Une petite révolution dans le monde du déchet

 

C’est peut-être une nouvelle issue en matière de déchets industriels. Fruit du partenariat entre Innoveox et Stet environnement, l’arrivée d’une nouvelle technologie de pointe sur le territoire risque bel et bien d’ouvrir d’autres perspectives en matière de traitement mais également de valorisation de ce type de déchets.

Jusqu’à récemment, la Calédonie faisait encore plutôt figure de mauvaise élève. Ça, c’était avant… Avant que les premières filières de traitement des déchets ne voient le jour. S’il reste beaucoup de chemin à parcourir, une certaine dynamique a été enclenchée, comme en témoigne le nombre important de sociétés qui se créent chaque année dans le domaine de l’environnement et plus particulièrement des déchets. C’est le cas de la Stet environnement, une société spécialisée dans le traitement des déchets dangereux, un marché qui compte deux autres opérateurs, Robex et Socadis. Lorsque Louis Bouteille a lancé Stet environnement il y a près d’un an, son idée était de faire les choses un peu différemment, en essayant de traiter localement les déchets plutôt que de les exporter. C’est la société Innoveox qui devrait rendre tout cela possible.

Des brevets

issus du CNRS

Fin avril, les sites Internet boursiers ont annoncé la nouvelle, Innoveox, une société développant une nouvelle technologie signe un contrat de 25 millions d’euros minimum (3 milliards de francs) avec Stet environnement pour une durée de cinq ans. La technologie innovante d’Innoveox, qui est associé au CNRS dont sont issus les brevets, permet de traiter des déchets liquides. Le procédé d’« oxydation hydrothermale supercritique » détruit la toxicité des déchets à 99,9 % (les déchets sont portés à une température et une pression d’environ 374°C et plus de 221 bars. On y ajoute de l’oxygène ce qui provoque une oxydation totale de la matière organique présente dans l’eau). Outre l’obtention d’eau propre en sortie de processus, la technologie offre la possibilité de produire de l’énergie.

À partir d’une tonne de déchets toxiques, on obtient 1 m3 d’eau propre, 1 MWh d’énergie ainsi que l’opportunité de valoriser les métaux rares présents dans les déchets. Une énergie produite grâce à la vapeur d’eau générée par le process. Produire de l’énergie est d’ailleurs un des objectifs principaux que se sont fixés Innoveox et Stet environnement. Un objectif à plus ou moins long terme puisque pour produire de l’énergie, il faut que le système traite plus de 16 000 tonnes de déchets par an. Avant d’en arriver là, Innoveox souhaite proposer des solutions aux industriels pour traiter les déchets sur place et donc supprimer les risques liés au transport maritime. En dehors de l’aspect sécuritaire, traiter les déchets localement est une manière plus rationnelle, parce que cela crée des emplois et génère des économies, mais aussi parce que ce procédé s’inscrit dans une démarche d’économie circulaire en valorisant ce qui était auparavant considéré comme des déchets.

Des possibilités

de traitement très larges

Reste maintenant pour les deux sociétés à convaincre les industriels calédoniens de la pertinence de leur innovation et surtout de sa fiabilité. Un défi que les associés ne devraient pas avoir trop de mal à relever. Les deux unités déjà en fonctionnement seront probablement leur meilleur argument de vente. La première a été implantée dans le sud de la France, à Arthez-de-Béarn. Une deuxième a vu le jour à la Réunion et la troisième est prévue en Calédonie. Mais Innoveox ne souhaite pas se limiter à la Nouvelle-Calédonie. Sous réserve que les institutions le permettent – le contexte juridique des transports de déchets dangereux étant complexe – la société souhaite faire du territoire la tête de pont de sa stratégie de développement dans l’ensemble du Pacifique. Une stratégie mondiale car d’ici peu, une unité pourrait être installée au Canada.

Selon Louis Bouteille, si le lieu d’implantation n’est pas encore défini, l’idéal serait à proximité du port autonome de Nouméa. Un endroit stratégique à proximité de la SLN, mais également de Vale, qui pourrait être très intéressé par cette solution, tout comme le port autonome lui-même puisque les boues portuaires chargées de métaux lourds peuvent être traitées. Si tout se passe bien, l’activité pourrait démarrer dans le courant du premier semestre 2016.