler sur une date qui divise à l’origine ? Le gouvernement, qui a pour mission de poser les bases de la citoyenneté, veut poursuivre la réflexion… 

Même si un important chemin a été parcouru, la Nouvelle- Calédonie a toujours du mal à se fédérer autour de cette date du 24 septembre, marquant la prise de possession, en 1853, de la Nouvelle- Calédonie par la France.

Cette année encore, plusieurs types de manifestations étaient organisées. À Nouméa, le centre culturel Tjibaou a accueilli une journée multiculturelle. Le gouvernement a réuni les différentes communautés et les établissements culturels publics pour une journée d’échange et de réflexion. Kanak, Wallisiens, Tahitiens, Antillais, Indonésiens, Chinois, Arabes ont mis en avant leurs us et coutumes. On a vu, par exemple, des danses polynésiennes, du batik sur tapas, le service du thé à l’orientale. Des forums citoyens ont aussi abordé la construction de l’identité calédonienne, ce qui finalement nous rassemble et la place et le rôle que chaque communauté joue et entend jouer dans cette société.

Thierry Timan, représentant l’association indonésienne, qui participe depuis plus de quinze ans à cette journée et compte de nombreuses collaborations artistiques multiculturelles, a insisté sur l’importance de ces moments. « La devise de l’Indonésie est l’unité dans la diversité et c’est cela que nous essayons de transmettre aux jeunes générations. Je souhaite que l’on puisse continuer à partager nos différences tout en se comprenant les uns et les autres. Ça devrait être fait au quotidien, mais c’est déjà ça. »

« Grand défi »

En parlant du 24 septembre, Didier Poidyaliwane, membre du gouvernement en charge de la culture et de la citoyenneté, a évoqué le « grand défi » d’en faire une date qui rassemble. « C’est très compliqué parce que dans chaque communauté, il y a des extrêmes ». Il s’est dit conscient du chemin qui reste à parcourir, mais s’est aussi dit « plein de confiance » à l’égard des Calédoniens.

Et alors que Générations NC a proposé de plutôt s’orienter sur le 26 juin, date de la poignée de main entre Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur, le représentant de l’exécutif a trouvé dommage que le thème soit porté de cette manière abrupte, politique, plutôt que par le biais de la réflexion et de la discussion notamment par des journées comme celle- ci. « Aujourd’hui, finalement, on est encore à la recherche du consensus sur la date, sur le lieu, sur le drapeau, sur les signes identitaires, sur plein de choses… »

Personnellement, Didier Poidyaliwane, estime qu’il est tout à fait possible de se construire autour d’une telle date, à l’instar d’autres pays. « L’abandonner, ce serait quelque part une manière de contourner, d’éviter, sans régler le problème. Mais bien sûr que l’on ne passera pas en force. » Et le membre du gouvernement de rappeler les concessions faites en particulier par les indépendantistes, qui ont accepté politiquement de « passer du deuil national à la Fête de la citoyenneté. Ce qui n’est pas rien. » Didier Poidyaliwane, qui a pris récemment ses fonctions, entendait profiter de cette journée pour voir comment s’organiser dans le futur. Il espère simplement avoir le « temps et la possibilité de travailler » dans cette mandature qui sera particulièrement politique.

Sur la place du Mwâ Kââ, les stands étaient justement nettement plus politiques. La plupart des mouvements indépendantistes ont répondu présent afin de sensibiliser la population. Un stand permettait, notamment, de vérifier son inscription sur la liste électorale spéciale en vue du prochain référendum, qui devrait être organisé en fin d’année 2020. De nombreux concerts ont également ponctué la journée.

La fête du 24 septembre était par ailleurs célébrée à Bourail où les communautés se sont retrouvées autour de fours kanak, de lap lap, de crêpes ou encore de couscous. Autant de spécialités culinaires illustrant la diversité des communautés sur la commune, qui fêtait pour la première fois cette richesse.

C.M. et M.D.