Semaine de l’écomobilité : bouger autrement

Pour la quatrième année consécutive du 16 au 22 septembre, la Semaine de l’écomobilité sera relayée par l’Ademe, Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. L’occasion pour le grand public de participer à des initiatives et d’être sensibilisés aux enjeux en matière de développement durable.

Le climat est en plein changement et les comportements humains n’y sont pas étrangers. Afin de sensibiliser la population sur la nécessité de modifier les habitudes en matière de transport, l’Ademe relaie depuis trois ans la Semaine de l’écomobilité. Selon l’agence, la voiture représente un coût annuel de près de 600 000 francs, pour reprendre les chiffres de Métropole. Si l’argument économique est souvent le premier à être mis en avant lorsque l’on évoque la question des émissions de carbone, les conséquences sont avant tout environnementales.

Et il n’est pas question de science-fiction. À court terme, souligne Caroline Rantien, la représentante de l’Ademe en Nouvelle- Calédonie, 19 % des îlots sont menacés par la montée des eaux. Sur la côte Est, certaines tribus du littoral ont déjà dû déménager, elles appellent à l’aide et cette aide a un coût bien réel pour les collectivités. Si les engagements pris lors de l’Accord de Paris semblent ne pas être tenus au niveau mondial, la Nouvelle-Calédonie fait figure de mauvais élève en produisant par habitant l’une des plus grandes quantités de gaz à effet de serre en tenant compte de la mine et de la métallurgie.

Sur la question des transports, le schéma pour la transition énergétique adopté par le Congrès en 2016 estimait que ce secteur représentait environ 15 % de l’ensemble des émissions. À l’horizon 2030, l’idée est de les réduire de 30 %. Si le mouvement associatif est déjà engagé dans cette transition, en essayant notamment de proposer des alternatives à la voiture, le chemin devrait être encore long, le changement de comportements et des mentalités des citoyens n’étant pas une chose évidente.

Un nouvel adhérent à la charte

Durant cette semaine, les partenaires de l’opération auront à cœur de montrer les actions réalisées et de donner un nouvel élan à la charte de l’écomobilité, mise en place en 2015. Début octobre, un comité devrait être organisé et permettra de redynamiser la démarche avec des échanges entre les adhérents. L’Ademe en a profité pour annoncer l’arrivée de l’OPT, 14e adhérent de poids à la charte. Avec une masse salariale de près de 1 300 personnes, une flotte d’environ 600 véhicules sillonnant quotidiennement les 33 communes et un grand nombre de tribus, les enjeux pour l’Office des postes et des télécommunications sont importants. L’établissement public travaille actuellement à la définition de son futur plan stratégique qui intègre la RSE, responsabilité sociale des entreprises. Sur la question de la mobilité, le plan prévoit l’intégration de véhicules  électriques. Un test est déjà en cours sur deux sites dont Koné. Les véhicules électriques seront alimentés par des panneaux solaires installés sur les bâtiments. Ces premiers tests pourraient conduire à la généralisation de l’équipement des bâtiments en panneaux photovoltaïques et à l’acquisition de voitures électriques. L’OPT a déjà identifié 80 sites qui pourraient être équipés.

En matière énergétique, l’enjeu est également important puisque chaque année, l’Office des postes s’acquitte d’une facture de l’ordre de 400 millions de francs. Une autre expérimentation est actuellement menée sur la flotte de boosters qui permet aux facteurs d’assurer la livraison du courrier. De manière plus générale, les réflexions portent sur le développement des outils de communication permettant d’éviter les déplacements du personnel.

La province Sud réfléchit également sur ces questions. Depuis plusieurs années, un travail a été entrepris autour d’un plan de déplacement de l’administration par le plus gros employeur public du territoire et ses 2 000 agents. Selon Nina Julié, élue de la province en charge des questions environnementales, le plan a été récemment présenté aux élus. Reste à savoir quand il pourra être décliné de manière concrète. En attendant, l’institution organisera un challenge entre ses directions pour promouvoir les déplacements en mode doux à l’occasion de la Semaine de la mobilité, ce que proposera également la CCI sur la plateforme de Tontouta où un plan de déplacement est en cours de mise en œuvre (lire notre édition 9 août).

