Un mois pour découvrir ses racines

Le coup d’envoi de la vingt-quatrième édition du mois du Patrimoine a été donné le 19 août à Thio. L’occasion de redécouvrir la richesse de cette commune qui aurait pu devenir la capitale du territoire. Jusqu’au 23 septembre, de nombreuses animations seront organisées sur l’ensemble de la province Sud, notamment autour de la question des migrations.

Prononcer le nom de Thio, c’est évoquer la mine et le nickel calédonien. Si Jules Garnier a découvert l’or vert calédonien à Dumbéa, c’est bien à Thio que les premières pages de l’exploitation du nickel ont été écrites. Le premier minerai a été extrait en 1875. Cinq ans plus tard, l’homme d’affaires John Higginson s’associera à Jules Garnier ainsi qu’à Henry Marbeau pour fonder la société Le Nickel. A l’époque, Thio est le plus important village de Nouvelle-Calédonie. Les grands voiliers y débarquent les marchandises, telle que le vin, en échange de minerai et les réunions hippiques du dimanche rassemblent la bourgeoisie en tenue d’apparat.

La réalité du quotidien du quotidien est toutefois beaucoup plus dure que les images bucoliques des dimanches à l’hippodrome qui ont pu nous parvenir. En dehors des populations européennes, Thio accueille les populations immigrées de travailleurs engagées après que les bagnards aient été utilisé comme main d’œuvre. Les conditions sont pour le moins difficile sur la mine où le travail est quasi-exclusivement manuel, l’approvisionnement en vivre dépendant des chasseurs et la pluviométrie de l’ordre de trois mètres d’eau par an.

Une mine à part

La mine du camp des sapins, que la SLN fait visiter à l’occasion, comme lors de la première journée du mois du patrimoine, fait partie de ces mines dont l’exploitation a commencé à la main entre les deux guerres. Une mine assez particulière du fait de sa situation géographique, perdue en plein milieu de la chaîne centrale. Son autre particularité est que le minerai ne peut pas être roulé comme c’est le cas sur l’immense majorité des gisements. Son isolement a conduit l’industriel à installer un téléphérique permettant d’évacuer la terre jusque dans la vallée avant qu’il ne soit acheminé en bord de mer.

Le Tramon, pour transport aérien Montrouzier, est unique en son genre sur un site industriel minier. Ses 213 bennes d’une capacité d’emport de 900 kilos chacune évacuent environ 900 tonnes de minerai humide chaque jour. Depuis l’ouverture de la mine, près de 13 millions de tonnes ont été extraites. Mais le camp des sapins a pourtant failli fermer. Contrairement au Plateau, l’autre grande mine de Thio dont les réserves se chiffres en millions de tonnes, le camp des sapins est une « boulette », pour reprendre le jargon des mineurs, à savoir que les réserves sont estimées entre 100 000 et 300 000 tonnes d’un minerai d’une teneur supérieure à 2,5 %.

En 2009, le sort du camp était scellé. La mine devait fermer, faute de ressource. Des travaux de prospection et la découverte de nouveaux gisements ont toutefois permis de maintenir l’activité pour au moins une dizaine d’années. Il se pourrait même selon le chef de centre que cette mine soit la seule à créer de l’emploi à la SLN dans les mois à venir.

 

Découvrir le patrimoine et les hommes

Une mine qui créée de l’emploi mais qui a un coût financier et environnemental important. Pour faire vivre le camp des sapins, la SLN doit gérer un réseau de près de 300 routes. Un travail titanesque qui occupe une équipe à temps plein. Mais de tels ouvrages ne sont pas sans conséquences. En 2013, un glissement de terrain a totalement isolé la mine pendant plusieurs jours et à l’instar des mines bien visible du bord de route, le camp des sapins laisse dans la montagne des stigmates indélébiles.

Au-delà de l’aspect esthétique, les habitants de Thio connaissent particulièrement le prix de l’exploitation minière. Celui de ne pas pouvoir ouvrir son robinet pour laisser couler de l’eau potable. Les près de 150 ans d’exploitation ont eu des conséquences catastrophiques pour la commune que les collectivités essayent aujourd’hui de compenser à grand renfort de financements publics.

C’est cette réalité que la première journée du mois du patrimoine a permis de saisir, au travers des visites de la mine et de son musée, mais aussi des rencontres avec les personnels de la SLN et des habitants des tribus de Thio qui recevait les visiteurs pour un grand repas. Comme chaque année, le mois du patrimoine est une bonne occasion de mieux connaître la Nouvelle-Calédonie et ses habitants, d’autant plus que la grande majorité des animations sont gratuites et proposées par de véritables passionnés.

