Squat de Poé, Une affaire de gros sous sur fond de revendication coutumière

 

 

Depuis le 31 décembre 2011, des membres du clan Tein dit Kareu occupent illégalement un terrain de la province Sud sur la plage de Poé. Devant la recrudescence d’agressions et l’insalubrité des lieux, la demande d’expulsion a été réitérée par les autorités civiles. Le clan est, quant à lui, déterminé à rester. 

L’ affaire est longtemps restée sous silence pour ne pas « froisser » les opinions, mais elle risque bien de ressurgir d’ici quelques jours en vue de l’expulsion d’une cinquantaine de squatteurs. En 2011, des membres du clan Tein dit Kareu et originaire de Houaïlou décident d’occuper illégalement une partie de la plage de Poé à Bourail pour y installer un campement pour les vacances, juste devant la résidence privée Sun Paradise, l’ancien Poé Beach. Quelques mois plus tard, le campement devient permanent, une dalle est coulée et des personnes y résident à l’année. L’affaire est portée devant la justice (voir encadré) et les squatteurs doivent quitter les lieux. Des squatteurs qui ne veulent pas partir, recevant l’appui d’une partie des coutumiers et d’une association indépendantiste.

Le ras-le-bol des riverains

Le clan Tein-Kareu se défend d’être légitime sur les terres de Poé et sur l’ensemble des terres proches de la mer à Bourail. « Ça fait plus de trente ans que notre clan revendique en vain les terres Neku. Depuis le 31 décembre 2011, on a installé en ce sens notre campement à Poé », indique Annie-Claude Tein-Kareu, la porte-parole du clan qui n’a cessé dernièrement de multiplier les actes d’agressions et d’incivilités envers les personnes qui se promènent sur la plage ou qui passent devant le squat. « Il faut que cela cesse, que l’état agisse. Ils revendiquent ces terres alors qu’ils ne sont pas soutenus par les coutumiers de Bourail. Cela va mal finir », avance, excédée, une des membres de l’association des habitants de Poé. « Ils travaillent tous, ils veulent le beurre et l’argent du beurre en nous parlant de coutume alors que leur intérêt n’est que financier. En plus ils rendent les lieux sales. Il faut que le haut-commissaire assure ses fonctions », ajoute un des résidents de Deva qui parle sous le couvert de l’anonymat de peur de représailles.

La municipalité en appelle

à l’état

Pour la mairie de Bourail, sensible au dossier, l’explication de ces revendications est simple : « Le clan Tein-Kareu n’a pas été associé au GDPL Mwe Ara dans le Sheraton, c’est pour cela qu’il revendique ces terres. Mais devant la recrudescence d’agressions physiques et l’état du site notifié par la police municipale et les gendarmes, il faut que l’ordre d’expulsion soit enfin donné. Et puis ils avaient déjà obtenu des terrains à Nessadiou. Il faut que l’état fasse respecter la décision du tribunal pour le bien de tous », explique Arnaud Wuhrlin, le premier adjoint de la mairie de Bourail.

Une affaire de gros sous

Hasard du calendrier, le clan avait commencé à revendiquer des terres depuis qu’il n’avait pas été lié à Mwe ara. Ce même GDPL (voir encadré) réunit l’ensemble des clans de Bourail et est surtout actionnaire à hauteur de 10 % de la société hôtelière de Deva, qui gère l’hôtel Sheraton. On comprend mieux les agissements du clan, qui n’a trouvé d’aide dans son action qu’auprès d’une association politique indépendantiste et certains coutumiers de Poindimié et de Houaïlou. Preuve en est, leur dernier coup d’éclat le 7 mars dernier quand le clan avait bloqué l’entrée du domaine de Deva lors de la Journée de la femme, organisée par le GDPL Mwe Ara.

Affaire de clans, de coutumiers, de part de gâteau, le tout sur fond d’occupation de domaine public agrémenté d’agressions physiques, quoiqu’il en soit la balle est aujourd’hui dans le camp de l’état qui doit faire respecter la décision du tribunal administratif ou qui pourrait bien, selon certains sources, trouver une solution « à l’amiable » comme celle d’arriver à inclure le clan dans le GDPL Mwe Ara. Une solution en douceur qui, bien évidemment, satisferait l’ensemble des protagonistes. Pendant ce temps, les riverains attendent et les promeneurs contournent les lieux.