Une colonie de staphylocoques confirmée à la piscine du Ouen Toro

Par mesure de précaution, la mairie de Nouméa a décidé de fermer temporairement la piscine municipale, le temps de vidanger les bassins et désinfecter toutes les parties communes et les zones non-accessibles. La réouverture est annoncée pour le 24 mars.

Après plusieurs épisodes de non- conformité des eaux de baignade, la mairie « doit faire face à une situation inédite », indique Diane Bui-Duyet, adjointe au maire chargée des sports. Depuis novembre, la piscine Jacques-Mouren a dû fermer deux fois, suite à des analyses non conformes relevant la présence de staphylocoques (voir encadré) dans le grand bassin.

« Des traitements correctifs lors de ces épisodes ont pu être opérés et les analyses étaient très satisfaisantes, explique Kevin Lucien, directeur du Sipres (Service d’inspection et de prévention des risques environnementaux et sanitaires). Mais lors d’un nouveau prélèvement n février, des staphylocoques ont de nouveau été décelés dans le grand bassin entraînant sa fermeture. Après un traitement correctif et une nouvelle analyse, la présence de staphylocoques a encore été observée, cette fois au niveau du bac tampon. »

Devant ces épisodes à répétition et par mesure de précaution, la ville a donc décidé de complètement vidanger et désinfecter les bassins et les machines depuis ce lundi. « Il s’agit d’une situation compliquée, car nous n’arrivons pas à nous débarrasser de cette petite colonie de staphylocoques migrante, découverte dans un lieu différent à chaque prélèvement, grand bassin, bac tampon, etc. Alors la mairie a décidé d’appliquer la mesure de précaution », explique Diane Bui Duyet.

Pourquoi avoir attendu ?

Avant d’en arriver à la vidange complète et le nettoyage intégral des différentes zones, la municipalité avait tenté d’éradiquer ces staphylocoques par le traitement des bassins et la désinfection de certains lieux. La mairie indique : « En raison d’un très faible taux de contamination et des bons résultats physico- chimiques de la qualité de l’eau lors des contrôles, la DASS n’a pas demandé la vidange des bassins. La présence de staphylocoques pathogènes a été relevée à trois points de prélèvement différents (petit bassin, grand bassin et robinet technique du bac tampon), mais jamais simultanément. Les mesures correctives avaient permis de revenir à des analyses normales, sachant que les recommandations en mesures d’hygiène (respect du chemin des baigneurs, port du bonnet, accès interdit aux porteurs de plaies ou visiblement malades…) ont également permis de revenir à des analyses momentanément conformes. » Mais les deux analyses successives ont de nouveau décelé la présence d’une petite colonie de staphylocoques dans deux zones de prélèvements différentes. « Alors, même si les taux étaient très bas (inférieur à 4) comme le prévoit la réglementation sanitaire de l’Institut Pasteur, la ville se fixe un taux de zéro. Donc pour éradiquer cette colonie, il était nécessaire de lancer l’opération de grand nettoyage qui est en cours », précise Alan Boufenèche, chef du service des sports.

Nettoyage dans les moindres recoins

Le grand nettoyage de la piscine a commencé cette semaine par la déchloration de l’eau des bassins, du bac tampon et par leurs vidanges. Dès la semaine prochaine, les opérateurs e ectueront le nettoyage et la désinfection des bassins, du bac tampon, des filtres, préfiltres, des plages et goulottes, des vestiaires, des réseaux et des tuyaux avec stagnation de chlore. Une semaine plus tard, ce sera le remplissage, puis le rééquilibrage des caractéristiques physico- chimiques de l’eau. « La réouverture est prévue pour le 24 mars si les analyses sont concluantes et le 26 pour les scolaires », précise Alan Boufenèche. Le coût de l’opération de ce nettoyage en grand est estimé à 2 millions de francs.

Origine et hygiène

Alors que les rumeurs fusent et que les posts se multiplient sur les réseaux sociaux, avançant telle ou telle origine sur la présence de cette colonie de staphylocoques, la mairie précise que « la piscine subit ce grand nettoyage et son entretien est effectué comme il se doit, en fonction de normes strictes. L’équipement est récent et en conformité. L’origine de cette colonie de staphylocoques est extérieure ». Le chef du Sipres ajoutant : « Cela peut arriver dans n’importe quelle piscine, municipale comme privée. Il suffit d’un phénomène déclenchant comme une personne à l’hygiène douteuse, mais aussi du matériel comme les palmes, lunettes, des claquettes, etc. qui peuvent transporter ces staphylocoques. »

Pourtant, les mesures d’hygiène du baigneur sont prises, comme l’explique Alan Boufenèche. « Mais on ne peut pas durcir ces règles, on ne peut pas mettre un policier derrière chaque nageur. On invite donc une nouvelle fois les gens à se laver avant, à ne pas venir se baigner s’ils ont des problèmes de peau, de santé, de mettre leur bonnet et de nettoyer palmes, lunettes, bref, de penser à leur hygiène et celle des autres. »


Les staphylocoques

Les staphylocoques sont des bactéries responsables de nombreuses maladies. On dénombre une quarantaine d’espèces de staphylocoques dont le plus courant est le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus). Des personnes en bonne santé peuvent être porteuses d’un staphylocoque. On estime à trois personnes sur dix le nombre de porteurs sains de la bactérie. Les piscines peuvent être un terrain fertile pour de nombreux types d’infections à staphylocoques avec des e ets allant de rougeurs à des démangeaisons de la peau, en passant par des furoncles, infections oculaires et éruptions cutanées. Pour les personnes ayant un système immunitaire affaibli, une infection à staphylocoque peut avoir des conséquences graves sur les poumons, le cœur et les voies urinaires. Bien que les médecins prescrivent des antibiotiques, certaines souches sont résistantes aux médicaments et les staphylocoques de plus en plus difficiles à éradiquer.


Quelques conseils d’hygiène

Les médecins du sport préconisent, avant de se jeter à l’eau dans une piscine municipale, de se laver le corps, les mains, son maillot, ses lunettes, son bonnet et ses palmes avec du savon ou un désinfectant. De porter des chaussons de sport autour de la piscine et des douches. De ne pas emprunter les rasoirs, du savon ou des éponges, couvrir les bancs avec une serviette et surtout de ne pas se baigner si l’on a un problème dermique, si l’on est malade ou si on a une plaie ouverte ou récente.

C.S