Un nouvel outil pour surveiller les feux de forêt

Chaque année, la Nouvelle- Calédonie se consume. En 2017, ce sont près de 25 000 hectares qui ont disparu. Une catastrophe écologique qui ne semble pas mobiliser plus que ça les pouvoirs publics. L’Œil a présenté, vendredi, un tout nouvel outil de télédétection permettant à tous les citoyens d’être informés des incendies en cours.

Catastrophique. Si les données font encore un peu défaut, c’est assurément le bilan environnemental que l’on peut tirer de la saison des feux en Nouvelle- Calédonie. Mais le pire, c’est que ce bilan se répète d’année en année. Aussi incroyable que cela puisse paraître, les surfaces brûlées sur le territoire représentent davantage que celles pour l’ensemble de la Métropole. Pour 2017, ce sont près de 25 000 hectares qui sont partis en fumée, alors qu’en France, la surface est de l’ordre de 24 000 hectares, pour une année particulièrement noire.

Si la Direction de la sécurité civile et de la gestion des risques se structure davantage chaque année, tout comme les pompiers communaux dont les moyens sont toujours plus importants, il reste que la Nouvelle- Calédonie a un retard considérable en matière de lutte contre les feux de forêt, tant du point de vue humain que matériel. Certaines communes ne disposent même pas de caserne, par exemple. Cette année, particulièrement intense, a mis à rude épreuve les soldats du feu qui n’ont pas vraiment eu le temps de souffler.

Changer les comportements

Une situation qui conduit, dans les cas où les vies humaines et les biens ne sont pas menacés, à laisser brûler. Ces feux font disparaître une végétation précieuse, mais aussi des œufs, des oisillons et toutes sortes d’animaux qui peuplent les forêts, sans parler de l’érosion qui fait perdre de la terre et asphyxie les rivières. D’une manière générale, la composante environnementale est relativement peu ou pas prise en compte. L’outil proposé par l’Œil vise précisément à impulser un changement de comportement grâce à une meilleure intervention. Aujourd’hui, les bilans présentés intègrent peu la dimension environnementale. On ne sait pas, par exemple, si les forêts brûlées présentent un intérêt écologique particulier ou si des espèces rares et menacées ont été emportées par tel ou tel incendie.

L’Alerte incendies, à laquelle on peut s’abonner en se rendant sur le site internet de l’Œil, permet en premier lieu d’être alerté des incendies en cours sur l’ensemble du territoire grâce à la télédétection par satellite. Grâce à un système de croisement de données, l’application, qui fonctionne grâce à un service d’alerte de la Nasa, permet d’obtenir une information personnalisée en fonction des intérêts de chaque utilisateur. Grâce à une importante base de données constituée par l’Observatoire, Alerte incendies permet de savoir si une forêt sèche est touchée, s’il s’agit d’une forêt primaire ou encore si l’incendie s’approche d’un captage d’eau.

Le système, qui a pour vocation d’informer le public et les acteurs de la lutte au plus vite, présente toutefois une limite. Entre la détection par la Nasa, la récupération de l’information et la diffusion au travers de l’application, il peut s’écouler entre deux à quatre heures. Un délai trop long pour des feux qui menacent des habitations, mais qui a toute son utilité pour des zones non couvertes par des pompiers ou des guetteurs. Et encore plus utile quand y ajoute ses points d’intérêt. L’Œil travaille également sur d’autres outils complémentaires qui seront capables de reconstituer les surfaces brûlées et donc d’aider à mieux comprendre le fonctionnement des écosystèmes, notamment en réaction aux feux de forêt. Une connaissance qui pourrait aider à guider la prise de décision des collectivités en matière de lutte contre les incendies.


Une multiplicité d’acteurs, différents degrés d’information

La lutte contre les feux de forêt concerne une multitude d’acteurs, qu’il s’agisse des communes, responsables de la gestion jusqu’à un certain point, du gouvernement et de la Direction de la sécurité civile, des provinces, gestionnaires de l’environnement, mais aussi des citoyens eux-mêmes. L’outil de l’Œil va combler un manque dans la manière d’informer ces différents acteurs. Aujourd’hui, il existe très peu de coordination entre eux et pour différentes raisons, qui peuvent être liées au manque de moyens, mais parfois tout simplement à des problèmes de personnes.


Un forum pour l’eau

Un forum de l’eau devrait être organisé fin avril. Il s’agit d’un véritable événement puisque la dernière concertation autour de ce sujet crucial remonte à 2008, suite à une demande du Conseil économique et social, également relayée par plusieurs associations. Il y sera question d’eau au sens large, mais aussi de ressource en particulier. Et sur cette question, le feu a un impact bien significatif puisque la disparition des forêts dégrade la capacité d’absorption des sols et met à mal le système de filtration naturel, réduisant de fait la qualité de la ressource. En la matière, l’île des Pins est un cas d’école puisque pendant la dernière saison touristique, des hôtels ont été privés d’eau courante. Il a fallu que des citernes soient régulièrement approvisionnées par camion. De la même manière, une étude de faisabilité pourrait être lancée pour la construction d’une usine de dessalement destinée à alimenter en eau potable le Méridien. Autant d’illustrations concrètes de l’impact du feu sur la ressource en eau qui a un coût écologique, mais aussi économique énorme.

M.D.