Sonia Backes : « En 2018, nous voulons rendre la parole aux Calédoniens »

Axée sur la volonté de rendre la parole aux Calédoniens, d’abord pour défendre leur volonté d’ancrage dans la France, ensuite pour construire la société d’après l’Accord de Nouméa, la rentrée politique des Républicains calédoniens a été largement occultée par la trahison de Calédonie ensemble au sein du G10. Pour faire avancer ses velléités de « souveraineté partagée », Philippe Gomès a fait voler en éclats le seul espace de dialogue avec les indépendantistes. Pourquoi ? Eléments de réponse de la présidente des Républicains calédoniens, Sonia Backes.

En 2018, toutes les actions des Républicains calédoniens visent à donner, selon vos termes, « la parole aux Calédoniens ». En étaient-ils à ce point privés ? Pouvez-vous préciser ?

Je constate, que ces dernières années, certains ont voulu écarter les Calédoniens des prises de décisions liées à leur avenir, en essayant de leur imposer un 3e accord, de leur vendre un référendum éclairé ou de leur faire croire au « grand palabre ». Ces méthodes sont révolues ; je considère que 2018 doit vraiment être l’année où les Calédoniens, tous les Calédoniens, reprendront la parole pour dire ce qu’ils souhaitent.

Votre jeune parti politique a été le premier à défendre, clairement et conformément à l’Accord de Nouméa, qu’une question binaire soit posée aux Calédoniens lors du référendum : oui ou non à la France ; oui ou non à l’indépendance. Le Premier ministre vous a donné raison, fin d’année dernière, la mission parlementaire de Manuel Valls, plus récemment encore : une victoire pour Les Républicains calédoniens ?

Nous ne nous positionnons pas en termes de victoire. Nous avons toujours considéré que le référendum ne devait souffrir d’aucune ambiguïté et devait être le moment où les Calédoniens s’exprimeront le plus clairement sur leur volonté de rester ou non au sein de la République. Aujourd’hui, l’histoire nous donne raison. Nous sommes heureux que nos positions aient été entendues et approuvées jusqu’au sommet de l’État. C’est aussi une bonne réponse à tous ceux qui ont voulu et veulent nous écarter des différentes instances. Nous sommes là, nous comptons, et avec nous les 18 000 Calédoniens qui nous ont fait confiance.

Pourtant des inquiétudes subsistent ?

Oui, rien n’est acquis ! Et nous ne doutons pas que ceux qui ont été désavoués par le Premier ministre notamment, tenteront toujours de nous écarter du débat et d’imposer leur vision. Notre combat est loin d’être terminé. Mais nos idées progressent au sein de la population.

Malgré toutes les garanties, existe-t-il encore aujourd’hui des divergences sur la formulation de la question ?

Certains indépendantistes et nationalistes, à Calédonie ensemble par exemple, préfèrent le terme « souveraineté » au terme « indépendance », qui fait peur à une partie de la population, consciente désormais des conséquences d’une indépendance sur leur quotidien. Nous le disons et nous le répéterons pendant la campagne référendaire : l’indépendance et la pleine souveraineté, sont une seule et même chose, alors pourquoi tenter de compliquer le débat ? En ce qui nous concerne, de longue date, nous avons proposé que la question soit : « Voulez- vous que la Nouvelle-Calédonie accède à son indépendance ou qu’elle se maintienne au sein de la République française ? » et qu’il y ait deux bulletins : un « France » ; l’autre « indépendance », de manière à ce que notre combat, celui des prochains mois, soit bien celui de maintenir la Nouvelle-Calédonie dans la France.

Concrètement et pour en revenir aux Républicains calédoniens, quelles sont les prochaines échéances que vous fixez à votre mouvement ?

Nous sommes sur tous les terrains. À la fois en rencontrant les Calédoniens, mais également au sein des institutions et nous ne manquons pas de travail, pour nous opposer notamment à la politique dévastatrice que mène Calédonie ensemble au gouvernement sous l’impulsion de Philippe Germain. Enfin, nous sommes engagés aujourd’hui dans la préparation du référendum et prochainement dans la campagne électorale en faveur de la France. Quant à nos instances, nous tiendrons un conseil politique le 15 mars prochain, où nous invitons l’ensemble des Calédoniens à participer.


Dernière heure : Sonia Backes et les loyalistes quittent le G10

Les Républicains calédoniens ont quitté mercredi matin le G10, le groupe de discussions informelles sur l’organisation du référendum : Philippe Gomès, ayant tenté de forcer la main des loyalistes pour imposer un exposé des motifs au projet de délibération fixant la date du référendum. Un texte qui s’apparente plus à un préambule bis de l’Accord de Nouméa conçu pour sa « petite nation dans la grande ». Le Rassemblement a lui aussi quitté le G10, qui de fait n’existe plus ! Explications de Sonia Backes.

Pour quelles raisons venez-vous de quitter le G10, ce groupe de discussions informelles sur l’organisation du référendum, mis en place sous l’égide de l’état ?

Nous avons en effet quitté, ce mercredi matin, le G10 où nous ne siégerons plus. Le Rassemblement en a fait autant : dès lors, cette instance, créée par le haut-commissaire à la demande du Premier ministre, cesse d’exister, puisqu’elle ne réunit plus que les indépendantistes et les nationalistes de Calédonie ensemble. Dès le départ, Les Républicains calédoniens avaient annoncé qu’ils quitteraient cette instance si celle- ci venait à imposer des orientations ou des évolutions statutaires dans le dos des Calédoniens.

Vous évoquez la « trahison » de Philippe Gomès…

Oui, Philippe Gomès a voulu passer en force un texte non signé par les groupes politiques en le rendant public sur les réseaux sociaux, malgré l’accord de confidentialité que nous avons signé. Depuis le début des discussions, le patron de Calédonie ensemble prend des positions plus indépendantistes que les indépendantistes eux-mêmes. Les heures de discussions sur le texte n’ont réussi à gommer ni une repentance coloniale à outrance, ni la connotation indépendantiste du texte, qui devait servir, je le rappelle, à une proposition de délibération pour fixer la date du référendum. Une simple question de calendrier, donc !

Conclusion ?

Elle est simple : la honte constatée de Philippe Gomès d’appartenir à la République française met en danger le camp des loyalistes auquel il n’appartient plus. En publiant son « préambule à l’indépendance association » sur les réseaux sociaux et en sous entendant qu’il recueillait l’accord de tous, Philippe Gomès a fait le choix de rompre le dialogue instauré au G10.

Est-ce du même coup la fin de la plateforme Calédonie ensemble – Rassemblement ?

Tout d’abord, je salue la sortie de Thierry Santa et du Rassemblement du G10. Ensuite, j’espère qu’en cohérence, ils sortiront du groupe nationaliste au Congrès auquel son parti appartient. La logique est sans appel ! Les Républicains calédoniens souhaitent que le dialogue continue avec les indépendantistes dans le respect des convictions de chacun. Mais sans que nul n’impose ses volontés au bénéfice de la trahison de son propre camp.

Propos recueillis par L.N.