Dans le cadre de son schéma des modes actifs, la province prévoit d’équiper 30 % de sa voirie en pistes cyclables d’ici 2020. Selon la Direction de l’équipement, l’objectif devrait être atteint dans les temps. Si les choses ont avancé relativement doucement, elles devraient s’accélérer dans les mois à venir. Une nouvelle qu’appréciera l’association Droit au vélo qui milite pour la démocratisation de la pratique du vélo. La question de la piste cyclable est essentielle, notamment pour des questions de sécurité, les routes calédoniennes et la conduite de certains automobilistes étant particulièrement dangereuses.

L’association Droit au vélo propose, le dimanche 16 septembre, un Altertour à Nouméa. L’idée de cette balade est de découvrir, avec deux parcours de 20 et 27 kilomètres accessibles à tous, des pratiques écologiques. Différents arrêts et des ateliers permettront, par exemple, de rencontrer une famille pratiquant le zéro déchet. La participation est gratuite, mais le nombre de places est limité à 200 (100 pour chaque parcours). Les inscriptions peuvent être prises sur la page Facebook de l’association ou directement, le dimanche matin, sur la place des Cocotiers.

Le jeudi suivant, le 19 septembre, le SMTU organisera sa journée des transports publics. Les visiteurs pourront découvrir les réseaux actuels et gagner des titres de transport. Il sera aussi l’occasion de se renseigner la mise en place du réseau unique, Taneo, prévu pour septembre 2019 à l’occasion de la mise en œuvre du Neobus. Si le futur transport en commun en site propre n’est pas gratuit comme le sont beaucoup de réseaux en Métropole, le SMTU assure travailler à une grille tarifaire beaucoup plus développée que celle existant actuellement. L’idée étant de permettre aux moins favorisés d’accéder aux tarifs les plus avantageux, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, notamment pour des raisons liées aux prélèvements bancaires. D’ici quelques semaines, le sort réservé au projet des navettes maritimes devrait par ailleurs être décidé. En cas d’accord, elles pourraient commencer leurs rotations avant la fin de l’année.

Pas de politique publique à l’échelle du territoire

L’Agence calédonienne de l’énergie sera également partenaire durant cette semaine et présentera le dispositif d’aide pour acquérir un vélo électrique, un axe fort, selon sa présidente Nina Julié. Ce dispositif qui ne s’adresse pas franchement aux couches les plus populaires vise à réduire les émissions de carbone sur les trajets domicile-travail qui représente 40 % des déplacements effectués en voiture. En deux mois, près de 200 ont déjà été vendus, autant que sur toute l’année 2017. Les 200 vélos

représentent une aide de 10 millions de francs. Une enveloppe annuelle de 50 millions y est allouée avec un objectif de vente de 1 000 vélos. L’agence a également lancé un appel à projets sur les questions d’écomobilité. Cinq projets ont déjà été déposés à l’Agence pour, au total, une enveloppe de 100 millions de francs pour cette année. Deux autres appels à projets de même montant seront également lancés en 2019 et 2020. Nina Julié précise que les projets pourraient prendre la forme de vélos ou des véhicules en accès libre, par exemple.

Le lycée Jules-Garnier sera également de la partie, à l’occasion du Jeudi de la mobilité. Les élèves et leurs enseignants présenteront les filières de formation en maintenance des véhicules écomobiles. Le lycée travaille activement à diversifier ses formations, notamment grâce à l’acquisition d’un véhicule hybride. Jules-Garnier est en train de créer un laboratoire qui permettra aux élèves de s’entraîner sur des véhicules hybrides, mais aussi des vélos électriques récupérés auprès de l’université. Après avoir abandonné un projet autour des vélos électriques, l’université les a laissés rouiller dans un conteneur. Le directeur a eu l’idée de les prêter au lycée afin que les élèves puissent les remettre en état.

De manière générale, ces actions montrent qu’il existe un mouvement de fond qui a encore du mal à percer auprès du grand public. Le site de covoiturage en est une bonne illustration. Après un gros investissement des collectivités et faute de communication, le site tourne sans véritablement décoller. Et de fait, les comportements sont difficiles à changer, d’autant que les politiques publiques manquent franchement d’ambition et tout bonnement de structuration. Si une véritable stratégie a été définie au niveau de l’agglomération et déclinée au travers de projets symboliques tels que Néobus, c’est loin d’être le cas au niveau territorial. Le schéma global des transports est toujours dans les limbes malgré des années de travail. De fait, la politique territoriale du gouvernement et, dans une certaine mesure, des provinces se limite à répondre aux urgences en accordant des financements, sans pour autant qu’une stratégie clairement définie permette à la population d’en devenir acteur.

M.D.