Sonia Backes : « La date du 4 novembre est historique, le résultat du référendum devra l’être autant ! »

DNC : Quel est votre état d’esprit à quelques jours du référendum ?

Sonia Backes : Sereine et confiante sur l’issue du scrutin. Enthousiasmée à l’idée de bientôt ne plus avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête ; volontaire enfin pour écrire la suite de notre histoire… Mais jusqu’au dernier moment, je vais tenter de démontrer aux indécis que la France est une chance. Une chance pour tous !

Depuis des mois, les Républicains calédoniens font campagne partout sur le territoire en faveur d’un « non » massif à l’indépendance. Les jeunes de notre mouvement se sont même lancés dans un porte-à-porte géant pour recueillir l’avis des Calédoniens sur leur sentiment d’appartenance à la France autant que sur leurs difficultés, leurs craintes et leurs aspirations au quotidien : un travail de fourmi, qui donne une image assez précise de la société calédonienne, aujourd’hui. Mais aussi de celle qui nous faudra construire tous ensemble, demain et dans la France, après le référendum.

Alors oui, la date du 4 novembre est historique. Et le résultat devra l’être tout autant ! Nombre de nos concitoyens attendent cette échéance depuis 30 ans maintenant. Si dimanche les Calédoniens votent « non » à l’indépendance, ils auront, pour la première fois, décidé librement de rester dans la France. C’est sur cette base que les Républicains calédoniens proposent que la Nouvelle-Calédonie ait demain un statut particulier et stable, ancré dans la République, et qui devra être validé démocratiquement par les Calédoniens. Pour y arriver, la France est une chance, une chance pour tous les Calédoniens.

Quels derniers messages avant l’échéance de ce dimanche voulez-vous faire passer aux Calédoniens, si le « oui » l’emporte, si le « non » l’emporte ?

En cas de victoire du « oui » à l’indépendance, et contrairement à l’idée que s’en font certains de nos adversaires, la France traiterait avec Kanaky comme avec tout autre État indépendant et situé à 17 000 km de l’Hexagone. Il faut arrêter de croire que rien ne changerait, que la France continuerait à payer pour la Nouvelle-Calédonie à la même hauteur qu’aujourd’hui… Arrêter de croire que le regard de la France sur notre archipel des antipodes ne changerait pas !

Les 150 milliards de francs de transferts cesseraient, les aides, les régimes sociaux, notre système de soins et de retraite s’effondreraient. Les salaires diminueraient de 40 % ; il faudrait licencier quatre fonctionnaires sur dix ; notre monnaie, aujourd’hui indexée sur l’euro, chuterait et une dévaluation serait inévitable. Par ailleurs, la Nouvelle-Calédonie a aujourd’hui une dette de 350 milliards de francs vis-à-vis de la Métropole pour 727 milliards de francs prêtés par les banques locales… En bref, le niveau de vie de chacun d’entre nous baisserait et les premiers à en pâtir seraient les ménages les plus fragiles. Tout cela, nous l’avons expliqué au long de la campagne référendaire : nous avons même édité un livret (traduit en langues vernaculaires et en wallisien) pour l’expliquer.

Alors, je crois au contraire que nombre de Calédoniens qui votent habituellement indépendantiste aux élections provinciales, municipales et même législatives ont intérêt à voter « non » à l’indépendance pour ne pas perdre les avantages qui sont ceux d’une grande République : la France.

Ce « non » à l’indépendance, c’est le choix du cœur, de la raison et de l’histoire.
Le cœur d’abord : la France est un espace francophone, qui nous protège des appétits des pays de la zone Pacifique, de la Chine notamment… Le passeport français, celui d’un grand pays, nous permet de voyager et à nos jeunes d’étudier, de se former…

Ce « non » à l’indépendance, c’est aussi la raison et l’histoire : la France est un vaste espace de liberté et de valeurs : celles de la République (Liberté, Egalité, Fraternité) auxquelles nous ajoutons les valeurs océaniennes et chrétiennes. Un espace qui a permis l’émancipation de la Nouvelle-Calédonie et qui la protège. En outre, comment ferait la Calédonie pour se passer des 150 milliards de francs consacrés aux transferts chaque année ? Se passerait-on de notre système de santé ? Ferait-on l’impasse sur la solidarité, le minimum vieillesse ? Certainement pas !

Pour autant, les indépendantistes ne cesseront pas d’être indépendantistes au lendemain du scrutin, même s’ils perdent le référendum. C’est pourquoi les Républicains calédoniens proposent, dans leur projet institutionnel pour l’avenir, de remplacer les 2e et 3e référendums par un système de droit permanent à l’autodétermination. Un dispositif d’initiative citoyenne : le référendum ne pourrait être déclenché que si et seulement si 50 % des électeurs le demandaient. Ce n’est plus quelques élus qui décideraient boulevard Vauban, mais les Calédoniens eux-mêmes.

Il pourrait ainsi ne plus y avoir de référendum s’il n’y a pas de majorité pour cela. Ce serait aux Calédoniens d’en décider !

C.S