Une démocratie rénovée

L’avenir en confiance a présenté un volet concernant la « moralisation de la vie publique ». Il se traduit notamment par la signature d’une charte de bonne conduite de la part de ses colistiers. L’objectif est de promettre aux Calédoniens une « démocratie rénovée, transparente et exemplaire ».

À l’heure où d’autres listes et partis sont inquiétés par la justice, L’avenir en confiance veut changer la donne, « pour redonner aux Calédoniens foi en la politique et leurs représentants ». À L’avenir en confiance, « nous ne tomberons pas dans la facilité du ‘tous pourris’, expliquent les représentants de la liste. Cela n’aide pas la démocratie. Des pratiques telles que l’embauche des conjoints comme collaborateurs, l’absentéisme des élus ou les promesses électorales non tenues ont contribué à cette situation. Pour retisser ce lien, nous devons à la fois être plus transparents et plus exigeants sur l’exemplarité des élus. »

Pour rénover cette démocratie, la liste promet aux Calédoniens plus « d’éthique dans son engagement » et de « transparence et d’exemplarité dans l’exercice des missions ».

Une charte de moralité

Pour répondre à son objectif de moralisation de la vie publique, L’avenir en confiance a demandé aux membres de signer une charte de bonne conduite, les engageant à suivre un certain nombre de règles. Chaque colistier s’engage nominativement et personnellement à respecter cette charte et un code de conduite de l’élu. Il en découle un véritable engagement déontologique de l’engagement en politique. La charte regroupe quatre axes : la déontologie, l’action politique et l’information du citoyen, l’engagement envers le groupe politique et enfin, le respect de l’adversaire.

Au titre du premier thème, chaque signataire s’est engagé à avoir un comportement exemplaire au quotidien, participer activement aux réunions, puis en sa qualité d’élu(e), aux commissions et séances à l’assemblée de province et au Congrès et aux conseils d’administration dans lequel il ou elle sera inscrit(e). De participer le plus possible aux évènements des communes, provinces et ensemble du territoire. De représenter chaque habitant sans distinction aucune, dans le respect des valeurs républicaines. Mais aussi de se former sur la gestion des finances publiques, si nécessaire. De rechercher dans chaque décision l’intérêt général. De ne pas retirer davantage de sa fonction, pour lui ou elle, sa famille ou autrui et de se retirer de son mandat en cas de condamnation.

Concernant l’action politique, le colistier s’engage à instituer, participer à des débats publics afin de favoriser l’échange, la concertation et la libre expression. De mettre en place des structures de participation des citoyens. D’informer les citoyens des sujets abordés dans le programme sans en modifier le sens ni de porter des jugements négatifs. Mais aussi de contribuer à la diffusion des différents documents d’information dans son quartier, village et tribu et de présenter un bilan annuel accompagné des évaluations de chaque action ou réalisation.

Concernant les deux derniers axes, l’engagement envers le groupe politique et le respect de l’adversaire, pour ne pas tous les citer, le colistier s’engage par écrit à travailler ensemble à la réalisation du programme, être assidu(e) dans sa fonction, rechercher un consensus en cas de désaccord, accepter et suivre la décision majoritaire et si cette décision est contraire à ses propres valeurs, à démissionner de son mandat. Enfin, il doit respecter le principe de confidentialité des échanges, l’engagement politique de ses adversaires et privilégier le dialogue et le travail en commun autant que possible.

Des mesures concrètes et pérennes

Au-delà de cette charte, « des mesures d’urgence sont à prendre » dès le début de la mandature. La liste propose ainsi aux Calédoniens d’interdire les emplois familiaux dans les cabinets politiques, tout mandat public à des personnes coupables de violences, sanctionner l’absentéisme des élus ou établir un bilan annuel du travail des élus au sein des collectivités.

Mais L’avenir en confiance s’engage aussi à informer les citoyens. « C’est un devoir moral incontournable pour les élus. Les récents évènements sociaux en Métropole montrent que nous devons aussi mieux associer la population aux décisions afin que celles-ci soient mieux acceptées et comprises. »

En ce sens, ils proposent des mesures comme de permettre au gouvernement de la Nouvelle- Calédonie et aux provinces de consulter les Calédoniens sur des sujets qui concernent leurs compétences. D’organiser des assises de la dépense publique en collaboration avec l’ensemble des collectivités, les partenaires sociaux et les représentants de la société civile. Un plan de réduction de la dépense publique sur cinq ans sera validé. Cette baisse sera notamment réinvestie dans le pouvoir d’achat des Calédoniens et dans la compétitivité des entreprises.

Ils proposent aussi de rendre systématique l’évaluation des politiques publiques et d’instaurer des contrats d’objectifs. Les mesures votées doivent être systématiquement évaluées afin de vérifier leur impact. De réaliser en début et en n de mandature des audits indépendants de l’ensemble des collectivités dont ils assureront la gestion et enfin de garantir la liberté d’expression des radios en préservant leurs financements sur l’ensemble d’une mandature.

Cette charte de bonne conduite, ces propositions et ces engagements de L’avenir en confiance interviennent au moment même où un élu calédonien est mis en examen. Et pas des moindres, puisqu’il s’agit d’un de nos deux députés.

Mise en examen, suite

Après les soupçons d’emplois fictifs et la mise en examen du député Philippe Gomès, on peut dire que Calédonie ensemble baigne dans la tourmente judiciaire.

Mais tant que l’on n’est pas inculpé on est suspecté. Qu’à cela ne tienne, en réponse à sa mise en examen, Philippe Gomès a, dès l’affaire dévoilée, contesté les faits qui lui sont reprochés. Nous vous en avions parlé dans notre précédente édition ; le député avait publié un communiqué qui s’intitulait « Je m’honore des faits qui ont conduit la justice à me mettre en examen ».

Voyons aujourd’hui le détail de ce communiqué. Pour sa défense, sur ce que la justice semble lui reprocher, il met en avant le fait d’une part, qu’il n’a pas participé en septembre dernier au vote de la délibération portant sur un texte concernant NCE qui traitait de l’orientation vers l’agence calédonienne de la subvention du contrat de développement État-Nouvelle- Calédonie. Cette subvention, couvrant une partie des frais d’études de la centrale pays au gaz prévue pour remplacer la centrale au fioul de Doniambo.

Philippe Gomès s’explique également, sur sa participation à l’Assemblée nationale au vote de l’article 129 de la loi de finances rectificative pour 2016 qui autorisait la garantie de l’État pour un emprunt de 320 millions d’euros à contracter par la société NCE. Sur ce point, il a défendu, selon lui, « l’intérêt général du pays et de la SLN».

Philippe Gomès déclare enfin qu’il n’a jamais eu d’intérêt personnel dans NCE et avance qu’il n’est « donc coupable d’aucune prise illégale d’intérêts, sauf à considérer que tous les élus participant aux débats ou aux votes relatifs à des entités dans lesquelles ils exercent une fonction de président ou d’administrateur, sont des délinquants ! »

Il conclut : « D’ici là, cette procédure finira à la seule place qui lui convienne : les oubliettes de l’histoire judiciaire calédonienne. » La justice et le temps nous diront s’il a raison…

C.S