Une marina à Dumbéa

La province Sud et la commune de Dumbéa ont annoncé, mercredi 21 novembre, le lancement officiel du projet de la marina de Nouré. Cette infrastructure attendue depuis des années représente un investissement de plus de 10 milliards de francs, porté par le groupe Holding Cevaër Menaouer qui se verra attribuer une délégation de service public pour cinquante ans d’exploitation.

L’aboutissement d’un long chemin, pour reprendre les mots de Philippe Michel, le président de la province Sud. La marina de Nouré, qui sera située à proximité du lotissement de la pointe à la Luzerne, à Dumbéa, est un projet attendu des propriétaires de bateaux. Et en la matière, la Nouvelle-Calédonie affiche un taux d’équipement exceptionnel de l’ordre d’un bateau pour 10,5 habitants, selon les chiffres du cluster maritime, soit sept fois plus qu’en Métropole. Le marché des ventes de bateaux est pourtant fortement freiné par le manque d’infrastructures capable d’accueillir ces navires. L’annonce du lancement de cette marina en mesure d’abriter 920 unités à flot et 200 bateaux à sec fera le bonheur des plaisanciers, à commencer par ceux inscrits sur les listes d’attente des six marinas du Grand Nouméa qui sont environ 1 200 (dont 900 pour des places à flot). Le projet répond donc à une demande de plus en plus pressante sur le Grand Nouméa.

Développement de la commune de Dumbéa

Selon Philippe Michel, en 2013, une étude avait montré tout l’intérêt de réaliser cette infrastructure sur ce site. Dumbéa a déjà dépassé 30 000 habitants et sa progression démographique n’est pas prête de ralentir. Pour Georges Naturel, le maire de la ville, tout l’enjeu est de pouvoir offrir autre chose à ses administrés qu’une ville dortoir. L’annonce de l’obtention de la défiscalisation pour le cinéma MK2 et le lancement de la marina sont deux victoires pour l’exécutif municipal.

D’autant que la marina est un projet d’envergure représentant plus de 10 milliards de francs d’investissement. Elle sera composée de trois pôles : un port de plaisance, un espace commercial et un espace de vie et de loisirs. Le port reprendra les anciennes installations du parc aquacole en bordure de la carrière exploitée par le groupe HCM. Les bateaux pourront accéder au bassin de 16 hectares pour 920 places grâce à un chenal de 300 à 400 mètres qui nécessitera des compensations environnementales (*) prévues par la délégation de service public. Des places ont été prévues pour les superyachts de 30 à 40 mètres dont la demande explose ces dernières années.

La marina disposera également d’un port à sec de 200 places sur deux hectares, d’un parking de 740 places et d’une aire de carénage d’un hectare. L’espace commercial a vocation à regrouper les différents métiers autour de la mer, afin de faciliter l’achat de bateaux, mais pas seulement. L’idée est également de permettre aux métiers de la maintenance par exemple, d’occuper les lieux, et plus généralement les services techniques liés à la navigation.

Le troisième espace, l’espace loisirs, proposera un club house ainsi qu’un marché aux poissons pour les professionnels de la pêche et la restauration. Il est aussi prévu des restaurants, des commerces, deux bars/cafés, une épicerie et plus largement des activités de loisirs. C’est sur cette partie que le groupe HCM apportera toute son expertise. C’est ce même groupe qui était à l’origine de l’aménagement de Dumbéa-sur-Mer, repris plus tard par la province Sud. Le projet intègre une partie appartels sur une superficie d’au moins 5 000 mètres carrés pour un budget prévisionnel de 1,136 milliard de francs. Une partie des matériaux utilisés dans la construction viendront d’ailleurs de la carrière exploitée à côté. Son exploitation devrait durer encore une dizaine d’années. Le promoteur assure que cette exploitation sera sans conséquence pour les usagers malgré des tirs de mine.

Au total, le délégataire estime que le projet générera un chiffre d’affaires de l’ordre de 4,2 milliards de francs par an pour 70 emplois directs dont un peu moins de la moitié uniquement pour la partie appartels. Les travaux immobiliers devraient commencer d’ici 2020-2021 ce qui n’empêchera pas la mise en service de la marina dès 2021.

Un début de commercialisation en 2019

La province Sud a choisi de déléguer l’exploitation de l’infrastructure plutôt que de l’exploiter elle-même. La délégation porte sur cinquante ans d’exploitation, ce qui est extrêmement long et ne se fait quasiment plus. Pour Xavier Cevaër, cette durée correspond à une période en dessous de laquelle l’amortissement de l’investissement n’était pas possible. Le promoteur fait notamment valoir que l’ensemble des investissements, à l’issue de la délégation de service public, reviendra à la province. Des clauses prévoient que les installations devront être en parfait état.Si la fin du projet est encore loin de voir le jour, une pré-commercialisation commencera dès l’année prochaine afin que le groupe HCM puisse adapter son projet à la réalité de la demande. Une chose est sûre, les prix de la marina seront équivalents à ce qui se pratique ailleurs.

La marina a vocation à devenir un pôle de loisirs pour la commune et plus largement pour l’agglomération, c’est du moins la volonté de Georges Naturel qui envisage ce quartier comme une des futures zones de loisirs d’intérêt de la commune. Et il pourra une nouvelle fois compter sur le groupe HCM qui dispose d’une réserve foncière de 200 hectares qu’il veut mettre en valeur. C’est dans ce cadre que pourrait être revu l’accès au site qui est actuellement relativement dangereux. De son côté, la province a également d’autres projets pour Dumbéa, du côté du littoral. L’exécutif réfléchit déjà à l’aménagement de la baie d’Apogoti à Dumbéa-sur-Mer. Si Philippe Michel n’a pas été plus loin, il a tout de même évoqué la possibilité d’y implanter une base nautique.

M.D.

*Les mesures compensatoires représenteront un budget de 95 à 130 millions de francspour une superficie de 6 100 mètres carrés de mangrove et 18 000 mètres carrés de forêt sèche à replanter.