« Soignants asphyxiés, patients condamnés ! »

Mardi matin, le syndicat des sages-femmes libérales était dans la rue pour alerter l’opinion publique et se faire entendre par les institutions sur la précarité de leur situation. Les orthophonistes, qui avaient tiré la sonnette d’alarme la semaine dernière, leur ont apporté leur soutien, au même titre que les ambulanciers.

« Resiste, prouve que tu existes« . À croire que la célèbre chanson de Michel Berger, interprétée par France Gall, a été spécialement écrite pour les sages-femmes libérales de Nouvelle- Calédonie. Entre autres slogans, leur syndicat reprenait en chœur les paroles de ce tube exprimant fidèlement leur ressenti. Une trentaine de sages-femmes et sympathisants, accompagnés de représentants du syndicat des orthophonistes et de celui des ambulanciers, ont marché, mardi matin, du gouvernement au Congrès où des membres du bureau ont été rapidement reçus, à la faveur d’une interruption de la commission des droits de la femme et de la famille, cela ne s’invente pas.

Tout au long de la marche, les passants étaient plutôt interloqués devant le spectacle de ces femmes en rose portant des poupons et scandant à tue-tête « Soignants asphyxiés, patients condamnés ! », faisant référence au train de mesures draconiennes annoncées par le président du gouvernement pour « sauver » le Ruamm, régime unifié d’assurance maladie- maternité.

Pas vraiment au fait de la situation, certains passants estimaient toutefois justes leurs revendications et notamment celle qui vise la revalorisation de leurs actes. Le manque de considération des institutions, tout comme des caisses, se traduit en particulier sur le plan financier. À l’instar des orthophonistes dont la dernière revalorisation de 20 francs remonte à 2009, les sages-femmes ont dû, elles aussi, faire face à une augmentation des charges.

« Contre la disparition de nos professions »

« Nous défendons l’accès aux soins et nous luttons contre la disparition de nos professions, plaide Aurélie Ducandas, la présidente du syndicat des sages-femmes libérales. Nous avons adressé plusieurs demandes au gouvernement qui sont restées lettre morte ». Les sages-femmes avaient été reçues par Claude Gambey, collaborateur de Valentine Eurisouké, en charge du pilotage du plan Do Kamo, sans plus de résultats. « Nous avions fait des propositions pour faire des économies, précise Aurélie Ducandas, mais cela n’a malheureusement rien donné ».

Travailler pour payer les charges

La réalité de la profession, ce sont des sages- femmes qui vivent dans l’insécurité quotidienne au niveau de leurs revenus, poussant certaines à ne pas prendre de congés pour être sûres de faire rentrer de l’argent, mais sans savoir non plus quand le Ruamm pourra rembourser leurs prestations. D’une certaine façon, elles ont simplement l’impression de devoir travailler pour payer leurs charges.

« Le parcours de santé n’est pas réfléchi et nous ne sommes pas associées », souligne encore la présidente du syndicat. Une manière de dire qu’il existe d’importantes inégalités pour les professionnels de santé dans la prise en charge des patients qui ne sont ni dans l’intérêt du malade, ni dans celui des cotisants.

Mais les professionnels ne désespèrent pas d’être entendus. Orthoptistes, ambulanciers, ostéopathes et même certains médecins, comme on pouvait l’entendre au sein du cortège, commencent à se fédérer pour mieux se faire entendre. Le Congrès devrait prochainement rencontrer les représentants des deux syndicats, sages-femmes libérales et orthophonistes, et au cas où ils ne seraient pas encore au courant, selon le gouvernement, Valentine Eurisouké aurait l’intention de les recevoir également.

M.D.