Roger Agnelli : « Faire du Sud le phare du développement et de la croissance. »

L’ancien patron du groupe Vale est décédé en début de semaine dans un accident d’avion à Sao Paolo au Brésil. De juillet 2001 à mai 2011, il avait présidé la compagnie minière Vale pour en faire l’un des fleurons de l’industrie brésilienne. À ce titre, il était donc directement à la manœuvre en 2006, quand le géant brésilien s’est porté acquéreur de l’International Nickel Company of Canada (Inco) et, avec lui, du projet de taille mondiale de l’usine de Goro.

Roger Agnelli n’avait rien d’un obscur magnat de la City ou de Wall Street. Même s’il en partageait les codes et le savoir- faire et était issu du milieu de la finance pour avoir passé près de 20 ans comme banquier d’affaires à la Banco Bradesco, deuxième opérateur bancaire privé du Brésil, Agnelli avait une vision moderne et pragmatique de l’économie, une vision mondiale. Il s’était fait le chantre du développement Sud/ Sud, en particulier auprès de ses interlocuteurs calédoniens, jouant du fait qu’il était à la tête d’un groupe installé au Brésil, dans l’hémisphère Sud. De ce fait, son approche des problématiques sociales, voire ethniques, devait être différente de celles des multinationales nord-américaines ou européennes. Des propos rassurants qui n’ont pourtant pas suffi à éteindre totalement les craintes liées au projet de l’usine du Sud, tant en matière de sécurité au travail et d’environnement, que de retombées économiques et financières pour les populations de la région de Yaté et du Mont- Dore et des collectivités.

Ce qui est certain, c’est que Roger Agnelli a cru au projet calédonien et qu’il a, malgré les accidents industriels et les oppositions, parfois violentes, maintenu coûte que coûte le cap pour le mener à son terme. Un an avant son départ en 2011, le quatrième patron mondial selon la Harvard Business Review en 2013, était parvenu à achever la phase de construction de l’usine du Sud. En participant activement à l’entrée des institutions calédoniennes au capital de Vale-Nouvelle-Calédonie au travers de la Société de participation minière du Sud calédonien (SPMSC) dans laquelle la province Sud est actionnaire à hauteur de 5 %, et les provinces Nord et Iles de 2,5 % chacune, le groupe brésilien et son président faisaient preuve d’un engagement indéniable à l’égard de la Nouvelle-Calédonie. Incontestablement, Roger Agnelli restera comme un grand capitaine d’industrie, faisant passer son groupe au premier rang mondial des producteurs de minerai de fer en dix ans et la deuxième compagnie minière au monde. C’est d’ailleurs sa politique d’expansion, qui s’est traduite par le rachat d’Inco en 2006, qui a permis au projet de Goro de se concrétiser. Sans le géant Brésilien, le projet lancé par les Canadiens serait probablement resté à l’état de projet.

C.V.