Top les « ePoP » !

RFI Planète radio a imaginé et développé, avec l’IRD et de nombreux partenaires, le réseau international ePoP* réunissant de jeunes observateurs du Pacifique dont la mission est de recueillir, dans de petites vidéos, le ressenti de leurs concitoyens, premières victimes du changement climatique. Objectifs : faire entendre leurs voix, leurs questionnements, obtenir des réponses et faire bouger les choses.

*Petites ondes participatives

Jimmy, Koroi, Guillhem, Teva, Paula… sont originaires du Vanuatu, de Nouvelle- Calédonie, de Fidji, des Salomon, de Nouvelle-Zélande. Ils ont décidé de ne pas rester inactifs face aux perturbations et aux dangers auxquels sont confrontées leurs populations. En intégrant le réseau ePoP, ces jeunes volontaires du Pacifique se mobilisent en allant rencontrer et filmer leurs « anciens », souvent des proches ou des membres de leurs familles qui ont vécu et vivent ces perturbations au quotidien.

Le sable disparaît-il ? Le niveau de la mer monte-t- il ? Pourquoi n’y a-t-il plus d’eau potable ? La terre est-elle plus sèche qu’avant ? Les cyclones plus intenses ? Y a t-il autant de poissons dans la mer ? Faudra-t-il déménager ? Et où aller ? Observations, ressentis et questionnements surviennent au fil des conversations… démontrant tout le sérieux des effets du changement climatique chez les populations interrogées.

Patrimoine

L’idée initiale du projet ePoP était de « donner une voix à ceux qui ne sont pas souvent interrogés et qui pourtant sont les premières victimes du changement climatique : les populations insulaires du Pacifique raconte Max Bale directeur de RFI Planète Radio (France Médias Monde) et « de montrer surtout que le changement climatique n’est pas un problème qui se posera demain mais bien un problème actuel ! »

Assez naturellement, il a été décidé de donner les clefs de ces reportages à des jeunes, ces héritiers du futur, de leur donner l’opportunité de s’engager concrètement par ces vidéos, réalisées par des moyens qu’ils utilisent au quotidien : des smartphones. Et également qu’ils rencontreraient et interrogeraient leurs aînés, « les mieux placés pour raconter les évolutions survenues avec le temps dans leurs environnements respectifs ». Cette démarche, humaine et intergénérationnelle, est destinée plus globalement à interroger la communauté scientifique, celle des savants, les médias et, par ce bais, les décideurs de notre monde, encore trop souvent éloignés des réalités. Et il s’agit aussi de nourrir les archives du patrimoine immatériel de l’humanité pour cette région du monde jugée prioritaire… mais dont bien peu de personnes se soucient concrètement.

COP 23

Le projet n’en est qu’à ses débuts mais de grandes ambitions sont nourries. Pour l’instant, les ePoP se développent dans des pays pilotes en Nouvelle-Calédonie, en Nouvelle-Zélande, au Vanuatu et à Fidji. Une cinquantaine de jeunes sont concernés. Certains se sont retrouvés à plusieurs reprises pour faire des vidéos, suivre des formations, participer à des journées dédiées au développement durable. Un camp a été organisé à Fidji et une semaine de formation sur le terrain s’est tenue à Bourail. En tout, plusieurs dizaines de vidéos ont déjà été produites et seront prochainement mises en ligne sur le site internet de ePoP, en construction, et sur Facebook. Les partenariats fleurissement avec le milieu éducatif (South Pacific University à Fidji, enseignants en charge de l’éducation au développement durable en Nouvelle-Calédonie) et avec les médias. Les films seront diffusés par Caledonia localement et visibles sur France 24 à compter du 1er janvier prochain dans 220 millions de foyers.

Le programme ePoP, financé par de nombreux partenaires (Fondation de France, Fondation Alliance francaise, Organisation internationale de la francophonie, Tara Fondation, l’OPT…), vise à devenir grand et tous les jeunes qui souhaiteraient s’investir sont les bienvenus. « La motivation, la curiosité et une certaine sensibilité à l’environnement et aux autres sont les seuls critères », précise Matthias Balagny, coordinateur régional du réseau, avec Mina Vilayleck, de l’IRD.

Les plus actifs d’entre eux seront invités à la COP23 en novembre à Bonn, en Allemagne. Une chance, le rendez-vous sera présidé cette année et pour la première fois par un pays insulaire, Fidji ! De quoi pousser l’activisme plus loin. Leurs vidéos seront projetées et permettront d’adresser les problèmes qui se posent dans nos contrées et d’obtenir des réponses, et qui sait, des engagements…

C.M. Photos ePop