Une fête à l’odeur boisée et au goût sucré

Il fleurait bon le santal et le miel le week-end dernier à Lifou. La neuvième édition de la Fête du santal et du miel a attiré plusieurs centaines de personnes sur le site touristique d’Easo. Comme tous les ans, elle a permis de découvrir, pendant trois jours, la culture kanak, ses chants, ses danses ainsi que son artisanat et ses produits locaux.

Le cadre est idyllique. Une trentaine de stands forment un village autour de la grande case dans la baie du Santal baignée de soleil. Les membres des tribus venus des quatre coins de Lifou ont orné leur emplacement de tissus colorés et de feuilles de cocotier tressées.
« Le spectacle est extraordinaire, se félicite Josiane Kaemo, du comité organisateur, les stands sont à la mesure de notre image car ils sont très accueillants pour un vrai moment d’échange et de partage. » Chaque exposant met en avant ses compétences artistiques, culturelles ou culinaires. Achards de pahatr, la célèbre fougère comestible de l’île, poissons du lagon grillés, gâteaux de patates douces au miel ou café à la vanille de Lifou ont satisfait les papilles des plus gourmands. « C’est une explosion de saveurs nouvelles que l’on prend plaisir à déguster à chaque étal », raconte Violaine, venue passer le week-end sur l’île avec son mari et ses deux enfants.

Techniques

ancestrales

La fête met aussi à l’honneur les savoir-faire traditionnels des tribus comme la sculpture sur bois. Chaque artiste exprime son art sur du bois de gaïac, de tamanou ou sur le très prisé bois de santal. « C’est le plus agréable à travailler, souligne Kodrue Sihaze, sculpteur à Hnathalo, il se sculpte aussi bien vert que sec et plus il sèche plus l’odeur qui s’en dégage est puissante. » Les visiteurs ont par ailleurs été fascinés par l’atelier de tressage de feuilles de cocotier enseigné par les femmes qui fabriquent paniers, nattes et autres objets de décoration. Un programme d’animations riche rythmé par les différentes troupes de danse qui se sont succédé durant les festivités. Cette neuvième édition s’est achevée en beauté par un feu d’artifice tiré depuis la plage de la baie du Santal en attendant de célébrer les dix ans de l’opération l’an prochain.

Trois tonnes

C’est le poids total de gousses de vanille récoltées cette année sur les îles Loyauté. Un chiffre qui a baissé de moitié par rapport à l’an dernier. « Les changements climatiques ont malmené nos exploitations qui ont également été touchées par la fusariose, explique Daniel Wadriaro, responsable d’exploitation à la Maison de la vanille à Lifou, qui se veut malgré tout rassurant. La maladie est contenue mais il faut entretenir les plantations avec le plus grand soin. » La Maison de la vanille valorise la récolte des 200 producteurs des îles Loyauté dont plus de la moitié est installée
sur Lifou.

Le santal calédonien s’exporte dans le monde entier

La Nouvelle-Calédonie fait partie des derniers endroits où il existe encore une ressource naturelle en santal de qualité. « L’essence du santal endémique au territoire est différente de celle du santal indien qui est la plus connue, mais elle reste malgré tout une référence sur le marché », explique Jean Waikedre, gérant de l’unité d’extraction d’essences aromatiques Serei No Nengone. Une partie de la production alimente en essence de santal les plus grands noms de la parfumerie et de la cosmétique. « Sans notre santal certains parfums n’existeraient pas », insiste l’ingénieur. La société développe par ailleurs une gamme de parfums ainsi qu’une huile essentielle. « On souhaite maîtriser la filière dans son ensemble, de la plantation jusqu’à la vente du produit fini, ajoute Jean Waikedre qui met un point d’honneur à pérenniser la ressource. Lorsque l’on coupe un pied, on en replante entre cinq et dix, ce qui fait que l’aventure du santal calédonien n’est pas prête de s’arrêter. »

Le miel de Lifou, une production en plein essor

Apicultrice à Lifou, Adèle Ehnyimane produit du miel toutes fleurs depuis plus de trois ans. « C’est l’un des meilleurs de Lifou, son goût est incomparable », plaisante cette amoureuse de la nature. En 2012, l’apicultrice a pu suivre une formation proposée par la province des Îles en partenariat avec le centre de formation apicole de Boghen, à Bourail. « Ça a été un vrai tremplin, explique Adèle Ehnyimane. Avant j’avais peur des abeilles parce qu’elles piquent, mais j’ai réussi à les apprivoiser pour mon plus grand bonheur. » Aujourd’hui son rucher compte une cinquantaine d’unités à Huneté. « Ça représente de nombreuses heures de travail, précise-t-elle, jusqu’à présent l’extraction se faisait manuellement mais je viens de m’équiper d’un extracteur électrique, ce qui va me permettre de gagner du temps et de développer mon exploitation. » En attendant, l’apicultrice enregistre déjà une production de plus de 500 kilos de miel par an.