Sidaction : l’occasion de faire un point sur la maladie

L’édition 2018 du Sidaction, événement caritatif annuel national, s’est achevée sur des promesses de dons supérieurs à 2017. Parallèlement, un sondage indique qu’un jeune sur cinq se dit encore mal informé sur le sida ou pense que le virus peut s’attraper en s’embrassant.

L’édition 2018 du Sidaction, événement caritatif annuel relayé à la radio et la télévision, s’est achevée dimanche soir sur un bilan de 4,4 millions d’euros de promesses de dons, en hausse de près de 10 % par rapport à l’an dernier, ont annoncé les organisateurs. « Nous sommes soulagés de voir que les donateurs sont encore mobilisés, malgré les craintes de banalisation de l’épidémie », a déclaré à l’AFP la directrice générale de l’association Sidaction, Florence Thune. Les fonds seront « reversés à des programmes de recherche et de soins et à des programmes associatifs de prise en charge et d’aide aux malades, en France et à l’international. » Si Florence Thune parle de banalisation, un sondage Ifop-Bilendi publié deux jours avant l’opération va plus loin avec la vision des jeunes sur la maladie et on peut s’en inquiéter. Le sondage révèle que 20 % des 15-24 ans s’estiment mal informés sur le VIH. Pour aller plus loin et en sachant qu’en France métropolitaine il y a 6 000 nouvelles contaminations du VIH par an, le sondage indique qu’un jeune sur cinq croit aujourd’hui encore que le virus se transmet par la transpiration ou la salive et 21 % pensent que le virus peut se transmettre en embrassant un séropositif.

Rappelez-vous, lors du premier Sidaction en 1994, Clémentine Célarié démontrait qu’on pouvait embrasser sans risque une personne séropositive. Un message qu’il faut donc visiblement répéter, 24 ans après. D’autant que les contaminations chez les 15-24 ans ont augmenté de 24 % depuis 2007, rappelle Sidaction, et les pratiques à risque persistent : 14 % des jeunes interrogés disent avoir été exposés au moins une fois et moins de la moitié ont alors effectué un test de dépistage.

La situation en Nouvelle-Calédonie

Profitant de l’opération Sidaction, l’association Solidarité Sida-NC en appelle également aux dons. Vous pouvez toujours les envoyer par SMS en tapant « don » au 4125. Pour faire le parallèle avec le sondage Ifop, la situation semble identique et même plus inquiétante localement.

Le VIH/sida est aujourd’hui encore méconnu pour un grand nombre de Calédoniens. Selon le dernier Baromètre santé publié en 2016, plus de 30 % de la population pensent encore que le virus se transmet par la salive, 20 % par une piqûre de moustique, 10 % en serrant la main d’une personne vivant avec le VIH… Un Calédonien sur quatre pense aussi que se laver après l’acte sexuel est e cace. De plus, selon une enquête de la Communauté du Pacifique, 30 % des jeunes refuseraient de manger avec une personne séropositive.

Il faut savoir qu’en Nouvelle-Calédonie, un peu plus de 260 personnes sont déclarées séropositives, « un chiffre que l’on peut facilement multiplier par trois », selon Solidarité Sida-NC. En moyenne, 16 nouveaux cas sont recensés par an et l’âge des personnes vivant avec le VIH s’échelonne de 6 à 74 ans avec une prédominance pour les quadragénaires. « L’année dernière encore, des personnes ont été dépistées tardivement nécessitant des hospitalisations longues, avec un pronostic vital engagé, explique l’association. On parle d’épidémie cachée. Selon l’OMS, 20 % de la file active ignore sa séropositivité et représente un grand risque de transmettre le virus et déclarer la maladie. »

Si en Nouvelle-Calédonie pour 70 % des cas la transmission se fait sexuellement, le dépistage reste peu utilisé. « Il y a chaque année des diagnostics tardifs qui engagent le pronostic de vie. Il faut que la population pense à se faire dépister. Le dépistage permet un diagnostic précoce et une mise en route d’un traitement rapide et efficace qui protège la vie », conclut l’association.


Le dépistage sur le territoire

Seulement 21 000 tests du VIH/sida sont effectués chaque année pour 160 000 personnes sexuellement actives. 55 % d’entres elles déclarent n’avoir jamais fait de test de dépistage. Et plus de 65 % des tests datent de plus de deux ans.
Concernant les maladies ou infections sexuellement transmissibles, le principal éau pour les opérateurs sanitaires reste la chlamydia. 20 % des18-25 ans et 9 % des 18-49 ans en sont victimes. Cette bactérie sexuellement transmissible, dont la conséquence est la stérilité, touche six fois plus la population calédonienne que celle de Métropole.

C.S