Un lien entre nourriture industrielle et cancer ?

Femme dans un supermarchÈ.

Les résultats d’une étude de grande ampleur sur les liens entre cancer et aliments « ultra-transformés » ont été publiés le 15 février et ils sont inquiétants. Ce travail de recherche, conduit par l’Inserm, l’Inra et l’université de Paris-XIII, suggère une association entre la consommation d’aliments industriels ultra-transformés et un sur-risque de développer un cancer.

Dis-moi ce que tu manges, je te dirai de quoi tu souffres. Cette maxime pourrait résumer l’étude conduite par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et l’université de Paris-XIII sur le lien entre les aliments ultra-transformés et les cancers, publiée le 15 février. Ce travail de recherche est inédit de par l’ampleur de l’échantillon étudié : pas moins de 104 980 participants pendant huit ans.

Les scientifiques ont pu observer une augmentation des risques de développer un cancer de plus de 10 % avec une augmentation de 10 % d’aliments ultra-transformés dans l’alimentation. Au cours du suivi entre 2009 et 2017, 2 228 cas de cancers ont été diagnostiqués et en particulier du sein. Selon les auteurs de l’étude, ces résultats suggèrent un lien entre aliments transformés et cancer, mais ne sont pas les seuls facteurs à l’origine de la maladie.

Un facteur, mais pas le seul

Pour les chercheurs, cette étude doit davantage être considérée comme « une première piste d’investigation » et être confirmée par d’autres démontrant le lien de cause à effet. Ils soulignent également la nécessité de se pencher sur les rôles des différentes transformations alimentaires. L’équipe de recherche, qui a déjà entrepris la suite de l’enquête, va notamment analyser de plus près l’impact de la composition nutritionnelle, des additifs ou encore des matériaux utilisés pour les emballages.
Ce travail s’inscrit plus largement dans le cadre d’études sur l’alimentation industrielle qui ont démontré des dérèglements de la concentration de lipides dans le sang, du surpoids, de l’hypertension artérielle et de l’obésité, résultats de la consommation de produits ultra-transformés. Autant de maladies qui ont des conséquences sanitaires et économiques majeures et sont le fruit d’une profonde évolution des habitudes de consommation.

La Calédonie largement concernée

Si la plupart de ces études sont réalisées dans des grands pays industrialisés, il su t de voir ce que signifie aliment ultra-transformé pour comprendre que la Nouvelle-Calédonie est directement concernée par le problème. Ces aliments sont répartis en quatre groupes : aliments peu ou pas transformés, ingrédients culinaires, aliments transformés et aliments ultra- transformés. Parmi les aliments ultra-transformés, on retrouve les barres chocolatées, le pain et brioches industriels, les biscuits apéritifs, les sodas et boissons sucrées aromatisées, les soupes instantanées, les plats cuisinés congelés ou prêts à être consommer et tous les produits transformés avec ajout de conservateurs autre que le sel. Au-delà du risque de cancer, la limitation de ce type d’aliments, qui contiennent très fréquemment des sucres ajoutés, est un enjeu de santé publique. Et c’est même sans aborder la question du lien social, bien plus vaste que le simple fait de se mettre à table. Privilégier des produits frais, peu ou pas transformés, est un élément important de l’aménagement du territoire au travers du développement de l’agriculture.

M.D