Scal’air présente son bilan d’activité 2017

L’association de surveillance de la qualité de l’air a mis en ligne son rapport d’activité 2017. Une année marquée par l’adoption de la délibération sur la qualité de l’air et la définition d’un nouveau plan de surveillance pour la période 2018-2022.

Ce chiffre européen montre clairement que la mauvaise qualité de l’air n’est pas sans conséquence pour la santé humaine. Parmi les polluants les plus toxiques, on retrouve les particules fines d’un diamètre inférieur à 2,5 micromètres, mais aussi le dioxyde d’azote ou encore l’ozone. Et mauvaise nouvelle, la Nouvelle-Calédonie n’est pas épargnée à la différence près que l’on mesure encore relativement mal l’impact sanitaire de la qualité de l’air.

Créée fin 2004, l’association Scal’air a précisément pour mission de mesurer la qualité de l’air. Un travail indispensable à l’évaluation des risques sanitaires qui n’est toutefois pas encore la règle. Seule une étude partielle et ponctuelle a été réalisée. Ses résultats ont été présentés en 2016 et montré que les pollutions avaient un impact sur la santé des Nouméens et notamment des enfants.

L’ensemble des incidences n’a cependant pas été passé en revue et, faute de cadre réglementaire, l’étude n’a pas réellement conduit à des changements importants. En 2017, le Congrès a toutefois adopté une délibération instaurant un cadre en matière de surveillance et de mesure de la qualité de l’air. Reste que les arrêtés donnant corps à cette texte n’ont toujours pas été pris par le gouvernement. La situation n’a donc pas changé puisque des normes d’émission propres à la Nouvelle-Calédonie ne sont toujours pas définies. On peut également s’interroger sur la pertinence de la définition de telles normes en sachant qu’il n’existe pratiquement aucune étude quant aux liens entre les polluants et santé sur le territoire. Selon le rapport de Scal’air, les arrêtés doivent être adoptés d’ici à la fin de l’année.

La nouvelle réglementation toujours en stand-by

La révision du plan de surveillance, feuille de route de l’association pour cinq ans, prévoit d’inscrire pleinement Scal’air dans cette réforme. L’association pourrait logiquement occuper un rôle central dans la surveillance et la mesure qui pourrait être rendue obligatoire pour certaines activités. La délibération prévoit d’agréer des organismes de surveillance de la qualité de l’air. Mais le plan envisage de manière plus large le développement de l’association dans les années à venir sur les nouveaux polluants à surveiller, par exemple, mais aussi sur la mise en œuvre de nouveaux outils de communication auprès du grand public. Comme l’outil de prévision qui devrait permettre d’établir des bulletins pour le lendemain sur lequel l’équipe de Scal’air travaille maintenant depuis plus d’un an.

En matière de mesure, les analyses de l’association ne présentent pas de surprise particulière. Dans l’ensemble, et pour les zones observées par Scal’air (Nouméa et l’usine du Sud), la qualité de l’air est relativement bonne en dehors d’épisodes de pollution.

Comme le souligne le rapport, « la pollution à Nouméa est une pollution majoritairement de pointe et concerne principalement les sites de la Vallée-du-Tir et de Montravel, situés tous deux à proximité du site industriel de Doniambo. Plusieurs dépassements des seuils ont été relevés sur ces sites au cours de l’année 2017 ». Dans le détail, on relève des dépassements importants de dioxyde de soufre, des émissions très importantes de PM10 qui atteignent le niveau maximum recommandé par l’OMS, en particulier sur Montravel, ce qui n’était pas arrivé depuis 2008.

Des risques sanitaires graves

Autre mesure inquiétante qui n’est pas nouvelle : la concentration en nickel dans l’air sur Nouméa. Depuis 2009, les mesures montrent des concentrations nettement supérieures aux valeurs cibles. Pour une valeur de 20 ng par m3, Scal’air a mis en lumière une concentration de plus de 30 ng. Une concentration importante qui a connu des pics par le passé et notamment en 2011 avec un relevé de plus de 60 ng. Pour rappel, le nickel n’est pas présent naturellement dans l’atmosphère et est classé par le Centre international de rechercher sur le cancer comme un cancérigène possible pour l’homme. De manière générale, le nickel a des effets allergènes cutanés et peut provoquer

des irritations et des inflammations des voies respiratoires, de l’asthme ou encore des vomissements.
Au moment où le territoire souhaite se doter d’une nouvelle réglementation, la question des émissions, notamment des particules les plus fines, posent de nombreuses questions. Les dernières recherches montrent que plus les particules sont fines, plus elles présentent une dangerosité pour la santé. En France, certaines associations du même type que Scal’air comme Air Paca, confrontées à la problématique industrielle, reconnaissent qu’il faut mesurer les pollutions industrielles autrement. Pour de nombreux spécialistes de la question, il faut désormais mesurer les émissions de PM1 et surtout définir des seuils afin de protéger la population.

M.D.

Le rapport d’activité 2017 est en ligne sur le site www.scalair.nc. Vous pourrez également y retrouver le plan de surveillance pour la période 2018-2022 ainsi que nombreuses autres publications de l’association.