 

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Le programme

L’ensemble du programme est disponible sur le site internet. Des animations sont également prévues en province Nord du 19 août au 29 octobre (renseignements au 47 70 60 ou au 54 13 48) et notamment la journée du patrimoine de l’écomusée de Voh, le 25 août à 8 heures. Les programmes sont à retrouver sur le site de la province Nord (www.province-nord.nc) et celui de la province Sud (www.province-sud.nc) .

 

Le 25 et 26 août au centre culturel du Mont-Dore. De nombreuses animations sont proposées au centre culturel du Mont-Dore à commencer par une exposition sur les migrations à Saint-Louis. Le samedi, un petit marché se tiendra à la mission et des prestations se succèderont toute la journée sur le podium. Une randonnée en VTT permettra de découvrir la forêt de la Thy, le monastère de la Trappe et la mine Carola (inscriptions indispensables sur place, à partir de 10 ans). Des visites guidées de la mission, de la grotte de Lourdes, du musée de la mission ou encore de la chefferie sont également programmées. Renseignements auprès du centre culturel du Mont-Dore au 41 90 90.

 

Les 26 et 27 août au château Hagen. Une journée d’animations est prévue au château Hagen le 26 août à partir de 10 heures (14 heures le dimanche). Démonstrations, défilés, ateliers, chants, danses, initiations seront proposés au public par différentes associations pour mettre en valeur le patrimoine des différentes cultures calédoniennes. Renseignements au 75 83 55 ou au 75 67 66.

 

Le 27 août au parc zoologique et forestier. La province Sud propose un double événement au parc zoologique et forestier. Les visiteurs pourront profiter et du mois du patrimoine et du festival voix du sud. Des représentations de chants et de théâtre seront proposées. Renseignements au 27 89 51. Le dimanche 27 août, de 10 heures à 17 heures.

 

Le 27 août au foyer indonésien de Robinson. Des animations culturelles sont prévues toute la journée autour de la culture et de la gastronomie indonésienne. Renseignements au 85 96 94.

 

Le Samedi 2 septembre à Bourail. Une randonnée est prévue avec la famille Reumoin à la cascade de Ny, à la découverte des pétroglyphes de la région. En fin de journée, une visite de l’exposition Kibo, le serment gravé est organisée et sera suivi d’une prestation de chants Taperas autour du feu. Une causerie avec Olivier Houdan autour des migrations viendra clôturer la soirée. Inscriptions et réservation au 46 46 12 auprès de l’Office du tourisme de Bourail. Des visites pour les scolaires sont également possibles du 4 au 30 septembre.

 

Le 9 septembre à Nessadiou. L’association des Arabes et amis des Arabes organise une visite du cimetière historique et de la mosquée, l’occasion de découvrir l’histoire de la communauté arabe de Nouvelle-Calédonie. Réservation au 44 16 70.

 

Le 16 septembre à Farino. Après un petit déjeuner offert à la mairie, l’association les Petites Fougères propose une conférence sur les migrations des Japonais à Farino animée par Jerry Delathière. Elle sera suivie d’un déjeuner au parc des Grandes Fougères et d’une promenade. Réservation au 44 31 04.

 

Le 16 septembre à Boulouparis, une causerie est organisée avec l’historienne Christiane Terrier sur les principales migrations de la commune et de sa région. Une restauration est prévue sur place. Le 16 septembre, de 9 heures à 16 heures au champ de course de Boulouparis. Contact à roger.siret@lagoon.nc.

 

Le dimanche 17 septembre à Méaré. L’association Il était une fois un jardin… organise différentes animations au jardin de Méaré et notamment la présentation de savoirs anciens. Plus de renseignements au 81 88 25 ou par mail à lejardinmeare@gmail.com. L’association a également une page Facebook.

 

Les 21, 22 et 23 septembre à La Foa. Le centre socio-culturel de La Foa propose différentes animations comme la découverte d’ancien quai en canoë, des projections de films et une conférence de Jerry Delathière. Une promenade sur la rivière est également prévue jusqu’au Fort Teremba el samedi 23 septembre. Les places étant limitées, il est indispensable de réserver. Plus de renseignements et réservations auprès de la Foa tourisme au 41 69 11 ou auprès centre socio-culturel au 44 33 01.