Six ans de prison pour une vie fauchée

Le verdict est tombé mardi, en fin d’après-midi, treize longs mois après l’accident qui a coûté la vie à Mathilde Molina. Le conducteur, Allan Nicol, poursuivi pour « homicide involontaire et délit de fuite » a été condamné à six ans de prison ferme. Thomas Louviers, son passager, a pris huit mois de prison pour « non-assistance en danger ».

Ils avaient percuté la jeune infirmière de 23 ans au bord de la route, sur l’Anse- Vata, le 19 août 2016, après une soirée de beuverie. Mais ils ne s’étaient pas arrêtés et ne s’étaient pas dénoncés trois mois durant, malgré les appels à témoin répétés de la famille Molina et l’indignation de l’opinion publique. La voiture incriminée avait même était réparée pour masquer les traces de l’impact… Et puis l’étau s’est finalement resserré – grâce en particulier aux révélations d’une jeune fille – autour d’Allan Nicol et Thomas Louviers, 18 ans, deux lycéens de Tina.

Lors de leur procès au tribunal correctionnel, ils risquaient respectivement sept et cinq ans d’emprisonnement. L’avocat général a requis six ans de prison ferme avec mandat de dépôt pour Nicol et trois ans à l’encontre du passager. Le représentant du ministère public a été suivi pour le premier, tandis que la seconde peine a été largement revue à la baisse. Ce jugement a semblé dérisoire pour beaucoup de Calédoniens qui ne se sont pas retenus pour dire tout ce qu’ils pensaient sur les réseaux sociaux en particulier. Mais rappelons que l’on ne parle pas d’homicide volontaire… et que la loi est ainsi faite.

Triste histoire et protagonistes

Le procès a confirmé en revanche ce sentiment d’un énorme gâchis qui a offusqué tout un chacun depuis ces tristes faits. Mathilde, « petite dernière » de la famille Molina, jeune femme dans la fleur de l’âge, ne reviendra pas. Et elle aura vécu un calvaire de 78 jours avant de s’éteindre et de sauver au passage, insistons là-dessus, huit vies grâce au don d’organes.Sa famille, elle, ne sera jamais en paix.

En face, des vies sont affectées aussi, forcément. Il ne s’agit pas de le nier. Reste que le comportement des garçons depuis l’accident, et du conducteur en particulier, ne cesse d’interroger. On peut concevoir la peur évidemment, « l’inconscience » et « le manque de responsabilité. » Mais de là à reconduire en état d’ivresse quinze jours après avoir percuté la jeune femme… de là à avoir fait réparer la voiture… De là à faire preuve d’une attitude jugée déplacée jusqu’au tribunal… De ne pas exprimer ses remords. Il y a un monde. Celui peut-être de la perception du bien et du mal… du vide, de l’important, des valeurs, de l’humain.

Cette affaire doit nous faire réfléchir : 41 personnes sont mortes depuis le début de l’année sur nos routes. Plus de 500 en dix ans, nous disent Les Nouvelles calédoniennes cette semaine. Mettons effectivement tous les moyens pour lutter contre l’alcool au volant, la vitesse… Ne nous habituons pas à de tels comportements, à un tel nombre de victimes, de suicidaires et de meurtriers.

C.M.