Un beau musée pour 2021

Une nouvelle vie attend le Musée de la Nouvelle-Calédonie. L’établissement vieillissant va être rénové, agrandi et changera de nom pour devenir le MUZ. Original, moderne, résolument océanien et écologique, il doit également participer à améliorer l’attractivité de la ville et à revoir plus précisément notre histoire.

« L’ avenir est devant nous », disait Jean-Marie Tjibaou. Voilà qui s’applique parfaitement au Musée de la Nouvelle- Calédonie, ancré, comme le centre culturel, dans le préambule de l’Accord de Nouméa, et qui va connaître son plus grand changement depuis les années 70. Le projet est attendu depuis une douzaine d’années. Le musée aux 8 000 œuvres, au fonds kanak sans équivalent au monde, accueillant chaque année 25 000 visiteurs, ne compte plus les freins à son développement. Techniquement d’abord, sa réserve, créée en 1984, a atteint son encombrement maximal, ses bureaux et espaces dédiés aux animations culturelles sont à l’étroit, les ambitions pour la conception des expositions, très limitées. Et c’est sans compter l’aspect visuel du bâtiment, intérieur et extérieur qui disons-le tout net, ne donne plus très envie.

Genèse

Le musée méritait donc bien un gros coup de neuf. Le projet a été inscrit au contrat de développement État-Nouvelle-Calédonie 2006-2010, puis 2011-2015 (ce qui a notamment permis de réaliser des études de faisabilité) et enfin 2017-2021. Les deux parties ont finalement embrayé sur un projet de réaménagement et d’extension pour un investissement de 2 milliards de francs, porté à 70 % par la Nouvelle-Calédonie et 30 % par l’État.

Concrètement, les travaux consistent à réhabiliter le bâtiment actuel que l’on a souhaité conserver, construire une extension de 1 000 m2 et réaménager l’ensemble des espaces extérieurs. Les réserves externalisées du musée, nécessaires le temps des travaux, ont déjà été construites. Trois critères de sélection ont déterminé le choix du projet architectural : l’inspiration contemporaine, océanienne et le lien avec le Mwa Ka, situé face au musée. Et c’est finalement le projet du groupement Gaëlle Henry Architecte et Why Architecture qui a convaincu. Le dossier a été validé en avril dernier. Les appels d’offres sont toujours en cours, la mise au point du marché est prévue jusqu’au deuxième trimestre 2019. Les travaux débuteront au troisième trimestre 2019 et l’ouverture du nouveau musée est programmée pour fin 2021.

Écailles, bois et rondeur

La nouvelle identité du musée se matérialisera principalement par ses façades extérieures. Recouvertes d’écailles, « telle la peau d’un tricot rayé », réalisées en bois et en acier Corten, ces façades formeront une paroi tout en courbes permettant l’aménagement des extensions et encadrant le site existant. Les écailles seront réalisées localement et la population pourra même participer au projet en apportant des pièces de bois sculptées. De nouvelles entités verront le jour : des espaces d’accueil et un café, des espaces d’exposition, un espace pédagogie et l’administration. Le parvis sera une place ouverte à tous, donnant sur le Mwa Ka et un vaste jardin traversant, s’ouvrira lui aussi, sur le quartier et la ville, « mêlant les références à la terre et à la mer».

Le MUZ aura une conception bioclimatique. Ventilation naturelle, exposition des fenêtres, couleur, isolation des toitures, panneaux photovoltaïques pour une autosuffisante énergétique, récupération des eaux pluviales pour l’arrosage du jardin, démarche Chantier vert, rien n’a été laissé au hasard.

Destin commun

Ce projet était aussi l’occasion de revoir la muséographie « dans l’esprit de l’Accord de Nouméa, du destin commun ». L’ambition est de faire un « musée de société », en renforçant à la fois la collection centrale de civilisation kanak, mais en s’enrichissant aussi d’œuvres témoignant de l’histoire des autres communautés. Le nouveau parcours de l’exposition permanente comprendra sept séquences pour raconter l’histoire de la Nouvelle-Calédonie, des premiers hommes jusqu’à nos jours : elle valorisera l’océan par lequel sont arrivés les hommes quelles que soient les périodes, le patrimoine archéologique dont les poteries Lapita, la collection d’œuvres kanak, l’apport de toutes les communautés calédoniennes, le pays en devenir, mais aussi l’art contemporain… Et la part belle sera faite aux moyens numériques pour une mise en valeur moderne de nos œuvres et de notre histoire, le tout dans de « très beaux volumes ».

« On peut se réjouir d’avoir un musée qui présente un tel geste architectural, un projet qui sera bénéfique aux Nouméens, aux Calédoniens et aux touristes », s’est réjouie la maire de Nouméa, Sonia Lagarde. Laurent Cabrera, secrétaire général du haut-commissariat, a lui aussi évoqué un « lieu emblématique » qui pourra peser dans « l’attractivité de Nouméa ». Astrid Gopea, du secteur de la culture au gouvernement, s’est félicitée que ce projet aux « valeurs fortes » puisse permettre de « rétablir l’identité calédonienne par le patrimoine ». Pour Alain Marc, secrétaire général du gouvernement, il s’agit ni plus ni moins, du « plus beau projet architectural depuis le centre culturel Tjibaou ».


Le MUZ, une nouvelle identité

Le nouveau musée aura un nouveau nom et une autre identité visuelle. Le logo a été salué par tous. Il s’affichera sur les objets, en boutique, sur le Web…


Expos itinérantes

Durant la durée des travaux, deux ans, les œuvres seront conservées dans un dock, à Païta. Mais l’activité du musée ne va pas s’interrompre pour autant. Des expositions itinérantes seront organisées sur tout le territoire, ce qui permettra aussi de présenter le nouveau musée. Par ailleurs l’acquisition de nouvelles pièces se poursuivra normalement.

C.M.