La vaccination comme espoir

L’introduction du virus sur le territoire a eu pour conséquence l’accélération de la campagne de vaccination. Et tandis qu’une partie de la Nouvelle-Calédonie milite toujours pour la fermeture de l’aérien, une autre espère que cette campagne permettra, au contraire, de rouvrir les frontières, voire de se passer de quatorzaine pour les personnes vaccinées. À ce niveau, rien ne sera simple…

À ce jour, plus de 24 000 doses ont été administrées. 5 860 personnes sont désormais vaccinées avec deux injections et 18 572 ont reçu la première. Le nombre de vaccinations par jour est monté jusqu’à près de 1 800 en début de semaine dernière avant un fléchissement, à un peu moins de 1 000 cette semaine.

La Nouvelle-Calédonie a rapidement administré ses doses existantes du vaccin Pfizer, grâce à l’ouverture de nouveaux centres et à l’afflux de volontaires. Par conséquent, dans l’attente de nouvelles doses et pour s’adapter au quota que nous recevrons désormais chaque semaine, un certain nombre de rendez-vous doivent être reportés. 9 360 doses sont attendues cette semaine, 5 850 la semaine prochaine et 9 360 les deux semaines suivantes. Les deuxièmes injections et les vaccinations des personnes fragiles sont maintenues de façon prioritaire. Au 16 avril, un total d’environ 61 000 doses auront été envoyées par la France pour la vaccination de 30 500 personnes.

Quels objectifs visés ?

Alors qu’un nombre toujours plus important de Calédoniens se présente à la vaccination, le débat émerge sur les droits et les libertés que cette procédure devrait supposément octroyer. Certains, en effet, estiment qu’une vaste campagne devrait permettre prochainement de réduire les mesures restrictives en tout genre comme le confinement, voire de libérer le ciel avant octobre pour les personnes vaccinées et de leur épargner la quatorzaine. Il n’y a qu’un pas vers l’idée d’un passeport vaccinal dont il est question dans d’autres contrées.

Mais cette option, semble-t-il envisagée par une partie de la classe politique, posera problème ici, peut-être encore plus qu’ailleurs. Outre les questions d’égalité entre les citoyens (vaccinés et non vaccinés), on imagine mal les représentants coutumiers, les habitants qui ne voyagent jamais, accepter cette liberté dans un contexte pandémique.

D’ailleurs, il est expliqué que si le vaccin atténue de manière flagrante les risques de transmission, il ne les écarte pas totalement. Le virus pourrait ainsi être introduit et circuler pour éventuellement toucher des personnes non immunisées et à risque. Il en serait de même si on arrêtait les mesures de confinement à chaque intrusion du virus par le biais des personnes arrivant de l’extérieur.

Le principe de l’immunisation collective que brandissent les uns et les autres reste, par ailleurs, assez utopique. Selon les données scientifiques actuelles, il faudrait vacciner 70 % de la population pour que le virus arrête de circuler, faute de « transporteurs ». Ce taux ne sera pas atteignable sachant que la campagne ne concerne pas les jeunes de moins de 16 ans (entre 25 et 30 % de la population), les femmes enceintes, allaitantes, les personnes présentant d’autres contre-indications et tous ceux qui ne souhaitent pas se faire vacciner. Il y a également des interrogations sur la durée d’efficacité des produits… qui nécessiteront éventuellement des rappels.

La santé du plus grand nombre

Dans les grandes lignes, les objectifs divergent, finalement, entre ceux qui veulent « vivre avec » le virus, et ceux qui souhaitent garder le territoire Covid-Free, ce que peuvent permettre l’insularité et la quatorzaine.

Pour l’instant, sachant aussi que nombre de pays gardent leurs frontières fermées et nous seraient de toute façon inaccessibles, l’idée des autorités est plutôt d’atteindre un taux de vaccination suffisamment satisfaisant vers le courant juillet pour permettre de diminuer la chaîne de transmission en cas d’introduction du virus, d’avoir un maximum de personnes immunisées contre les formes graves. Cela permettrait déjà, en cas d’épidémie, de ne pas engorger nos hôpitaux et de prodiguer les meilleurs soins possible aux malades.

Après, il faudra effectivement choisir entre être un territoire qui « vit avec » le Covid, comme le font la plupart des pays, sans pour autant vivre normalement, ou rester reclus, auquel cas il est vrai que la vaccination du plus grand nombre n’aurait pas trop de sens… On peut simplement espérer qu’avec le temps, les différentes études sur les vaccins et leur efficacité, permettront d’affiner cette politique sanitaire.

C.M.

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