Sida : l’épidémie cachée

La Journée mondiale de lutte contre le sida a été célébrée le 1er décembre. L’occasion de sensibiliser le public sur cette maladie et de rappeler qu’il est nécessaire de se faire dépister. L’association Solidarité Sida-NC a d’ailleurs décidé cette année de mettre l’accent sur le dépistage via une campagne d’a chage et de spots radio et télé.

Actuellement 263 personnes seraient déclarées séropositives en nouvelle-Calédonie, « un chiffre que l’on peut multiplier par trois », selon Solidarité Sida-NC. En moyenne, 16 nouveaux cas sont recensés par an et l’âge des personnes vivant avec le VIH s’échelonne de 6 à 74 ans avec une prédominance pour les quadragénaires. « Cette année encore, des personnes ont été dépistées tardivement nécessitant des hospitalisations longues et avec un pronostic vital engagé, explique l’association. On parle d’épidémie cachée, car d’après l’OMS, 20 % de la le active ignorent leur séropositivité et représentent un grand risque de transmettre le virus et de déclarer la maladie. »
Constat accablant, le VIH/sida est aujourd’hui encore méconnu pour un grand nombre de Calédoniens. Selon le Baromètre santé, plus de 30 % de la population pensent encore que le virus se transmet par la salive, 20 % par une piqûre de moustique, 10 % en serrant la main d’une personne vivant avec le VIH… Encore, un Calédonien sur quatre pense que se laver après l’acte sexuel est efficace. De plus, selon une enquête de la CPS, 30 % des jeunes refuseraient de manger avec une personne séropositive.
Alors que dans 70 % des cas, la transmission se fait sexuellement, le dispositif dépistage mis en place sur le territoire reste peu utilisé par la population, selon Solidarité Sida-NC. Devant ce constat, l’association a donc décidé de promouvoir une nouvelle fois le dépistage dans sa campagne annuelle de prévention.

Le dépistage, une priorité

Le dépistage du VIH/sida est un enjeu important en Nouvelle-Calédonie comme ailleurs : il participe à l’objectif fixé par Onusida pour mettre fin à l’épidémie et qui est de « parvenir à ce que 90% des personnes séropositives connaissent leur statut sérologique. »

Pour les représentants de Solidarité Sida-NC : « Il y a chaque année des diagnostics tardifs qui engagent le pronostic de vie. Le dépistage permet un diagnostic précoce et une mise en route d’un traitement rapide et efficace qui protège la vie. »

Animée par la volonté de rappeler l’importance du dépistage, l’association se mobilise cette année dans sa campagne en impliquant des personnalités calédoniennes et à travers le message : « On a tous une bonne raison de se faire dépister auprès du grand public. Je me suis fait dépister et vous ? » Pour la chanteuse Julia Paul : « Si ma participation à cette campagne incite les Calédoniens à se protéger ou à aller se faire dépister, je serais contente d’avoir mis ma pierre à l’édifice. C’était évident qu’il fallait que j’accepte. » De son côté l’humoriste Dany Banreu explique : « On entend souvent parler du sida et pourtant on n’en parle pas. C’est bête, non ? Le danger est là, il ne faut pas le négliger. »

Des actions de proximité

Pour cette campagne, qui se termine dans quelques jours, des a ches ont été mises à la disposition dans les dispensaires, les salles d’attente chez les médecins, les pharmacies et les mairies, la plupart des espaces publics qui souhaitent véhiculer le message dans les trois provinces. La campagne est relayée sur Facebook et les radios et télés locales aux moyens de spots. « Elle invite à ce que chacun se fasse dépister, pour prendre en charge les séropositifs qui s’ignorent et, ainsi faire reculer le VIH/sida en Nouvelle-Calédonie. Les Calédoniens (nes) peuvent appeler le numéro vert 05 30 30 pour obtenir plus d’informations sur le dépistage », concluent les responsables de l’association.


Dépistage VIH en Nouvelle-Calédonie

Seulement 21 000 tests du VIH/sida sont effectués chaque année pour 160 000 personnes sexuellement actives. 55 % de la population sexuellement active déclarent n’avoir jamais fait de test de dépistage. Selon le Baromètre santé de 2010, plus de 65 % des tests datent de plus de deux ans. Par ailleurs, 9 % de la population entre 18-49 ans en Nouvelle-Calédonie sont porteurs d’une chlamydia dont la conséquence peut être la stérilité. Pire encore, 20 % des jeunes de 18-25 ans en sont victimes. Ces taux étaient six fois plus importants qu’en Métropole en 2013, selon une enquête de prévalence des IST, infections sexuellement transmissibles.


Comment se transmet le virus ?

Le principal mode de transmission se fait lors de relations sexuelles sans préservatif masculin ou féminin, mais aussi par voie sanguine. Dans ce cas, sont tout particulièrement les toxicomanes, mais aussi les hémophiles et transfusés. La sécurisation des transfusions sanguines a été mise en place en France en 1993 avec de nombreuses lois pour garantir la sécurité des donneurs et des receveurs. Par contre, la situation peut être différente en dehors des pays développés. Le VIH peut enfin se transmettre de la mère à l’enfant dans l’utérus lors des dernières semaines de la grossesse et au moment de l’accouchement. Sans traitement, le taux de transmission avoisine 20 %. En revanche, si la femme enceinte est traitée et accouche par césarienne, le taux de transmission de la mère à l’enfant se réduit à 1 %.

C.Sch