Tourisme en Outre-mer, 27 mesures pour 2020

George Pau Langevin, ministre des Outre-mer, et Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, ont présidé la dernière séance du Conseil de promotion du tourisme, consacrée aux destinations d’Outre-mer. Le rapport présenté à cette occasion donne plusieurs axes de travail qui doivent permettre au tourisme ultramarin d’avoir la place qu’il mérite. 

 

«Véritable levier de développement et de croissance, le tourisme n’a pas encore, dans l’ensemble des Outre-mer, la place stratégique qui devrait être la sienne. » Le constat préliminaire posé dans le rapport de la députée de la Polynésie française Maina Sage, du député guyanais Gabriel Serville, de Christian Mantei, directeur d’Atout France, et de Philippe Gloaguen, co-fondateur du Guide du routard est connu, et sans appel.

Les territoires français occupent une position bien en-deçà de leur potentiel et l’offre touristique des Outre-mer n’est pas suffisamment représentée au niveau international.

Après avoir auditionné les professionnels du secteur, les rapporteurs ont formulé un certain nombre de propositions pour mieux promouvoir les produits, renforcer l’accessibilité des destinations, ou encore accompagner la modernisation et le développement du secteur hôtelier.

Développement touristique 

Il est nécessaire aujourd’hui, estiment les rapporteurs, de mieux connaître les situations ultramarines et de mettre en place de véritables stratégies de développement touristique. Il est ainsi préconisé de faire du cluster Atout France une plateforme opérationnelle et stratégique dédiée au développement du tourisme ultramarin. Et on évoque déjà en particulier une stratégie de restructuration de la grande hôtellerie qui associe l’État, Atout France, les collectivités et les financeurs dont l’Agence française de développement.

Il pourrait y avoir un « tableau de bord de l’investissement » qui définisse les dynamiques d’évolution pour chaque territoire. Il faut sur ce sujet accélérer la prospection d’investisseurs internationaux, identifier les sites fonciers pouvant faire l’objet des nouveaux investissements et mettre en place un cadre réglementaire plus attirant.

Dans la forme, et en ce qui concerne la petite hôtellerie, la ministre a de son côté insisté sur l’exemple polynésien des pensions de famille que l’on trouve aussi localement.

Départs en retraite

et grandes écoles

Parmi les mesures envisagées pour dynamiser les entreprises, figure un travail sur les salariés. Les rapporteurs évoquent un « congé solidarité » qui faciliterait le départ en préretraite des employés âgés de l’hôtellerie contre le recrutement de jeunes déjà formés. Il est envisagé de développer un établissement de formation touristique par bassin régional et de notoriété internationale, avec des formations de niveau master minimum.

Enfin, la mise en place de dispositif de suivis des effectifs, des besoins et des carrières via des partenariats entre pouvoirs public et enseignes hôtelières est aussi mentionnée.

Accessibilité

Mais avant de construire des hôtels et de chouchouter nos touristes, il faut rendre les destinations plus accessibles.

Le rapport propose de densifier les dessertes aériennes, de développer des plans d’action sur les marchés internationaux de proximité régionale en plus du marché métropolitain et européen, de stimuler le développement d’accords commerciaux entre les compagnies et de faciliter les connexions à destination des Outre-mer.

Il est aussi prévu d’inciter les compagnies à maintenir leurs capacités en basse saison et à augmenter l’offre de sièges en période de vacances ; de favoriser le tourisme de proximité des ultramarins avec des outils d’aide au départ en vacances.

La société Aéroports de Paris, qui a reçu en 2014 pas moins de 3,8 millions de passagers sur les lignes à destination des Outre-mer (soit 4,1% du trafic total des aéroports parisiens), s’est lancé par ailleurs dans la construction d’un terminal dédié pour ces voyageurs. Un nouvel espace avec Wi-Fi, jeux gratuits, sièges et boutiques devrait voir le jour en avril 2016 à Orly Sud, un second à Orly Ouest à l’horizon 2019.

Et toujours pour faciliter les voyages, il est prévu de poursuivre l’assouplissement des conditions d’entrée dans certaines collectivités et de mettre en place des plateformes de gestion à distance de délivrance des visas électroniques.

Image

Force est de constater que l’Outre-mer français est plutôt mal connu, en particulier à l’étranger !

Il faut, estiment les rapporteurs, insister sur la promotion des patrimoines naturels et culturels, mais aussi renforcer l’offre gastronomique et prendre en compte les exigences du tourisme durable. Il est par ailleurs primordial de miser sur le numérique pour donner de la visibilité sur le Web aux destinations.

Pour l’image, toujours, l’idée de mettre en place des zones de détaxes (7 jours sur 7) permettant la vente de produits locaux et de marques a été actée.

Une réunion avec les professionnels du tourisme est prévue en septembre prochain. Objectif : établir une feuille de route autour des propositions de ce rapport.

 

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L’atout croisière 

Un autre rapport présenté lors du Conseil de promotion du tourisme concernait le tourisme de croisière. Il est estimé que ce secteur est l’activité « tête de ligne » de notre tourisme et qu’elle offre de nombreuses opportunités. D’ailleurs, en matière de promotion du tourisme français à l’étranger, l’État envisage d’intégrer systématiquement des sujets « Outre-mer », mais également « croisières ».

Parmi les mesures d’amélioration évoquées, une meilleure prise compte les enjeux de développement des croisières dans les politiques portuaires et fluviales, le renforcement de l’offre hôtelière à proximité des berges et des ports, le développement des dessertes aériennes sur les destinations croisières.

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Le tourisme en hausse au 1er trimestre

L’Institut de la statistique et des études économiques (Isee) a publié les chiffres du tourisme pour les premiers mois de l’année 2015.

De janvier à mars, 165 400 visiteurs sont venus en Nouvelle-Calédonie, soit 16 200 personnes de plus qu’au premier trimestre 2014 (+11 %).

Cette hausse résulte en premier lieu du tourisme de croisière avec 140 050 croisiéristes qui ont fait escale sur le Caillou
(+ 11 %). Mais aussi d’une reprise des arrivées de touristes à La Tontouta avec 25 400 personnes soit 2 160 de plus que l’année dernière à la même période (+ 9 %). Le marché australien est reparti à la hausse (+ 41 %) après une longue période de morosité. La hausse est également sensible pour les touristes néo-zélandais, japonais, les États-Unis et Wallis-et-Futuna, même si les Métropolitains restent les plus nombreux.

La croissance du tourisme de croisière touche tout particulièrement l’île de Maré (+ 49 % en un an).