Retraites, plan sécurité : « Gare aux effets d’annonce anxiogènes ! »

En annonçant qu’il pourrait « calédoniser » les cotisations du régime des retraites complémentaires pour mieux les gérer, alors que ce système par répartition est géré à l’échelle de la Métropole par des organismes partenariaux incontestés, Philippe Germain a ouvert une boîte de Pandore… D’autant plus visible que quelques jours plus tard, il « ponctionnait » quatre milliards dans les caisses de l’OPT, pour sauver son budget. L’unanimité syndicale s’est faite contre ses propositions. Tout comme son plan de sécurité qui n’a convaincu aucun professionnel. Seul élu des Républicains calédoniens au gouvernement, Christopher Gyges affiche sa méfiance et l’explique…

Philippe Germain a lancé l’idée que les retraites complémentaires puissent être gérées par la Nouvelle-Calédonie, déclenchant une réaction forte de l’ensemble des partenaires sociaux contre cette proposition. En tant que membre du gouvernement en charge de la protection sociale, quelle est votre position ?

Le dossier des régimes de retraites complémentaires doit être traité avec beaucoup de prudence au regard des enjeux pour les retraités calédoniens actuels comme futurs et ne doit pas être traité par des effets d’annonce anxiogènes.

Comme les partenaires sociaux, je ne suis pas favorable au transfert à la Nouvelle-Calédonie de la gestion des retraites complémentaires. La solidarité nationale garantit le versement à terme de ces retraites et nous protège de toute tentative locale d’utilisation de ces fonds à d’autres fins que le paiement des pensions.

Par ailleurs, le coût de l’opération, évalué entre 240 et 350 milliards de francs, serait insupportable pour les finances calédoniennes. Et de plus, nous n’avons pas de structure locale pour en assurer la gestion.

Que craignez vous si ces fonds étaient gérés localement ?

À un moment où il devient fréquent de ponctionner les établissements publics ou de ne pas compenser certains régimes sociaux pour boucher des trous budgétaires, je pense qu’il est sain que cette manne reste loin de la classe politique calédonienne, dont je fais partie, et ne serve qu’au paiement des retraites des Calédoniens.

Autre sujet, vous n’avez pas voté le plan de lutte contre la délinquance proposé par le gouvernement. Pour quelles raisons ?

La question de l’insécurité touche l’ensemble des Calédoniens, peu importe leur ethnie ou leur milieu professionnel. Chacun a été ou connaît une personne victime d’un cambriolage, d’un acte de délinquance ou d’une agression. Ils étaient en droit d’attendre des mesures fortes pour endiguer le phénomène. En lieu et place, ils auront finalement un énième plan qui propose des actions de communication, un concours de courts métrages, des sites internet, des observatoires, la création de conseils qui existent déjà….

Très clairement ce n’est pas à la hauteur de la situation et on se moque des Calédoniens ! C’est pour cette raison que je n’ai pas voté ce plan de communication. Ce qu’il faut, ce n’est pas un catalogue de bonnes intentions, mais des mesures concrètes visant à garantir la sécurité de la population dans cette période importante.

 

Propos recueillis par L.N.